LES PLANTES SAUVAGES

Sauge commune - Sauge des prés
NOM LATIN : Salvia pratensis
FAMILLE : Lamiaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 581 . — SALVIA L . — Sauge.

(Du latin salvare, sauver : on lui attribuait la propriété de guérir une foule de maladies.)

Calice tubuleux ou en cloche, bilabié, nu à la gorge, à lèvre supérieure tridentée ou entière, l'inférieure bifide ; corolle bilabiée, à lèvre supérieure courbée en casque, comprimée, entière ou émarginée, l'inférieure à 3 lobes, le médian bien plus grand, entier ou échancré; 2 étamines, à filets courts surmontés d'un long pédicelle ou connectif à 2 branches inégales, la plus longue portant une loge de l'anthère, la plus courte portant une écaille ou terminée en alêne ; carpelles ovoïdes-trigones, lisses.
Fleurs bleues, violacées, jaunâtres ou blanches, ordinairement grandes, en verticilles formant de longues grappes terminales; feuilles caulinaires pétiolées, souvent grandes, crénelées, dentées ou pennatifides ; herbes ou sous-arbrisseaux plus ou moins odorants.

Environ 450 espèces habitant les régions tempérées et chaudes de tout le globe.
Aromatiques et stimulantes, on cultive surtout la sauge officinale comme la plus excitante et la plus tonique, et plusieurs espèces exotiques à nuances éclatantes pour l'ornement de nos parterres.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2890. — S. pratensis L.
— Plante vivace de 30 - 80 cm., velue, simple ou peu rameuse, odorante; feuilles la plupart radicales, largement ovales ou oblongues, rugueuses, doublement crénelées, pétiolées, vertes, les supérieures sessiles ; fleurs grandes, bleues, rarement roses ou blanches, en verticilles écartés formant des grappes allongées visqueuses; bractées herbacées, plus courtes que les calices; calice pubescent, à 13 nervures, à lèvre supérieure tridentée, les 2 dents latérales conniventes sur la médiane; corolle
de 13 - 23 mm., 3 fois aussi longue que le calice, à lèvre supérieure courbée en faux; style longuement saillant.

Prés et pelouses, dans toute la France et en Corse.
— Europe; Lazistan, Caucase.

