LES PLANTES SAUVAGES

Véronique officinale - Thé d'Europe - Véronique mâle
NOM LATIN : Veronica officinalis
FAMILLE : Scrophulariaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 557. ------- VERONICA L. ----- Véronique.
(Dédié à sainte Véronique.)

Calice profondément divisé en 4 (rarement 5) lobes. souvent inégaux; corolle en roue irrégulière, à tube très court, à limbe plan et à 4 lobes inégaux, le supérieur plus
grand, l’inférieur plus petit que les 2 latéraux; 2 étamines, saillantes, insérées à la base du lobe supérieur; anthères à 2 loges; style filiforme, stigmate en tête très petite;
capsule ovale ou en cœur renversé, comprimés par le côté ou renflée, à loges contenant chacune 2 ou plusieurs graines et à 2 valves.
Fleurs bleues, rarement rosées ou blanches, petites, solitaires ou en grappes spiciformes; feuilles simples, opposées ou les supérieures alternes; plantes herbacées, rarement un peu ligneuses, peu élevées.
Environ 200 espèces habitant surtout les régions tempérées et froides des deux mondes.
Toutes sont amères et astringentes ; quelques—unes sont cultivées dans les parterres.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2720. — V . officinalis L . Thé d'Europe.
- Plante vivace de 10-40 cm., velue-grisâtre, noircissant un peu; tiges dures, couchées-radicantes, à rameaux redressés; feuilles opposées, ovales ou obovales-arrondies, finement dentées en scie, mollement velues; fleurs d'un bleu pâle, petites, en grappes spiciformes
grêles assez serrées sur des pédoncules axillaires velus ; calice poilu, à i lobes peu inégaux, lancéolés ; corolle dépassant peu le calice; style égalant la hauteur de la capsule; celle-ci velue, triangulaire-obcordée, comprimée, peu échancrée, bien plus longue que le calice.

Bois et pâturages, dans presque toute la France et en Corse. — Europe; Asie occidentale; Amérique septentrionale.

- Mai-juillet.
- S'emploie en guise de thé
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
  • FLORE MEDICALE - Tome 3 - MM. CHAUMETON, POIRET, CHAMBERET - 1830

  • IL est peu de genres dont les espèces soient plus variées, plus répandues en Europe que celui des véroniques : elles croissent presque partout, mais sous des formes différentes; les unes habitent le bord des ruisseaux, les lieux humides, marécageux; d'autres font briller dans les champs, au milieu des prés, leur corolle d'un bleu céleste : les collines, les pelouses sèches, les revers gazonneux des montagnes en sont agréablement tapissés, ainsi que le bord des chemins que les haies couvrent de leur ombre; on en trouve jusque sur le sommet des Pyrénées et des Alpes.
    Les bois en renferment de très-belles espèces, telles que celle dont il est ici question. Toutes sont caractérisées par un calice à quatre lobes un peu inégaux ; deux étamines; un style; une capsule plus ou moins comprimée, ovale, ou en cœur renversé, à deux loges renfermant plusieurs semences arrondies. Les tiges de la véronique officinale sont très-souvent rampantes, quelquefois redressées, dures, cylindriques, velues, longues de six à dix pouces, simples ou divisées, dès leur base, en rameaux semblables aux tiges.
    Les feuilles sont opposées, médiocrement pétiolées, ovales, obtuses ou un peu aiguës, rétrécies à leur base, rudes, velues et comme chagrinées, dentées en scie à leurs bords, quelques-unes sont presque rondes et plus petites. - Les fleurs sont petites, d'un bleu pâle traversé par des veines rougeâtres, disposées ordinairement en deux grappes latérales, axillaires, qui quelquefois paraissent terminales; ces grappes sont pubescentes, droites, longues de trois à quatre pouces.
    Les quatre divisions du calice sont pileuses, obtuses; les lobes de la corolle obtus; les capsules, ovales, comprimées, échancrées en cœur à leur sommet, un peu pubescentes et ciliées.
    Quoique la véronique soit inodore, l'eau distillée qu'elle fournit est très-faiblement aromatique. Sa saveur est amère, un peu chaude et styptique: elle paraît contenir de l'extractif et du tanin. Toutefois, ce dernier principe y est en si petite quantité, que le sulfate de fer n'opère aucun changement dans son infusion aqueuse. L'eau et l'alcool se chargent également de ses principes actifs; mais son extrait spiritueux est beaucoup plus amer que celui qu'on en obtient au moyen de l'eau. Cette plante se rapproche beaucoup des substances amères par sa manière d'agir sur l'économie animale: elle élève un peu le ton des organes. Toutefois, son action tonique est si faible, si lente, et les effets secondaires auxquels elle donne lieu sont si obscurs, qu'elle a été également recommandée contre les maladies qui demandent des toniques, et contre celles qui ne réclament que des adoucissants. Elle a surtout été longtemps en usage, et se trouve encore quelque fois employée dans diverses maladies de la poitrine. La toux, la dyspnée, les rhumes, l'asthme, la phthisie pulmonaire, sont les affec­tions contre lesquelles elle a été spécialement préconisée. Hoffmann a surtout contribué à accréditer sa réputation par les succès qu'il prétend en avoir obtenus dans ces affections. Cependant ne doit-on pas craindre, avec le sage Murray,

    ne adstringens stirps screatum potius cohibeat, quam adfuvet, ni.si debil.itas pulmonum .1ubsit, cui subPenire potes quodammodo rohorans veronicœ vis Î Â.

    l'exemple de tous les végétaux légèrement astringens, la véronique a été préconisée contre les affections calculeuses. Il est possible, en effet , qu'elle puisse quelquefois exciter l'action des reins, et provoquer une abondante sécrétion d'urine, lorsque ces organes sont dans l'atonie, mais si, par celle plus grande quantité d'urine, elle peut prévenir la formation ou opérer la solution des petites concrétions urinaires rénales, son utilité contre les calculs de la vessie est entièrement illusoire : du reste, elle ne peut convenir dans aucun cas, lorsque les voies urinaires sont le siège d'une inflammation quelconque. Certains auteurs ont loué ses bons effets dans la gale, le prurit, et autres affections de la peau, contre lesquelles ses succès sont au moins douteux. L'efficacité. Qu’on lui attribue comme vulnéraire dans le traitement des plaies n'est pas moins illusoire. Quant à la guérison des ulcères cacoèthes, que Pauli lui attribue, si elle a eu lieu dans quelques cas par l'application locale de cette plante, ce dont il est très-permis de douter, il faut avouer que ces ulcères avaient besoin d'une bien faible excitation.
    Si l'on en croit certains auteurs allemands, tels que F. Hoffmann et J. Franck, qui ont élevé jusqu'aux nues les propriétés réelles ou supposées de la véronique, cette plante serait aussi précieuse que le thé, son infusion serait même préférable à celle des feuilles du thea viridis. On l'emploie en effet souvent, sous cette forme, à la dose de quatre ou huit grammes pour un kilogramme d'eau: Alors elle agit manifestement comme diurétique et sudorifique, selon le degré de température auquel on est exposé; mais cet effet est bien moins dû à son amertume légère, qu'à l'eau et à la chaleur, qui en sont l'excipient.