LES PLANTES SAUVAGES

Saxifrage granulée - Saxifrage à bulbilles
Lieu et date de prise de vue : Pyrénées-Atlantiques - Mai 2022
NOM LATIN : Saxifraga granulata
FAMILLE : Saxifragaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 252. - SAXIFRAGAL. — Saxifrage.

(Du latin saxa, rochers, frangere, briser : plantes croissant dans les fentes des rochers.)

Calice libre ou soudé à la base avec l'ovaire, à 5 sépales ; 5 pétales, entiers ou échancrés; 10 étamines; 2 styles, rarement 3, d'abord connivents, puis étalés ou réfléchis, épaissis à la hase ; capsule à 2 loges, terminée par 2 cornes ou 2 becs, s'ouvrant au sommet entre les 2 becs.

Fleurs en panicules, en grappes ou en corymbes, rarement solitaires; feuilles alternes, plus rarement opposées ou toutes radicales, entières, dentées, lobées ou palmalipartites; plantes le plus souvent vivaces et gazonnantes, rarement annuelles ou bisannuelles.

Environ 200 espèces habitant les régions tempérées et froides de l'hémisphère boréal et de l'Amérique méridionale.
Plusieurs, par l'élégance de leurs fleurs ou de leur feuillage, font l'ornement de nos jardins.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
1415. - S. granulata L.

Plante bisannuelle de 20 à 5O cm., pubescente-visqueuse, à racine produisant des bulbilles nombreux, non squameux; tige robuste, dressée, ordinairement simple, portant 2-8 feuilles pair matilobées à 3-8 lobes; feuilles radicales en rosette, arrondies en rein, incisées-crénelées, longuement pétiolées
; fleurs blanches, grandes (12-15 mm. de long), en cloche, odorantes, en corymbe très lâche; pédicelles fructifères égalant environ le calice; sépales ovales; pétales obovales en coin, 3 fois plus longs que les sépales; capsule saillante.

Varie à feuilles glaucescentes, presque toutes radicales (S. GLAUCESCENS Reut.).

Prés, bois, pâturages, clans presque toute la France. —
Europe; Asie occidentale, jusqu'à l'Himalaya; Algérie.

= Avril à juin.
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
  • Iconographie de la flore française - H. BAILLON - 1890

  • SAXIFRAGA GRANULATA L.,

    Spec., 576.
    S. cernua LAP. - S. penduliflora BAST.

    Saxifragacées — Saxifragées.
    Noms vulg. - Saxifrage grenue, S. blanche, Casse-pierre, Rompt-pierre, Perce-pierre, Herbe à la gravelle.

    Fleurs moyennes (2 cent.), à réceptacle creux, logeant dans sa concavité la moitié environ de l'ovaire. Sépales 5, sublancéolés. Pélales 5, obovales, atténués à la base, blancs, avec 3-5 nervures vertes. Étamines 10, périgynes. Ovaire surmonté de deux branches stylaires; placentas 2, multiovulés. Fruit capsulaire à sommet dépassant le réceptacle. Graines elliptiques, tuberculeuses, albuminées, brunes.
    Herbe vivace (haute de 20-50 cent.), à rhizome portant des bulbilles rouges, formés d'un axe grêle et d'écailles épaisses, charnues. Feuilles inférieures rapprochées en rosette, longuement pétiolées, réniformes, crénelées, portant, comme presque toute la plante, des poils visqueux. Feuilles supérieures palmatilobées, subsessiles, et immédiatementsous les fleurs, 3-lobées ou entières,linéaires. Fleurs disposées en cymc terminale corymbiforme, penchée dans la var. penduliflora.
    Fl. en mai-juin.

    Propr. - A passé pour lithontriptique, diurétique, apéritif; peu usité. Hab. - Le centre de la France, l'Auvergne, le Midi, le Maine, l'Anjou, la Bretagne, le Bordelais, la chaîne des Pyrénées et celle des Alpes. FI. paris. — Commun dans les bois découverts, sablonneux, les prés, etc

  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 6 - J. L. M. POIRET - 1829


  • Si les SAXIFRAGÉES n'offrent rien d'utile à l'homme dans les usages domestiques, elles ne forment pas moins une famille très-distinguée, surtout par le genre dont elles portent le nom, et qui seul en compose la plus grande partie. La nature leur a donné principalement les Alpes pour habitation ; elles contribuent à l'embellissement de ces pelouses verdoyantes que la neige recouvre une partie de l'année. Comme elles sont mélangées avec ces jolies petites gentianes avec lesquelles elles ont beaucoup de rapports par leur petitesse, par les nuances de leurs couleurs, nous renvoyons le lecteur à ce que nous en avons dit en parlant des gentianes.
    Avant d'entrer dans de plus grands détails, arrêtons-nous un instant sur le caractère de cette famille. Le calice est divisé en quatre ou cinq parties; les pétales en nombre égal, adhérents à l'orifice du calice, alternent avec ses divisions; les étamines sont en nombre égal à celui des pétales, ou double; l'ovaire simple, supérieur, ou faisant corps avec le calice, surmonté de deux styles, terminés chacun par un stigmate. Le fruit est ordinairement une capsule à deux pointes, s'ouvrant au sommet en deux valves, ou quelquefois par un pore placé entre les deux pointes. Cette capsule est à une loge, ou bien à deux loges séparées par une cloison formée par les bords rentrants des valves. Les semences sont attachées au fond de la capsule ou à la cloison: elles ont un périsperme charnu, un embryon droit, la radicule inférieure.
    Le nom de saxifraga (brise-pierre) vient, comme on voit, des localités qu'occupent la plupart des saxifrages : on en a conclu qu'elles devaient être bonnes pour la pierre de la vessie.

