LES PLANTES SAUVAGES

Pensée des champs - Herbe de la Trinité
Lieu et date de prise de vue : Dordogne - Mai 2024
NOM LATIN : Viola arvensis - Viola tricolore
FAMILLE : Violaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 83. - VIOLA L. - Violette.


(Du grec ion, violet : allusion à la couleur.de la fleur de la Violette.)

Fleurs irrégulières; calice persistant, à B sépales inégaux, prolongés à la base en appendices; 5 pétales inégaux, l'inférieur terminé en éperon; 5 étamines, à filets courts et élargis, à anthères dressées-conniventes; 1 style et 1 stigmate; ovaire libre ; capsule à 1 loge, s'ouvrant par 3 valves, à plusieurs graines ovoïdes-globuleuses.
Fleurs violettes, bleues, blanches, jaunes ou mélangées de ces diverses couleurs, solitaires sur un pédoncule ordinairement bractéolé, recourbé au sommet; feuilles toutes radicales ou alternes, simples, pétiolées, stipulées; plantes herbacées, rarement sous-ligneuses à la base.

Environ 150 espèces répandues dans presque tout le globe.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
390. - V. tricolor L. Pensée, Pensée sauvage,

Plante annuelle, bisannuelle ou pérennante, glabrescente ou velue; tiges de 5 à 40 cm., pluriflores; feuilles ovales, oblongues ou lancéolées, crénelées; stipules digitées-multipartites, à lobe terminal plus grand, foliacé; fleurs blanches, jaunes, violettes ou mélangées de ces trois couleurs, petites ou grandes; éperon court, dépassant peu ou point les appendices; style droit, épaissi au sommet; stigmate creusé en entonnoir; capsule subtrigone, glabre. Plante extrêmement polymorphe.

Cultures et lieux sablonneux, dans toute la France.
Toute l'Europe; Asie occidentale et boréale; Afrique et Amérique septentrionales.

= Avril à octobre.

Plante amère et dépurative. On cultive partout les variétés a
grandes fleurs (V. HORTENSIS Lamk).
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 6 - J. L. M. POIRET - 1829

  • VIOLETTE.

    La VIOLETTE, avant-courrière du printemps, parfume l'air de sa douce odeur, même avant que les frimas soient disparus : aussi est-il peu de fleurs mieux accueillies. En vain elle se cache sous l'herbe, son parfum la trahit ; le bleu empourpré de sa corolle perce à travers le gazon.
    Enlevée à son obscurité, elle reçoit l'honneur que l'on se plaît à rendre au mérite modeste qui se cache : elle ne quitte le séjour des champs que pour devenir la parure de la beauté. Placée sur son trône, elle y fait des envieux, et il n'est pas toujours accordé à l'oeil de la contempler de trop près. Une fleur aussi aimable ne pouvait être oubliée par les poètes : il a fallu lui trouver une origine merveilleuse. Les uns, profitant du nom d'ion qu'elle avait reçu des Grecs, ont avancé que Jupiter, ayant métamorphosé en génisse la belle et jeune Io, fit naître la violette pour lui procurer une pâture digne d'elle. D'autres supposent que Jupiter visitant l'Ionie, une nymphe de cette contrée vint offrir à ce dieu une violette, comme la fleur la plus chérie de ce pays : de là vient qu'elle était en grande vénération chez les Athéniens, qui se croyaient descendus des Ioniens. Le poète Rapin, dans le livre 1er de ses Jardins, a fait de la violette une nymphe attaquée par Apollon, et que Diane convertit en fleur pour la dérober aux poursuites de ce dieu. Notre violette, quoique très-bien connue des anciens, n'était pas la seule qui portât ce nom : ils l'appliquaient à plusieurs autres plantes, en particulier à notre giroflée jaune.
    Les violettes, rapprochées d'abord de la famille des CISTÉES, en forment aujourd'hui une particulière, sous le nom de VIOLACÉES. Le genre qui les renferme offre quelques difficultés, si on y comprend les espèces exotiques qui le composent; mais borné aux espèces d'Europe, il est facile à signaler par un calice à cinq divisions prolongées à leur base ; cinq pétales inégaux ; le supérieur plus grand, terminé en éperon ; cinq étamines ; deux des filaments s'allongent et pénètrent dans l'éperon ; les anthères conniventes, membraneuses au sommet ; l'ovaire supérieur; un style ; un stigmate aigu, ou renflé en un globule ouvert au sommet; une capsule à une loge, à trois angles, à trois valves ; les semences nombreuses, attachées le long du milieu des valves ; un périsperme charnu.

