LES PLANTES SAUVAGES

Menthe odorante - Menthe suave - Menthe à feuilles rondes
Lieu et date de prise de vue : Charente - Commune de DIGNAC - septembre 2022
NOM LATIN : Mentha rotundifolia - Mentha suaveolens
FAMILLE : lamiaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 570 . — MENTHA L . — Menthe.

(Du grec Minthé, nom d'une nymphe que Proserpine métamorphosa en plante.)

Calice tubuleux ou en cloche, à 3 à 13 nervures, à 5 (rarement 4) dents égales ou un peu inégales; corolle en entonnoir, à tube inclus, à 4 lobes presque égaux, le supérieur souvent échancré; 4 étamines presque égales, écartées, droites, incluses ou saillantes; anthères à 2 loges parallèles ; carpelles ovoïdes, arrondis au sommet, lisses.
Fleurs rosées, lilacées ou blanches, petites, en épis ou capitules terminaux ou en verticilles axillaires; feuilles planes, dentées ou crénelées, rarement entières; plantes vivaces, très odorantes, à souche stolonifère, vivant dans les lieux humides.
Environ 25 espèces habitant les régions tempérées et subtropicales des deux mondes.
La plupart, quand elles vivent en société ou au voisinage l'une de l'autre, s'hybrident abondamment et produisent un chaos inextricable de formes intermédiaires que les partisans de l'école multiplicatrice ont eu le tort d'élever au rang d'espèces légitimes.
Stomachiques et cordiales, plusieurs sont fréquemment cultivées : on s'en sert pour aromatiser des liqueurs et des bonbons et comme vermifuges.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2839 . — Mentha rotundifolia L .

- Plante vivace de 30 à 80 cm., à odeur forte et peu agréable, à poils crépus, ondulés, la plupart rameux ; stolons épigés, feuilles ; tiges dressées, tomenteuses ; feuilles sessiles, ovales-suborbiculaires ou elliptiques, obtuses ou subaiguës, épaisses, ridées-bosselées, crénelées ou
dentées, blanchâtres-tomenteuses en dessous ; fleurs blanches ou rosées, en épis terminaux, cylindracés-coniques, aigus ; bradées lancéolées-acuminèes, ciliées ; calice velu, court, en cloche, à gorge nue et non contractée, à 5 dents brièvement triangulaires-lancéolées ; corolle glabre en dedans ; carpelles ovoïdes, lisses.
Varie (en Corse) à feuilles minces et aiguës, épis grêles et interrompus (M. INSULARIS Req.).


Lieux humides, toute la France et en Corse. — Europe centr. et mérid. ; Afrique septentr.

= Juillet à septembre.
  • Traité des Pantes fourragères, ou Flore des prairies ... - H. LECOQ - 1844

  • Genre Menthe, Mentha, L.

    Corolle un peu plus longue que le calice, à quatre lobes presque égaux, le supérieur plus large, souvent èchancré ; étamines distantes.

    Obs. On rencontre les Menthes dans toutes les contrées, quoiqu'elles préfèrent cependant celles qui sont tempérées. Elles recherchent un sol très-humide, et croissent fréquemment dans l'eau ; les deux espèces suivantes sont assez communes dans les prairies.

    MENTHE AQUATIQUE, Mentha aquatica, L. ( Baume d'eau, Baume de rivière, Bonhomme de rivière. Menthe à grenouilles, Menthe rouge , Riolet).
    - Feuilles ovales, pétiolées, glabres ou velues, selon les variétés, dentées en scie; fleurs rougeàtres, en verticilles très-rapprochés ; étamines saillantes; pédicelles très-velus. — Vivace.

    Obs. Cette plante recherche les lieux aquatiques, les fossés des prairies ; son odeur est très-forte. Près d'elle, viennent se grouper des espèces qui s'en rapprochent beaucoup, telles que les Mentha hirsuta, L. ; crispa, L.; rotundifolia, viridis, sylvestris, L.

    MENTHE POULLOT, Mentha pulegium, L. ( Alvalon, Dictame de Virginie, Fénérotet, Fretillet, Herbe aux puces, Herbe de saint Laurent, Peliot, Pouillot royal ).
    - Feuilles petites, ovales, à peine pétiolées, entières ou un peu crénelées, presque glabres, obtuses; fleurs purpurines, nombreuses, en longs épis verticilles. — Vivace.

    0bs. On trouve cette Menthe dans les prés moins humides que ceux où l'on rencontre les précédentes, le long des chemins et des fossés. Elle y forme de petites touffes très-élégantes. Les M. gentilis et arvensis, L., se rapprochent plus de celle-ci que des autres.

