LES PLANTES SAUVAGES

Verveine officinale - Verveine sauvage
NOM LATIN : Verbena officinalis
FAMILLE : Verbenaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 601. - VERBENA L . - Verveine.

(Du latin Veneris, de Vénus, herba, herbe : allusion à de prétendues propriétés.)

Environ 80 espèces habitant surtout l'Amérique.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2990. - Verbena officinalis L .
- Plante vivace de 40 - 80 cm., verte, un peu poilue-scabridule ; tiges dressées ou ascendantes, quadrangulaires, canaliculées alternativement sur 2 faces opposées, rameuses ; feuilles inférieures pétiolées, ovales ou oblongues en coin, incisées-dentées ou pennalifides ; fleurs bleuâtres
ou lilacées, petites, sessiles, en longs épis filiformes
lâches disposés en panicule terminale; bractées acu-
minées, plus courtes que le calice; celui-ci pubescent,
sublétragone, à 5 dénis courtes inégales ; corolle en en-
tonnoir, à tube saillant, à limbe presque plan et à
5 lobes peu inégaux; élamines incluses; fruit inclus,
oblong, se séparant en 4 carpelles.
Bords des chemins, lieux incultes, dans toute la Franco
et la Corse. — Europe; Asie; Afrique; Amérique. =
Juin-octobre. — Très usité dans les campagnes comme
vulnéraire et résolutive.
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
  • La BOTANIQUE à la campagne - ED GRIMARD - 1889

  • VERBÉNACÉES.
    (Nom tiré du genre Verbena, Verveine.)
    verveine, Verbena. Du celtique ferfaèn.
    - Calyce court à 5 lobes; corolle à 5 lobes formant comme 2 lèvres et à tube infléchi; 4 étamines dont 2 cachées. VERVEINE OFFICINALÉ (V. officinalis).
    Vulg. Herbe sacrée.

    - Tige de 5 à 8 décimètres, dressée, rameuse, à 4 angles et à 2 faces rayées alternant d'un nœud à l'autre ; feuilles pétiolées, opposées, oblongues, trilobées, dentées ou subdivisées ; épis grêles, très-allongés et nombreux ; fleurs petites d'un bleu lilas clair. Juin-oct. Lieux incultes, chemins.
    La Verveine officinale est fort commune en France. De tous temps cette plante a joui d'une réputation extraordinaire. Les Grecs l'appelaient Herbe sacrée ; les Romains s'en servaient dans leurs cérémonies; c'était par elle que l'on purifiait les autels des sacrifices, puis l'on en tressait des couronnes pour les statues de Vénus. A la guerre, les hérauts envoyés à l'ennemi portaient de la Verveine en signe de paix. Cette plante ayant également la réputation d'éloigner tous les fléaux, les personnes superstitieuses en suspendaient dans leurs demeures pour lutter contre les sortiléges.
    Les Druides avaient pour cette plante une aussi grande vénération que pour le Gui. Ils ne la cueillaient qu'après avoir fait un sacrifice à la terre, au lever du soleil. Plus tard, les bardes et les prophétesses se couronnèrent de Verveine pour exciter leurs inspirations.
    - notre mot français verve, dit M. Pouchet, n'a peut être pas d'autre origine.
    - Les cabalistes, au moyen âge, se servirent aussi de la Verveine, ils la faisaient entrer dans les philtres composés pour rallumer l'amour.
    Maintenant encore, dans certaines contrées, les paysans en portent un bouquet le jour de leur mariage, pour s'assurer la fidélité de leur fiancée.
    La Verveine, ainsi consacrée par la religion et la superstition, ne manqua pas d'être considérée comme douée de toutes les vertus médicales.
    Aujourd'hui elle est complétement abandonnée. Toutefois certaines espèces exotiques sont employées par les médecins américains et paraissent posséder quelque énergie.

  • La BOTANIQUE à la campagne - ED GRIMARD - 1889

  • VERVEINE.

