LES PLANTES SAUVAGES

Raisin d'amérique - Teinturier - Epinard de Cayenne
NOM LATIN : Phytolacca americana
FAMILLE : Phytolaccaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 610. — PHYTOLACCAL.

(De phylon, plante, lacca, laque: le fruit donne une belle couleur rouge.)

Environ 10 espèces habitant les régions chaudes du globe.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
3060. — Phytolacca decandra L . Raisin d'Amérique.

— Plante vivace de 1 à 2 mètres, glabre, à tige dressée, épaisse, striée, souvent rougeâtre, à rameaux dichotomes; feuilles alternes, grandes, ovales-lancéolées aiguës, entières, atténuées en court pétiole, penninervées, sans stipules ; fleurs blanchâtres ou rosées, en grappes multiflores dressées, pédonculées, opposées aux feuilles; pédicelles étalés, plus longs que la fleur et la bractée inférieure; périanthe persistant, à 5 pétales ovales, à la fin réfléchis; 10 étamines, insé-
rées sur un disque charnu; 10 styles courts; ovaire libre, formé de 10 carpelles verlicillés ; baie noire, globuleuse-déprimée, à 10 côtes et carpelles.

Naturalisé dans le Midi et en Corse et subspontané çâ et là dans les lieux frais.
— Originaire de l'Amérique du Nord, d'où il s'est répandu dans presque tout le globe.

= Juin-septembre.

— Feuilles et fruits purgatifs.
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 4 - J. L. M. POIRET - 1827

  • PHYTOLACCA. (PHYTOLACCA, Linn.)

    LE PHYTOLACCA DECANDRE (phytolacca decandra, Linn.), en ouvrant la série des genres de cette famille, pourrait faire espérer, par sa grandeur et son élégance, une suite d'assez belles espèces; mais les plantes qui viennent après lui ne répondent pas à cette espérance le phytolacca est d'ailleurs un présent de l'Amérique; il nous vient de la Caroline et de la Virginie. Il s'est, depuis longtemps, tellement naturalisé en Europe, qu'aujourd'hui il paraît en être indigène on le trouve presque partout, excepté dans les terrains humides et trop froids. Haller l'a observé dans la Suisse; Allioni, dans le Piémont, ou il est très-commun; Ramond,dans les Pyrénées;Thore, dans les Landes. Je l'ai aussi découvert en Barbarie.
    Sa tige est herbacée,haute de quatre à six pieds, rameuse, quelquefois rougeâtre; les feuilles assez grandes, ovales, aiguës, calleuses au sommet. Les fleurs forment des grappes simples, allongées, opposées aux feuilles. Il n'y a point de corolle. Le calice est persistant, à cinq divisions, souvent coloré; les étamines sont au nombre de dix (de huit dans d'autres espèces); autant de styles fort petits sur un ovaire supérieur. Le fruit est une baie striée, d'un pourpre violet, à dix ou douze loges monospermes.
    La belle couleur rouge que produit le fruit de cette plante lui a fait donner le nom de phytolacca, du grec "phuton" (plante), "lacca" (laque), qui offre la couleur de la laque. On la nomme encore vulgairement raisin d'Amérique, Méchoacan du Canada, nom que porte aussi une racine purgative et résineuse (convolvulus mechoacan), que l'on recueille dans la province de Méchoacan, au royaume du Mexique.
    Les tiges et les jeunes feuilles du phytolacca sont bonnes à manger comme les épinards. On en fait, dit M. Bosc, une grande consommation en Caroline, pendant le mois de mars: il nourrit peu, mais il tient le ventre libre. Il est très-utile à la fin de l'hiver pour les personnes qui mangent beaucoup de viande et de salaison. Dans le Médoc, au département des Landes, on nourrit les jeune volailles avec ses baies: cette pratique, ajoute M. Bosc, sauverait tous les ans des milliers de dindonneaux qui périssent dans les premiers jours de leur vie, et lors de la crise de la puberté, faute de baies pour leur nourriture. Ces baies purgent; elles fournissent une belle couleur rouge, mais trop fugace pour être employée à la teinture. Les Portugais colorent avec leur suc le vin de Porto.
    La grandeur et la beauté de cette plante, ses tiges souvent colorées, le vert de ses feuilles relevé par les grappes de ses fruits d'un rouge éclatant, Font fait admettre dans les grands parterres et les jardins paysagers. Si elle était cultivée eu grand elle pourrait offrir beaucoup de ressources à l'agriculteur. Comme elle croît dans les plus mauvais terrains, qu'elle forme de grosses touffes, pousse avec rapidité, elle contribuerait à l'amé- lioration des landes, fournirait un très-bon engrais, préserverait de l'ardeur du soleil les jeunes semis, etc. Elle ne serait pas moins précieuse pour les arts, l'expérience nous ayant appris que, coupée avant sa floraison, elle donnait, par son in- cinération, moitié de son poids de potasse non puritlée, quantité remarquable qu'il est rare de trouver dans d'autres plantes.