    Toutes les Menthes sont de mauvaises plantes fourragères, quelquefois beaucoup trop communes dans les prés. Les bestiaux ne les recherchent pas, mais ils mangent cependant toutes les espèces, en très-petite quantité, et presque toujours mélangées à d'autres plantes. A l'état sec, les Menthes leur répugnent moins, les chevaux surtout les broutent assez volontiers, quand elles sont mêlées à d'autres herbes non aromatiques. Les vaches les mangent aussi, mais on assure que celles qui en consomment une certaine quantité, surtout à l'état frais, et peu importe l'espèce, donnent du lait qui se caille avec beaucoup de difficulté. Ce fait aurait, je pense, besoin de confirmation.
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 4 - J. L. M. POIRET - 1827

  • MENTHE. Le bord des ruisseaux, les plaines, les prés humides ont aussi comme les roches arides, leurs plantes aromatiques; c'est le séjour d'un grand nombre de menthes (mentha, Linn.); mais leurs parfums ne sont pas tout-à-fait les mêmes que ceux des montagnes; ils n'ont point la même délicatesse, quoique agréables et pénétrants; ils sont, en quelque sorte, plus rustiques; leur odeur finit par fatiguer, devient insupportable, et semble se ressentir des marécages où elle se répand;, tel le est celle de plusieurs espèces de menthes, genre très-nombreux, caractérisé par un calice tubulé, à cinq dents; une corolle à quatre lobes presque égaux; le supérieur plus large, souvent un peu échancré; quatre étamines écartées; un style; deux stigmates divergents. Les caractères spécifiques appuyés sur les étamines plus longues ou plus courtes que la corolle, sont trop variables pour être employés ceux tirés de la disposition des fleurs en épis terminaux, en verticilles axillaires, valent mieux.

    Quelques auteurs ont attribué au mot mentha une étymologie trop sale pour être admise; tenons-nous en plutôt à celle d'Oppieri, plus conforme à la belle imagination des Grecs plus convenable à des plantes recherchées à cause de leur bonne odeur.
    On trouve, en effet, dans les fables de la mythologie, que Pluton, épris des charmes de la jeune Mintlie, fille du Cocyte, parvint à la séduire. Surpris avec elle par Proserpine, celle-ci la convertit en une fleur du même nom; métamorphose mentionnée rapidement dans ces vers d'Ovide.

    An tibi quondam
    Femineos artus in olentes vertere menthas
    Persephone licuit.
    (Metani.,X.)
    Dioscoride a employé le nom d'eduosmos (qui a bonne odeur), au lieu de celui de mentlia adopté par Théophraste. Le peuple donne à la menthe le nom de baume.
    Les menthes sont répandues partout; quelques-unes s'avancent jusque dans le Nord; mais elles sont plus généralement renfermées dans les contrées tempérées, et semblent éviter celles qui sont trop brûlantes: elles ne croissent guère que dans les sols humides, ce qui ne les empêche pas de jouir, même à un assez haut degré, des propriétés communes aux labiées. On trouvera dans Pline et Dioscoride une très-longue énumération des vertus que les anciens attribuaient à la menthe, et les superstitions qui les rendaient efficaces. Je fais grace aux lecteurs de ces détails, dont la répétition, presque à chaque plante, serait autant fastidieuse qu'inutile.
    Dans les repas champêtres, au lieu de ce luxe de l'opulence et des parfums de l'Arabie, la menthe ornait les tables villageoises les convives en portaient des couronnes. Chez nous dans les processions religieuses, on la répand le long des routes, on en couvre les marches de l'autel.
    Très-peu d'insectes attaquent la menthe. On cite cependant pour la menthe aquatique le cassida equestris, Linn.; viridis, Fabr. le chrjsomela menthœ Linn., etc.
    Les bestiaux ne touchent à quelques espèces de menthe qu'autant qu'ils sont pressés par la faim on a prétendu que leur usage rendait plus difficile la coagulation du lait des vaches.

    La menthe sauvage (mentha sylvestris, Linn.), au milieu de plusieurs variétés, données pour espèces, telles que la mentha nemorosa et gralissima, Willd., se reconnaît à ses fleurs disposées en longs épis, non interrompus, à ses feuilles ovales, lancéolées, dentées en scie blanches et cotonneuses en dessous. Les bractées sont en forme d'alêne, plus longues que les calices; les fleurs purpurines, ve- lues en dehors. Cette plante fleurit vers la fin de l'été. Elle croît aux lieux incultes, un peu humides, dans les décombres, sur le bord des chemins.

    La menthe VERTE(mentha viridis,Linn.)est d'une odeur très-pénétrante elle est glabre sur toutes ses parties; ses feuilles sessiles, vertes, lancéolées, un peu étroites, dentées, aiguës; les fleurs petites et rougeâtres, formant des épis grêles, aigus, composés de verticilles rapprochés. Cette plante fleurit dans l'été, aux lieux stériles, un peu humides, dans toutes les contrées tempérées de l'Europe. Le mentha rubra, de Smith, ne serait- il pas une variété de cette espèce ?
    Cette espèce a été longtemps recherchée et cultivée, à cause de son odeur forte, balsamique, très-agreable