    genre nombreux en espèces, mais très-peu d'Europe. La plus commune est la VERVEINE OFFICINALE (verbena officinalis, Linn.).
    Un feuillage d'un vert sombre, des tiges dures, quadrangulaires, un peu rudes sur leurs angles, quelques rameaux étalés, presque nus, de petites fleurs purpurines, disposées en longs épis grêles, ne forment point de cette espèce une plante bien élégante. Les feuilles sont opposées, ovales, oblongues, irrégulièrement découpées, surtout vers leur base. Le calice est pubescent, à cinq dents, dont une tronquée; la corolle à cinq lobes arrondis, irréguliers; quatre étamines didynamos, non saillantes; quatre semences au fond du calice, entourées, surtout avant la maturité, d'un tissu un peu charnu.
    Cette plante fleurit dans l'été. On la trouve partout le long des haies, dans les champs, sur le bord des chemins, dans les terrains incultes, depuis les contrées tempérées jusque dans les plus méridionales; elle gagne même le Nord, mais elle y est plus rare.
    II faudrait une longue dissertation, peut-être plus curieuse qu'utile, pour débrouiller tout ce qui a été attribué à la verveine, tant par les anciens que par les modernes.
    La première question serait de savoir à quelle plante les anciens appliquaient le nom de verveine, et si la nôtre s'y rapporte.
    La seconde, ce qu'il peut y avoir de chimérique ou de réel dans les propriétés médicinales, sacrées, magiques, cabalistiques, etc. qui lui ont été attribuées.
    11 paraît que les Romains donnaient le nom de verbena, d'herbe sacrée, composé, selon quelques-uns, de deux mots latins, Venerïs vena (veine de Vénus), source de l'amour, non à une plante particulière, mais à l'ensemble de celles qu'on employait dans les cérémonies sacrées, les opérations magiques, etc.
    Nous voyons en effet le mot verbena employé au pluriel et dans ce sens, par les poètes latins. Horace, annonçant la fête qu'il préparait pour célébrer le jour de la naissance de Mécène, dit que l'autel, environné de verveines, n'attend plus que l'agneau qu'on doit immoler.

    Ara castis
    vincta verbenis avet immolato
    Spargier agno.
    Lib.IV, od. 2».

    Ailleurs, pour obtenir de Vénus qu'elle favorise son amour pour Glycère, il ordonne qu'on lui apporte des verveines pour l'apprêt d'un sacrifice qu'il veut faire à cette déesse.

    Hic vivum mihi cespitem, kic
    Verbenas pueri, ponite, thuraque
    Bimi cum paterâ meri.
    Lib. I, od. 22.

    Il est également question de verveines dans l'églogue où Virgile rapporte les enchantements magiques d'une bergère qui veut faire revenir à elle Daphnis, son amant.

    Effer aquam et molli cinge altaria vittâ
    Verbenasque adole pingues, et mascula thura,
    Conjugis ut magicis sanos avertere sacris
    Experiar sansus etc.
    Eglog. 8.

    En appliquant le nom de verbena à une plante particulière, les modernes ont imaginé que c'était cette même plante que les magiciens faisaient en- trer dans leurs enchantements puis dans les mystères ténébreux de la cabale, dans les prétcnT dus sortiléges du moyen âge: on lui attribuait surtout la vertu de rallumer les feux d'un amour prêt à s'éteindre, celle de resserrer les nœuds de l'amitié, et de réconcilier des coeurs aliénés par la haine; d'une autre part on s'en servait pour purifier les autels de Jupiter, pour les orner pendant les sacrifices: on se présentait, dans les temples des dieux, couronné de verveines, ou tenant ses rameaux à la main, surtout lorsqu'il s'agissait d'apaiser la divinité on aspergeait avec des verveines l'eau lustrale, pour chasser des maisons les esprits malins.
    Les Druides, chez les Gaulois, avaient, pour la verveine, presque la même vénération que pour le gui ils lui accordaient de très-grandes vertus; elle guérissait toute sorte de maladies, détruisait les maléfices.
    Dans les repas, répandue par aspersion sur les convives, elle leur inspirait une grande gaieté; aussi ne la recueillaient-ils qu'avec de grandes cérémonies, en y mêlant beaucoup de superstitions on ne devait l'arracher qu'à la pointe du jour, au moment où la canicule se levait; il fallait auparavant offrir à la terre un sacrifice d'expiation, où les fruits et le miel étaient employés, d'où vient que les Grecs donnaient à la verveine le nom d'iera botane (herbe sacrée).
    On en formait des couronnes pour les hérauts d'armes, chargés d'annoncer la paix ou la guerre.
    Quoiqu'il y ait, dans la description de Fiera botane de Dioscoride, bien des traits qui se rapportent à notre verveine, il est cependant douteux que ce soit la même plante; du moins faut-il avouer qu'elle ne peut nous offrir aucune des propriétés attribuées à la plante de Dioscoride.
    Comment les reconnaître en effet dans une plante presque inodore, d'une saveur un peu amère, faiblement astringente?
    Comment, sans autre examen, les modernes, asservis aux idées les plus hasardées, ont-ils pu accorder à notre verveine cette foule de propriétés médicinales, accréditées par l'ignorance, la crédulité et l'imposture?
    Revenus à des idées plus raisonnables, les médecins ont enfin renoncé à l'emploi d'une plante si longtemps préconisée par la charlatanerie.
  • Nouvelle botanique médicale - Tome 4 - M. A. A. MARESCHAL - 1883

  • VERVEINE.

