LES PLANTES SAUVAGES

Petite centaurée - Herbe au Centaure - Chironée
Lieu et date de prise de vue : Charente - Commune de Dignac - 10 octobre 2019
NOM LATIN : Centaurium erythraea
FAMILLE : Gentianaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 505. - ERYTHRAEA Rich.

(Du grec erythros, rouge : allusion à la couleur des fleurs.)

Calice tubuleux, à 8 angles saillants, à 5 lobes-linéaires; corolle en entonnoir, à tube allongé, à 5 lobes entiers ou denticulés ; 5 étamines, ordinairement insérées à la gorge de la corolle, à anthères saillantes, tordues en spirale après l'émission du pollen; style filiforme, caduc; 2 stigmates, dilatés en travers, ordinairement rapprochés; capsule cylindrique-aiguë, couronnée par la corolle contournée-marcescente, à 2 loges incomplètes formées par les bords rentrants des valves ; graines très petites, subglobuleuses, ridées.
Fleurs roses, rarement jaunes ou blanches, en cymes corymbiformes, en têtes ou en épis terminaux ; feuilles opposées, sessiles, entières ; plantes annuelles ou bisannuelles, très rarement vivaces, à tiges grêles, quadrangulaires.

Environ 30 espèces habitant les régions tempérées et subtropicales de l'hémisphère boréal, le Chili, l'Australie.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2487. - E. Centaurium Pers. Petite Centaurée.

Plante bisannuelle de 10 à 60 cm., glabre, rarement naine et trapue ; tige élancée, quadrangulaire, simple à la base, rameuse au sommet à rameaux dressés; feuilles radicales en rosette, obovales, larges de 8 à 20 mm., à 3 à 7 nervures, les caulinaires inférieures oblongues, plus grandes que les supérieures ; fleurs roses (rarement blanches), moyennes, nombreuses, sessiles ou subsessiles, en corymbes denses à rameaux courts et peu divisés; corolle à lobes ovales, longs de 5 à 6 mm., plus courts que le tube resserré au sommet; capsule plus longue que le calice.

Bois et pâturages, dans toute la France et en Corse.
Europe; Asie occidentale; Afrique septentrionale.

= Juin à septembre.

- Tonique amer et fébrifuge très usité.
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
  • Traité ou manuel vétérinaire des plantes - An IX - 1801

  • 381. Gentiana centaurium. La petite Centaurée. Les vaches ne touchent point à cette plante. Quand on la donne aux chevaux comme médicament & dans les cas analogues à ceux de l'homme, c'est en infusion à la dose d'une demi-poignée dans une demi-livre de vin ; en poudre à la dose d'une demi-once , & en extrait à celle de deux gros.
  • Nouvelle botanique médicale - Tome 1 - M. A. A. MARESCHAL - 1876

  • PETITE CENTAURÉE.

    ERYTHRAEA CENTAURIUM.

    Etym.: Du CENTAURE Chiron, parce qu'elle passait pour l'avoir guéri d'une blessure qu'il s'était faite au pied.

    Syn. vulg.: Chironée, Herbe-au-Centaure, Herbe-à-Chiron, Herbe-à-la-Fièvre, Fiel-de-Terre, Gentiane, Centaurée, Centaurelle, Herbe-à-mille Florins.

    Plante herbacée bisannuelle. Tige de 30 à 40 cent., dressée, rameuse, à rameaux opposés, et marquée de lignes saillantes. Feuilles ovales ou oblongues, les radicales disposées en rosette. Fleurs petites, roses, en cimes rapprochées en corymbe. Calice tubuleux à cinq divisions linéaires. Corolle infundibuliforme à limbe 5-partit; étamines 5 se roulant en spirale après la fécondation. Ovaire allongé mince. Capsule linéaire polysperme.

    Cette jolie petite plante croît dans les bois, les prairies, les pâturages et les bruyères. Fleurit de juin à septembre.

