LES PLANTES SAUVAGES

Petite Pervenche - Violette de serpent - Violette des sorciers
Lieu et date de prise de vue : Charente - Commune de Dignac - Avril 2022
NOM LATIN : Vinca minor
FAMILLE : Apocynaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 500. - VINCA L . - Pervenche.

(Du latin vincire, lier, enlacer : allusion aux tiges sarmenteuses e flexibles.)

Galice à 5 lobes plus courts que le tube de la corolle; corolle en soucoupe, à tube obconique, à gorge pentagone nue, à limbe étalé en roue, à 5 lobes tronqués obliquement; 5 étamines; incluses, à filets velus, genouillés à la base, élargis au sommet; stigmate en anneau surmonté d'une couronne de poils; 1-2 follicules libres, un peu écartés, cylindracés; graines tuberculeuses, sans aigrette.
Fleurs bleues ou violacées, rarement blanches, grandes, axillaires, solitaires sur des pédoncules recourbés après la floraison; feuilles opposées, persistantes, ovales ou elliptiques, entières; plantes vivaces, à tiges sarmenteuses, couchées-radicantes, toujours vertes, à rameaux florifères redressés.

Environ 12 espèces habitant l'Europe, la région méditerranéenne et les régions tropicales de tout le globe.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2469. - Vinca minor L . Petite pervenche.

Plante vivace, glabre, couchée-diffuse, à tiges persistantes, radicantes, longues de 1 à 2 mètres; feuilles coriaces, luisantes, ovales-elliptiques, rétrécies aux deux bouts, très glabres; tiges florifères dressées, longues de 10 à 20 cm., peu feuillées; fleurs bleues ou violacées, solitaires sur dès pédoncules plus courts ou plus longs que les feuilles et que la corolle ; calice à lobes
lancéolés-linéaires, obtus, glabres, longs de 2-4 mm. et 2-3 fois plus courts que le tube de la corolle ; celle-ci large d'environ 3 cm., à lobes obovales en coin, tronqués au sommet; follicules divergents, acuminés.

Bois, haies, rochers, dans toute la France.
Europe centrale et méridionale; Bithynie.

= Février à mai.
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 5 - J. L. M. POIRET - 1827

  • PERVENCHE.

    Tel est le privilège du génie; il intéresse jusque dans ses moindres observations. J.-J. Rousseau parle,dans ses Confessions, des ressouvenirs agréables que lui retraçait la seule vue de la pervenche : il n’en faut pas davantage pour inspirer au lecteur le désir de la connaître; on la cherche, on la trouve, et l’imagination nous transporte aussitôt sur le chemin de Chambéry aux Charmettes.
    Au reste, la pervenche mérite bien d’attirer notre attention. C’est une très-jolie plante, surtout lorsqu’elle nous apparaît dans les beaux jours du mois de mai, parée de ses fleurs d’un bleu pur et céleste, relevée par le lustre vernissé de ses feuilles qui persistent au milieu des frimas.
    La PERVENCHE (vinca, Linn.), pendant les siècles d’ignorance, a été, à ce qu’il paraît, une de ces plantes auxquelles on attribuait des effets merveilleux, ainsi que l’indiquent les noms de violette des morts, violette des sorciers, probablement parce qu’on en couronnait la tête des jeunes filles, en les conduisant au lieu de leur sépulture : elle était aussi devenue le symbole de la virginité, et quelques-uns lui ont donné le nom d'herbe au pucelage, en lui supposant une vertu astringente, propre à donner l’apparence de la virginité aux jeunes filles qui l’avaient perdue :
    ailleurs on en formait des guirlandes suspendues aux portes des maisons et des villes, lorsque, dans les cérémonies publiques, il s’agissait de la réception de quelque personnage important :
    au reste, il paraît que d’anciens auteurs ont quelquefois confondu le houx frelon ou laurier alexandrin (ruscus hypoglossum y Linn. ) avec la pervenche, à en juger d’après l’obscurité de leur nomenclature. L’étymologie du mot vinca ou percinca est obscure. On soupçonne assez généralement qu’il vient du latin vincere (lier), à cause de ses tiges longues et fortes, propres à faire des liens.
    Le caractère essentiel de la pervenche consiste particulièrement dans les semences non couronnées par une aigrette; dans l’orifice de la corolle muni d’un rebord saillant; le limbe est à cinq découpures tronquées obliquement; le stigmate plane, orbicuiaire, muni un peu au-dessous de sa base , d’un anneau saillant. Ce genre comprend deux espèces, dont la plus commune est la PERVENCHE MINEURE (minor Linn.). Ses tiges sont grêles, presque ligneuses et rampantes; les feuilles opposées, un peu pétiolées, fermes, ovales, oblongues; les fleurs solitaires, pédonculées, axillaires, d’une belle couleur bleue: elle a pour fruit deux follicules étroits, allongés. Cette plante croît dans les climats tempérés, le long des haies, dans les bois.
    On lui attribue des propriétés astringentes, vulnéraires, fébrifuges. Sans autre examen que les préjugés, les uns ont prétendu qu’elle était propre à rétablir la sécrétion du lait, d’autres, au contraire, qu'elle le faisait passer dans les femmes qui cessaient de nourrir leurs enfants. Madame de Sévigné était très-persuadée que sa fille, madame de Grignan, lui devait sa guérison, dans une maladie laiteuse, comme il paraît par ce passage d’une de ses lettres : « Cette chère pervenche pouvait faire des merveilles dans cet état. Je suis ravie que vous l’ayez trouvée à votre point; on dirait qu’elle est faite pour vous. Quand vous redevîntes si belle, on disait : Mais sur quelle herbe a-t-elle marché? Je répondais, sur de la pervenche.
    On voit jusqu’à quel point le charlatanisme influe sur la croyance des personnes meme les plus spirituelles : c’est encore lui qui mêle cette plante aux vulnéraires suisses, vendus au peuple sous le nom de Faltrank, comme un spécifique contre toutes les maladies. Faudra-t-il aussi dire avec J. Bauhin, qui parle d’après Tragus, que si l’on met de la pervenche dans un tonneau de vin trouble, on le rétablira en quinze jours, surtout si on l’a transvasé auparavant?
    Enfin, au rapport de M. Decandolle, les feuilles de la pervenche ont été quelquefois employées à tanner les cuirs.