    On lui préfère aujourd'hui la MENTHE POIVREE (Mentha piperita, Linn.), d'une odeur encore plus forte, plus agréable, d'uue saveur plus piquante, plus chaude, suivie d'une sensation de froid qui plaît beaucoup. Elle a le port de l'espèce précédente; mais ses feuilles sont pétiolées, un peu plus larges; les épis plus obtus; le calice strié et glanduleux; les fleurs purpurines les étamines plus courtes que la corolle. On la dit originaire d'Angleterre. Elle réussit très-bien dans nos jardins.
    Cette menthe passe pour avoir beaucoup plus d'énergie que toutes les autres espèces. Elle jouit à un plus haut degré des propriétés toniques, échauffantes stomachiques antispasmodiques elle a surtout une forte action sur le système nerveux, dans la débilité de l'estomac, les palpitations du coeur, l'hypocondrie, etc.
    On la prend ordinairement en infusion théiforme. Les parfumeurs l'emploient souvent pour aromatiser des huiles, des pommades, etc. Les confiseurs la font entrer dans la composition des diverses liqueurs ils en préparent ces pastilles si bien connues par la sensation agréable de froid piquant qu'eHes laissent dans la bouche, et qui succède une sensation de chaleur stimulante

    . La MENTHE A FEUILLES RONDES (mentha rotundifolia, Linn.), vulgairement baume sauvage, est très-commune dans les lieux humides, le long des ruisseaux: elle est très-velue: ses feuilles sont arrondies, obtuses, crénelées, blanchâtres, sessiles; les inférieures un peu pétiolées les fleurs blanches ou rougeâtres, disposées en épis touffus les étamines plus longues que la corolle. Cette plante croît jusque dans la Barbarie. Les Maures en mêlent souvent les semences au pain, pour lui donner une saveur aromatique.

    La MENTHE CRÉPUE (mentha crispa, Linn.) n'est peut-être qu'une variété de la précédente, distinguée par ses feuilles plus grandes, comme crispées, un peu aiguës, dentées et non crénelées. Les étamines sont renfermées dans la corolle. Ces deux espèces croissent aux mêmes lieux; elles fleurissent dans t'été, sont employées aux mêmes usages, et souvent substituées à la menthe poivrée.

    Dans la MENTHE AQUATIQUE (mentha aquatica, Linn.), les fleurs sont réunies par verticilles en grosses têtes terminales; d'autres sont axillaires. Les feuilles sont ovales, pétiolées, glabres ou velues (mentha hirsuta, Linn.), dentées en scie; la corolle d'un pourpre clair. Cette plante est commune dans les marais, sur le bord des eaux, quelquefois même dans les lieux secs elle croît jusque dans la Barbarie. Son odeur est tres-pënetrante; son emploi le même que celui des autres espèces.

    La MENTHE CULTIVEE (mentha saliva, Linn.) et la MENTHE GENTILLE (mentha gentilis, Linn.) sont deux espèces tres-rapprochees ayant l'une et l'autre leurs fleurs disposées en verticilles axillaires; les feuilles ovales, petiolées, dentées en scie, aiguës ou un peu obtuses, glabres ou légèrement pubescentes et blanchâtres en dessous; les fleurs purpurines; les étamines plus ou moins saillantes telles sont les légères différences qui séparent deux plantes que je regarde comme variétés. Elles croissent aux lieux humides, particulièrement dans les contrées méridionales de l'Europe. On les cultive dans les jardins, comme employées, ainsi que les précédentes, tant en médecine que dans les parfumeries elles servent quelquefois à donner plus de saveur aux saladès et aux ragoûts.

    La MENTHE DES CHAMPS (mentha arvensis, Linn.) est une espèce des plus communes, qu'on trouve dans les lieux un peu humides, dans les champs après la moisson elle est ordinairement velue sur toutes ses parties. Ses tiges sont renversées ou couchées; ses feuilles un peu pétiolées, ovales, d'un vert cendré,un peu crénelées ou dentées. Les fleurs sont rougeâtres ou violettes, fort petites, réunies en verticilles axillaires. Son odeur est peu agréable.

    La MENTHE POULIOT (mentha pulegium,Linn.) est une des espèces qui a eu le plus de réputation c'est aujourd'hui la moins employée: elle offre les propriétés énergiques des autres espèces par son odeur vive, pénétrante, par une saveur chaude, aromatique, et comme camphrée. Rapprochée de la précédente, elle s'en distingue par ses calices fermés de poils pendant la maturation, par ses feuilles beaucoup plus petites, ovales, à peine pétiolées, entières, ou un peu crénelées, presque glabres, obtuses; les fleurs purpurines, très-nombreuses à chaque verticille. Cette plante est abondante dans les marais et les terrains humides, vers le milieu de l'été. On lui a donné le nom de pulegium (pulex, puce), parce qu'on prétend qu'elle a la propriété, par son odeur, de chasser cet insecte.

    Des feuilles sessiles, entières, linéaires, très étroites, parsemées d'un grand nombre de points transparents, distinguent la MENTHE DES CERFS (mentha cervina, Linn.), plante d'un port élégant et léger. Ses fleurs sont blanchâtres ou purpurines, réunies en verticilles axillaires, globuleux et touffus. Elle croît aux lieux aquatiques, dans les contrées méridionales. Son odeur est très-forte et pénétrante.