    L'herbe au CENTAURE était en grande estime dès les temps les plus reculés. De vieux auteurs ont écrit que la plante pilée fraîche était employée pour souder les plaies, mondifier les ulcères et les cicatriser. La décoction prise en lavement était recommandée aux sciatiques. On en faisait aussi un collyre en mélangeant son jus avec du miel.

    Nous n'avons pas connaissance que la PETITE CENTAURÉE ait été utilisée comme fébrifuge. Galien, qui en fait le plus grand cas, ne parait la préconiser que pour la guérison des plaies.

    Cette plante est douée d'une amertume franche dans toutes ses parties, aussi est-elle mise au rang des espèces amères, et est-elle considérée avec raison aujourd'hui, comme un excellent tonique, très-efficace dans l'atonie des organes digestifs, les affections scrofuleuses, la dyspepsie, les fièvres quotidiennes intermittentes, etc., etc.
    C'est une de nos plantes médicinales les plus usitées, que l'on emploie quelquefois cçmme succédané du quinquina.

  • PHYTOGRAPHIE MEDICALE... - Joseph ROQUES - Tome second - 1835

  • CHIRONIE CENTAURÉE. CHIRONIA CENTAUREA.

    Chironia centaurium. Smith. Fl. Brit. 1. 257. DC. Fl. Fr. 2780. Woodw. Med. bot. t. 157. — Gentiana centaurium. Linn. Spec. 332.

    Cette plante , si renommée pour sa vertu fébrifuge , a une tige droite , élancée , haute de quinze à dix-huit pouces , un peu tétragone , divisée au sommet en rameaux opposés , formant une sorte de corymbe. Les feuilles sont ovales , un peu allongées , marquées de trois nervures. Les fleurs sont sessiles , d'une odeur douce et d'une couleur rosée ou purpurine. Elle croît en juillet et août au bord des bois et des prairies , le long des haies, etc.
    Mon frère , Victor Roques , a observé une variété à fleurs blanches, assez commune sur les pelouses sèches de Puylaurens (Tarn).
    Tout le monde connaît cette plante fraîche et jolie qui porte le nom de petite centaurée. Linné en avait fait une gentiane; les botanistes qui sont venus après lui l'ont rangée , les uns dans le genre Chironia, les autres dans le genre Erythrœa. Je préfère le nom de chironie à cause des vertus antifébriles de la plante, et par respect pour la mémoire du centaure Chiron, l'un des premiers inventeurs de la médecine et de la botanique. Mon esprit se complaît dans ces vieilles traditions; d'ailleurs, à force de changer la nomenclature déjà reçue, on ne fait qu'embarrasser la science , et au lieu de la rajeunir et d'en hâter les progrès, on rend ses abords plus difficiles.
    Au reste , cette herbe bienfaisante a reçu les éloges des médecins de tous les siècles ; son amertume spéciale lui a fait donner par ceux du moyen âge le nom de fel terrœ (fiel de terre). Nous ne répéterons pas ici toutes les merveilles opérées par la petite centaurée.
    Un médecin du Nord, Samuel Sedelius, les a consignées dans un singulier livre , imprimé à Francfort en 1694 , ayant pour titre : Centaurium minus , auroque majus. Ce n'est point une panacée universelle, comme le pensait ce bon Allemand ; mais c'est un bon remède pour ranimer , pour corroborer l'action affaiblie de l'appareil digestif, pour dissiper les accès fébriles qui ne sont pas sous la dépendance de quelque irritation viscérale ou de quelque inflammation chronique. A la campagne , où l'on n'a pas toujours sous la main du sulfate de quinine , on peut employer une forte infusion de cette plante pour guérir les fièvres intermittentes simples ; cette infusion est plus active si l'on y mêle quelque substance aromatique , comme les feuilles de sauge , les fleurs de camomille , etc. Nous l'avons quelquefois administrée ainsi , et nous nous rappelons que , dans une circonstance , ce remède a enlevé des accès de fièvre qui avaient résisté à plusieurs onces de quinquina. Nous devons observer ici que les racines et les feuilles de la petite centaurée sont plus amères et plus efficaces que les fleurs.