    La VIOLETTE TRICOLORE, vulgairement la PENSEE ou HERBE DE LA TRINITÉ (viola tricolor, Linn.), a été, quoique sans odeur, traitée plus favorablement que la précédente. La richesse, le velouté, la belle variété de ses couleurs, lui ont ouvert l'entrée de nos jardins. Ses fleurs sont plus grandes que celles qui naissent dans les champs, les lieux cultivés, où on les trouve presque une fois plus petites, ce qui a déterminé quelques auteurs à regarder cette plante comme une espèce distincte : elle n'a quelquefois que deux couleurs, la blanche et la jaune. On dit qu'on retrouve dans les prés montueux des Basses-Alpes et du Jura, celle de nos jardins dans toute sa beauté.
    Cette plante est glabre ; ses tiges diffuses, anguleuses; ses feuilles oblongues, lancéolées, incisées ou crénelées; les stipules pinnatifides; les pédoncules fort longs, axillaires, uniflores; les fleurs veloutées, mélangées de blanc, de jaune, et d'un beau violet pourpre. Le stigmate mérite une attention particulière : il est globuleux, creux en dedans, avec une ouverture ronde à son orifice, rempli d'une liqueur visqueuse. Les anthères versent leur pollen dans cette ouverture : il y est retenu par l'humeur visqueuse et porté ensuite dans l'ovaire pour la fécondation. Ce phénomène a lieu pour plusieurs autres espèces.
    Une grossière superstition a fait de cette plante l'emblême du grand mystère de la Trinité, soit à cause de ses trois couleurs, ou de ses pétales étalés, offrant presque l'apparence d'un triangle par leur disposition.
  • Iconographie de la flore française - H. BAILLON - 1890

  • VIOLA TRICOLOR L.,

    Spec., 1326.

    Violacées - Violées.

    N. vulg. - Pensée sauvage, Jacée tricolore, Herbe de la Trinité, Fleur de la Trinité.

    Type de la section Melanium du genre Viola. Fleurs petites (1 à 1 cent. 1/2 de diamètre), irrégulières, à 5 sépales inégaux, lancéolés-acuminés, imbriqués. Corolle de 5 pétales inégaux, imbriqués, puis tous étalés; l'intérieur seul symétrique, échancré, pourvu à sa base d'un éperon nectarifère, taché de jaune et strié de noir dans le type qui a les pétales latéraux blanchâtres comme lui et les supérieurs de même couleur ou d'un lilas pâle. Étamines 5, hypogynes, dont deux prolongées en éperon plein, pénétrant dans celui du pétale antérieur. Ovaire uniloculaire, à 3 placentas pariétaux, multiovulés. Style ascendant, renflé en massue, avec cavité stigmatifère urcéolée et 2 faisceaux de poils à la base de la portion stigmatique. Capsule 3-valve. Graines glabres, lisses, arillées.

    Herbe annuelle, glabre ou velue, à tige anguleuse, à feuilles alternes, ovales-lancéolées, les inférieures les plus développées, plus ou moins crénelées. Stipules grandes, pennatifides, ou les inférieures souvent indivises.
    Fleurs axillaires, solitaires, pédonculées. — Un grand nombre de variétés de cette espèce, distinguées par la longueur de la corolle et ses teintes violettes, bleuâtres, les dimensions de l'éperon, etc., ont été considérées comme espèces sous les noms de V. hortensis, agrestis, gracilescens, mediterranea, pallescens, parvula, segetalis, vivarienris, etc.

    FI. en avril-septembre.

    Propr. — Dépuratif, évacuant, émétique, vanté contre les affections, de la peau, les poumons, des rhumatismes, etc.

    Hab. — Toute la. France, dans les cultures, les prairies, les bois clairs, etc.

    FI. paris. — Très commun dans les friches, les champs cultivés.