    , VERBENA OFFICINALIS.
    Famille des Verbenacées.
    Etym. du latin VENERIS VElU (veine de Vénus) ; parce que cette plante entrait dans la composition des philtres amoureux. Syn.vulg.:: Herbe aux sorciers, Ilerbe sacrée,Verveine commune.

    Plante vivace. Tige de 50 à 80 centimètres. Solitaires ou peu nombreuses, rameuses ; à rameaux dressés, effilés, raides, glabres, à angles scabres.
    Feuilles opposées, oblongues ou ovales, hérissées de quelques poils, profondément incisées, à lobes crénelés ou dentés. Fleurs d'un violet pâle , petites, solitaires à l'aisselle de bractées plus courtes que le calice, disposées en épis lâches, grêles et très-longs. Calice à 5 dents, corolle tubuleuse à 5 lobes, 4 étamines. Ovaire 4-loculaires, styles soudés en un style terminal indivis.
    La VERVEINE est commune sur le bord des chemins, fossés, et lieux incultes où elle fleurit de juin à octobre.
    Il convient de la cueillir avant sa floraison, et choisir les tiges bien garnies de feuilles. La VERVEINE jouissait auprès des anciens d'une très grande renommée, à cause des propriétés merveilleuses dont ils la croyaient douée.
    Les magiciens la faisaient entrer dans leurs enchantements, puis dans les mystères de la cabale et dans les prétendus sortiléges dont le moyen-âge s'engoua si fort.
    On lui attribuait surtout la vertu de rallumer les feux d'un amour prêt à s'éteindre. Celle aussi de réconcilier les ennemis. Le nom d'herbe sacrée lui vient de ce que les prêtres s'en servaient pour purifier les autels de Jupiter, et pour les orner pendant les sacrifices. On se présentait dans les temples, couronné de VERVEINE, en tenant ses rameaux à la main, surtout lorsqu'il s'agissait d'apaiser les divinités. On aspergeait d'eau lustrale les maisons hantées par les esprits malins, et c'était avec de la VERVEINE que ce faisaient les aspersions.
    Chez les Gaulois, les Druides avaient pour la VERVEINE presque une aussi grande vénération que pour le Gui ; ils lui accordaient des vertus sans nombre. Elle guérissait toutes les maladies, détruisait les maléfices ; dans les repas, elle excitait les convives qui en étaient aspergés à la plus grande gaieté. La récolte de la VERVEINE était accompagnée de nombreuses cérémonies tenant toutes à la superstition ; on ne devait l'arraches qu'à la pointe du jour, au moment où se levait la canicule, encore fallait-il faire précéder ce travail d'un sacrifice d'expiation à la terre, sacrifice dont les fruits et le miel faisaient presque tous les frais. Si l'on en croit quelques auteurs modernes, il ne resterait à la VERVEINE aucune des propriétés que lui attribuaient l'antiquité et le moyen-âge.
    Cependant cette plante est légèrement amère, tonique, astringente, un peu rubéfiante à l'extérieur.
    Dans les campagnes elle est très-souvent employée en cataplasmes sur les points de côté, les douleurs rhumatismales, et maux de tête.
    Le cataplasme se prépare en faisant cuire les feuilles écrasées dans du vinaigre.
    Galien prétendait la VERVEINE très-dessicative et de nature à souder les plaies.
    D'après Chomel, la décoction de VERVEINE provoquerait le lait des nourrices.
    Cette plante, dit le même auteur, serait propre aux maux d'yeux, aux douleurs de la tête et des dents ; aux ulcères de la bouche et principalement aux infections du cuir chevelu telles que la teigne, le feu volant, etc.,
    en se servant de bains, lotions ou fomentations où elle entrerait avec de la fumeterre dans de l'eau vinaigrée.
    L'eau distillée de la VERVEINE est encore usitée aujourd'hui pour fortifier la vue.
    Enfin quoiqu'il en soit de ses propriétés, l'usage en est très-répandu parmi le peuple qui a de grandes raisons pour avoir confiance dans son efficacité.