= Mai - juillet.
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
    • Traité des plantes fourragères ou Flore des prairies naturelles et artificielles de la France - H. LECOQ - 1844
    • Sauge des près, Salvia pratensis, L.---Tige velue, haute de un à dix décimètres ; feuilles radicales grandes , nombreuses, pétiolées, ridées, en cœur allongé, les caulinaires amplexicaules; fleurs bleues, grandes; lèvre supérieure comprimée, glutineuse. - Vivace.
      Obs. Cette-plante est une des plus belles que l'on puisse rencontrer dans les prairies. Toute espèce de sol lui convient , mais elle préfère les prés un peu secs ou graveleux, les coteaux calcaires, sans être exclue des prairies grasses et humides.
      Dans ces dernières, elle lutte contre les Graminées et les Légumineuses et finit par s'élever avec elles en partie étiolée. Elle nuit peu alors; mais dans les sols qui lui conviennent mieux, et où les autres plantes ne peuvent l'étouffer, elle étale sur la terre ses larges rosettes de feuilles, et tue, à son tour, toutes les Graminées qui l'environnent. Elle devient souvent espèce dominante dans un pré, et détruit, par son envahissement, presque toutes les autres plantes. Les chevaux et les bêtes à cornes laissent la Sauge des prés et ses nombreuses variétés parfaitement intactes. Les chèvres et les moutons la mangent avec plaisir.
    • Article paru dans : La jeune mère ou L'éducation du premier âge : Rédacteur Dr Brochard - 1903
    • Nous relevons, dans le Journal des praticiens et le Monde Médical, l'étude des applications médicinales rurales de la sauge, d'après le Dr Liégeois.
      On utilise la sauge officinale, qui pousse naturellement sur les collines stériles du midi de la France, et la sauge des prés qui croit dans les prairies sèches, au bord des chemins, sur les coteaux arides : celle-ci est un peu moins active que la sauge officinale.
      Les feuilles et les fleurs de sauge ne perdent pas de leur valeur par la dessiccation.
      La feuille fraîche est un dentifrice commode; frotter les dents avec la feuille, mâcher ensuite une ou plusieurs feuilles, et affermir les gencives en les bassinant avec leur suc. La sauge a de bons effets dans les gingitives scorbutiques, dans la fétidité de la bouche.
      Les lavages de la bouche et les attouchements locaux avec l'infusion de sauge sont utiles dans les aphtes, d'après Trousseau et Pidoux, Liégeois conseille, comme collutoire, une décoction de 3 grammes de sommités fleuries de sauge et de 5 grammes de miel dans 30 grammes d'eau que l'on réduit environ d'un tiers.
      Liégeois recommande les gargarismes à la décoction de sommités de sauge dans les angines chroniqucs des scrofuleux, et met souvent à profit, dans les affections a frigore (laryngite catarrhale aiguë simple, bronchite aiguë, grippe, etc.), l'action sudorifique d'une infusion très chaude de feuilles ou de sommités fleuries (une pincée pour une tasse d'eau très chaude alcoolisée).
      L'infusion de sauge produit une excitation utile du système nerveux dans la grippe (J. Frank), dans la fièvre typhoïde adynamique (Trousseau et Pidoux), effet dù sans doute à l'huile essentielle qui stin1ule énergiquement le système nerveux sans le déprimer ensuite.
      Chez les hypocondriaques dyspeptiques, la sauge est fort bienfaisante. Cadéac et Meunier ont prouvé que l'huile essentielle de sauge acroît les contractions de l'intestin, qu'elle augmente l'activité du cerveau sans le déprimer ultérieurement, qu'après son ingestion l'homme est gai et reçoit du bien-être. En outre, puissamment carminative, elle est utiles aux hypocondriaques tympanisés. Prescrire: comme eupeptique, une demi-heure avant, - comme anti­vanteux, une heure et demie après les principaux repas, une infusion de sommités fleuries de sauge (une pincée par tasse d'infusion refroidie).
      L'infusion de sauge complète l'action du quinquina ou de la quinine dans la cachexie paludéenne.
      C'est encore un anibelmintique: l'infusé fort de sommités fleuries de sauge (5 grammes pour 250 grammes), la teinture à 10 pour 250 d'eau-de-vie de marc (une cuillerée à soupe), ingérés par les adultes chaque matin à jeun durant trois jours, étourdissent les ascarides qui sont expulsés pendant la défécation ou en dehors d'elle.
      La poudre de feuilles est sternutatoire; fumée dans une pipe ou une cigarette, elle peut conjurer l'accès d'asthme. Dans le catarrbe pulmonaire, on favorise l'expectoration en faisant prendre une cuillerée à café, matin et soir, d'un électuaire à 5 grammes de poudre et 80 grammes de miel.
      Les propriétés astringentes de la feuille de sauge l'ont fait entrer dans la composition des eaux hémostatiques de Léchelle et de Montérosi; on a ordonné la sauge dans l'hémoptysie, la leucorrbée. Liégeois n'oserait pas y recourir dans la métrorrhagie, on doit la proscrire complètement chez les femmes enceintes.
      La sauge peut être recommandée contre les sueurs des phtisiques, des débilités et des convalescents. L'effet du médicament se fait sentir une demi­heure après son ingestion; prescrire l'infusé de feuilles (10 grammes pour 100) pris à froid d'un coup, ou prendre en une fois trente à cinquante gouttes de la macération de 10 grammes de sommités fleuries dans 50 grammes d'eau-de-vie, deux heures avant la venue des sueurs, L'action du médican1ent persiste quelques jours après qu'on l'a supprimé, d'après Combemale et Meurisse, Huchard et Deguy, Liégeois.
      La sauge est encore employée pour l'usage exterieur: pour les contusions, les paysans appliquent d'abord des compresses d'arnica, puis les remplacent par des compresses trempées dans un décocté de sauge (30 à 70 grammes de feuilles dans un litre d'eau). Les grands bains de décoction de sauge sont bons pour les enfants à croissance retardée (scrofuleux, rachitiques). Les fumigations de décoction de sauge sont employées contre les douleure du rhumatisme chronique, etc.
      On peut laver les vieilles plaies, les ulcères variqueux, etc., avec le vin de sauge, ou les panser avec la pommade obtenue par l'ébullion, dans 250 grammes de saindoux et 45 grammes de suif, d'un bouquet de 60 grammes de feuilles de sauge.
      Pour calmer les démangeaisons du prurigo, Liégeois conseille des lotions d'eau étendue de vinaigre de sauge : faire macérer 15 grammes de feuilles de sauge dans 250 grammes de vinaigre blanc; verser deux cuillerées à café de la macération dans l'eau tiède qui servira aux lavages.