LES PLANTES SAUVAGES

Vergerette de Karwinski - Vergerette mucronée - Pâquerette des murailles
Lieu et date de prise de vue : Pyrénées atlantique - Mai 2024
NOM LATIN : Erigeron karvinskianus
FAMILLE : Asteraceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Non décrite...
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Non décrite...
  • Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 56ᵉ année, n°2, février 1987

  • Caractéristiques généraux d'Erigeron karvinskianus DC.

    Le binôme qui le désigne a varié au cours des temps.
    Après son introduction en France vers le milieu du 19e siècle comme plante horticole ornementale, une période d'hésitation s'en suivit. Cette composée fut victime de confusion avec des espèces voisines : Vittadinia australis Rich, et Erigeron tenuis Torr. et Gray ( Erigeron quercifolius Nutt. et non Lam.) et appelée par erreur Vittadinia triloba DC. C'était, et c'est encore, la Vittadinia des jardiniers.
    En 1856 Sonder décrivit cette plante, la présentant comme une espèce nouvelle qu'il appela Erigeron trilobum Sonder. On la désigna aussi sous le nom de Brachycome triloba Gaud. En fait il s'agissait d'Erigeron mucronatus DC., plante exotique, que le Dr Blanchet en 1891 appelait Vittadinia trilobata (sic) et l'abbé Coste en 1906 Vittadinia triloba Hort. ( Erigeron quercifolius Lam.).
    En 1912, J. Gérôme la désigne comme étant Erigeron mucronatus DC. (Vittadinia triloba Hort. non DC), et en 1914 Alban Voigt de Berlin la dénomme Erigeron karwinskianus DC. var. mucronatus (DC.) Aschers, dénomination qu'adopte par la suite R. Courcelle de Mayenne et qui est admise actuellement par les auteurs modernes avec cependant des orthographes quelque peu variables. Son nom d'espèce lui vient du voyageur-botaniste Karwinsky Von Karwin, mort à Munich en 1855, qui prospecta l'Amérique tropicale.
    Cette composée ne fait donc pas partie de notre flore autochtone : c'est une plante introduite. D'abord cultivée dans les jardins, elle s'est répandue et est devenue subspontanée. Actuellement on peut la considérer comme naturalisée. D'excellentes descriptions en ont été faites par P. Fournier, H. des Abbayes et P. Jovet.
    Elle se présente comme une tubuliflore grêle et rameuse, haute de 30 à 40 cm, dont les fleurs, quoique plus fines, ressemblent beaucoup à celles de la « pâquerette ». Ses feuilles tridentées et mucronées sont caractéristiques, ainsi d'ailleurs que son port et son habitat. Cette plante aime les climats doux et ensoleillés, mais ne craint pas d'être un peu abritée. On la trouve le plus souvent en plein midi, exposée aux ardeurs excessives du soleil ; parfois aussi au nord, dans des endroits frais, au bord des cours d'eau (R. Daunas), sous des arbres. Mais elle est frileuse et craint les climats continentaux.
    Comme Parietaria officinalis L., Linaria cymbalaria (L.) Miller ou Centranthus ruber (L.) DC. avec lesquels il voisine d'ailleurs souvent, Erigeron karvinskianus DC., hôte de l 'Asplénion petrarchae, croît sur les rochers et surtout sur les murs. Absent de la campagne agraire, on le trouve dans les villages et jusqu'au cœur des villes, volontiers sur les murs de clôture ou de soutènement, les quais, les ponts, les monument, les églises. C'est une plante anthropophile, rudérale, saxicole et calciphile, héliophile et, pour certains, anémophobe et halophobe (A. G. Parrot).
    Appelée parfois « pâquerette des murailles » (H. des Abbayes), elle fleurit pendant toute la belle saison, et H. Correvon, avec un enthousiasme peut-être un peu excessif, la décrit comme une « plante murale des plus précieuses, donnant, de mai jusqu'en hiver, des myriades de fleurs roses et blanches d'une superbe élégance ». Ceci explique sa culture ornementale, mais, habituellement, sa présence ça et là semble spontanée et indépendante de l'intervention humaine.
    Plante exotique, l'Erigeron karvinskianus DC. ne nous est pas parvenu d'Australie, comme l'avait énoncé Sonder en 1856, opinion reprise par A. Thellung en 1922 ; ni d'Italie, comme on avait pu le penser jusqu'à une note rectificative de C. Guinet. Mais il semble bien admis que son origine primitive était l'Amérique Centrale, et en particulier le Mexique, où il y était souvent cultivé à titre ornemental.
    En France, la présence d 'Erigeron karvinskianus DC. ne semble pas y avoir été constatée avant le milieu du dix neuvième siècle. Son introduction a pu être directe et accidentelle dans les ports atlantiques ou méditerranéens : Biarritz, Bayonne, Bordeaux, Nantes, Saint-Nazaire, Brest, Marseille, Toulon, Nice... ; elle s'est peut-être produite par extension progressive à partir des aires végétatives italienne et ibérique ; mais bien plus probablement, comme le pensaient J. Gérôme, puis C. Guinet, « ... la naturalisation de l'Erigeron mucronatus DC. est la conséquence de son introduction comme plante horticole ».
    Cette plante aurait donc été volontairement introduite et cultivée dans les jardins du Pays basque, de la Bretagne et de la Côte d'Azur, avant de se propager dans toute la zone favorable à sa végétation, de s'y manifester ensuite de façon subspontanée, enfin de s'y naturaliser.