    La nature, si généreuse en saxifrages pour les Pyrénées et les Alpes, en a été bien avare pour les habitants des plaines. Outre la précédente, nous ne possédons guère que la SAXIFRAGE GRANULÉE (saxifraga granulata, Linn.), grande et belle espèce qui habite les taillis des bois, que l'on trouve depuis le Nord jusque dans le Midi.
    De petits et nombreux tubercules garnissent ses racines. Ses feuilles sont réniformes, un peu velues, pétiolées, crénelées ou un peu lobées à leur contour. Ses tiges sont hautes d'un pied et plus, divisées vers leur sommet en quelques rameaux étalés, munies de feuilles rares, petites, sessiles, plus ou moins profondément incisées.
    Les fleurs forment une belle panicule terminale, un peu lâche; elles sont grandes, très-blanches, d'un aspect agréable; les pédoncules chargés de poils courts et glanduleux.
  • FLORE MEDICALE - Tome 6 - MM. CHAUMETON, POIRET, CHAMBERET - 1818

  • SAXIFRAGE.

    Quand on a visité les hautes montagnes des Pyrénées et des Alpes, avec quel plaisir on se rappelle ces tapis de verdure embellis par ces jolies et nombreuses espèces de saxifrages, qui succèdent aux neiges sur ces monts glacés : ce sont, en général, de petites plantes, dont les feuilles radicales sont reunies en gazons touffus, très-serrés, et qui se plaisent de préférence dans les froides régions des hauteurs : quelques-unes cependant croissent dans les plaines ; telle est celle dont il s'agit ici, qu'on rencontre assez communément dans les prés, secs et sur le bord des bois. Elle présente, en commun avec les autres espèces, pour caractère essentiel : un calice à cinq divisions , tantôt libre, plus souvent adhérent avec l'ovaire : cinq pétales insérés sur le calice; dix étamiues ; deux styles, une capsule de forme variable, à deux loges , terminée par deux becs recourbés, s'ouYrant plus ou moins au sommet en deux valves courtes.
    Ses racines sont composées de fibres roussàtres, très-déliées, garnies d'un grand nombre de petites bulbes arrondies, granuleuses , souvent réunies par paquets. Ses tiges sont cylindriques, velues, un peu rudes, médiocrement rameuses, peu feuiilées.
    Les feuilles inférieures ou radicales sont longuement pétiolées , reniformes, un peu velues, vertes à leurs deux laces , bordées de larges crénelures; les supérieures petites, presque sessiles, incisées, presque palmées.
    Les fleurs sont blanches, assez grandes, formant à l'extrémité des tiges une panicule lâche, étalée, chargée sur les pédoncules et les calices de poils glanduleux et visqueux.

    Cette planie est inodore. Son herbe offre une saveur légèrement acre et piquante, selon les uns, et comme acidulée selon d'autres. Sa racine, composée de petits grains ou tubercules farineux, qui ont déterminé sa dénomination spécifique, sont amères. Comme son usage est presque entièrement tombé en désuétude, personne ne s'est sérieusement occupé de son analyse chimique. Bergius a remarqué, toutefois, que sa décoction aqueuse noircit lorsqu'on y verse du sulfate de fer, ce qui est une preuve qu'elle contient un principe astringent.
    Les qualités légèrement styptiques de la saxifrage, auxquelles la présence de ce principe donne lieu, sont probablement la source des propriétés que les anciens lui ont gratuitement attribuées, de dissoudre les calculs urinaires, ou d'en favoriser l'expulsion, et de la réputation dont elle a longtemps joui comme lithontriptique. A l'exemple de beaucoup d'autres plantes un peu amères et légèrement astringentes, cette plante peut bien, dans quelques cas, exciter l'action des reins et provoquer la sécrétion de l'urine, surtout chez les vieillards, chez les sujets catarrheux, leucophlegmatiques, et d'une sensibilité obtuse. C'est au moins l'opinion que les pharmacologues se forment, en général, de l'action de ces sortes de substances. Mais si cette circonstance peut justifier, jusqu'à un certain point, la faculté diurétique qu'on a accordée à cette plante , elle ne suffit pas pour qu'on lui attribue la moindre efficacité contre les concrétions urinaires. C'est cependant à sa prétendue vertu lilhontriptique, que Pline rapporte l'origine du nom de la saxifrage {saxum frango), taudis qu'il était bien plus naturel, ainsi que le remarque M. Dècandolle, de le faire dériver de la manière dont elle végète dans les fentes des rochers.
    En rejetant comme purement illusoires les prétenducs vertus anticalculeuses de cette plante, si on lui accorde encore quelques propriétés diurétiques, il faut convenir qu'elle est, sous ce rapport, au dessous d'une foule de végétaux de ce genre, dans lesquels cette propriété est bien plus développée, et que même, pour cette raison, elle pourrait être bannie, sans inconvénient, de la matière médicale, déjà trop surchargée de substances inertes et superflues. On n'a rien de certain sur la dose à laquelle on peut administrer cette plante, ni rien de positif sur les formes sous lesquelles il serait le plus avantageux de la donner. Mais on pourrait probablement en faire prendre jusqu'à une once, en décoction, dans un kilogramme d'eau.