LES PLANTES SAUVAGES

Oeillet des Chartreux
Lieu et date de prise de vue : Yonne - Commune de Pierre-Perthuis - Septembre 2022
NOM LATIN : Dianthus carthusianorum
FAMILLE : Caryophyllaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 96. - DIANTHUS L. - Oeillet.
(Du grec Dios, Jupiter, anthos, fleur : l'Oeillet était consacré au dieu Jupiter à cause de sa beauté.)

Calice tubuleux, entouré à la base d'écaillés en forme de calicule, sans nervures commissurales, à 5 dents ; 5 pétales, à onglet ordinairement long, muni de bandelettes ailées, sans écailles à la gorge ; 10 étamines ; 2 styles filiformes ; capsule à 1 loge, s'ouvrant au sommet par 4 dents, à carpophore court ; graine en bouclier, ombiliquées au centre d'une des faces.
Fleurs rouges ou roses, rarement blanches, solitaires ou agglomérées au sommet des tiges; feuilles linéaires ou lancéolées, les caulinaires connées à la base; plantes ordinairement vivaces.

Environ 240 espèces habitant l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Nord, souvent cultivées comme ornement.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
485. - D. Carthusianorum L. Œillet des Chartreux.

Plante vivace, glabre, à souche ligneuse; tiges de 20 à 50 cm., tétragones, simples; feuilles linéaires-aiguës, les caulinaires à gaine 4 fois plus longue que large; fleurs rouges, subsessiles, 2 à 8 en fascicules denses entourés de bractées coriaces semblables aux écailles du calicule; celles-ci scarieuses, glabres, à pointe raide, atteignant le milieu du tube du calice; calice d'un pourpre foncé ; pétales obovales, contigus, poilus à la gorge, dentés ; capsule cylindrique.
Varie à fleurs petites, à limbe des pétales à peine saillant, bien plus court que l'onglet (D. , VAGINATUS Chaix; D. ATRORUBENS G. G.).


Prairies, bois et coteaux, dans presque toute la France; rare dans la région méditerranéenne.
Europe, surtout centrale et septentrionale.

= Juin à septembre.
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 6 - J. L. M. POIRET - 1829

  • OEILLET.

    Le caractère des OEILLETS ( dianthus, Linn. ) consiste dans un calice tubulé, à cinq dents, entouré à sa base de plusieurs écailles imbriquées; cinq pétales pourvus d'un très-long onglet; dix étamines; deux styles; une capsule uniloculaire, oblongue, polysperme, s'ouvrant au sommet en plusieurs valves. L'oeillet est un des plus beaux présents que la nature ait pu faire à l'Europe, si pauvre d'ailleurs en aromates, et qui retrouve dans quelques oeillets l'odeur suave du girofle de l'Inde, ainsi que dans leurs fleurs un assortiment des plus riches couleurs, surtout dans les espèces cultivées. Le premier nom de l'oeillet était celui de caryophyllus appliqué ensuite au giroflier à raison de la ressemblance de leur parfum ; dans des temps plus modernes, il a porté celui de dianthus, ou fleur de Jupiter.
    Une fleur aussi précieuse méritait bien un nom distingué, et les hommages que les poètes lui ont rendus : Rapin l'a chantée dans son poème des Jardins. Du temps de la Ligue, sous la minorité de Louis XIV, le grand Condé, détenu à la Bastille, adoucissait l'ennui de sa captivité en cultivant des oeillets. Mademoiselle Scudéri lui adressa les vers suivants ;

    En voyant ces oeillets qu'un illustre guerrier
    Cultive d'une main qui gagna des batailles,
    Souviens-toi qu'Apollon a bâti des murailles,
    Et ne t'étonne plus que Mars soit jardinier.

    Il est difficile de connaître l'époque de la découverte des oeillets : nous ne trouvons rien dans les ouvrages des anciens qui annonce qu'on les connût de leur temps.
    J.-J. Rousseau écrivait à M. Delatourette, en lui envoyant l'OEILLET SUPERBE (dianthus superbus, Linn.), qu'il avait recueilli à Monquin, dans un pré, sous ses fenêtres :
    « Avez-vous le dianthus
    superbus ? je vous l'envoie à tout hasard. C'est
    réellement un bien bel oeillet, et d'une odeur
    bien suave, quoique faible.... Il ne devrait être
    permis qu'aux chevaux du Soleil de se nourrir d'un pareil foin. »

    Cette espèce est en effet une des plus belles de ce genre, et le nom qu'elle porte ne peut lui avoir été donné que par l'admiration qu'auront excitée l'excellence de son parfum et la beauté de sa fleur. Sa tige est ramifiée vers le sommet ; les feuilles linéaires, un peu élargies; les fleurs disposées en un corymbe lâche, d'un rose-pâle, ou tout-à-fait blanches ; les pétales agréablement découpés jusqu'au milieu de leur largeur; quatre écailles à la base du calice, surmontées d'une pointe courte, aiguë. Cette plante croît dans les bois, les prés couverts des montagnes, dans les Pyrénées et les Alpes (1). Elle produit dans les jardins de très-jolies variétés.

    L'OEILLET DES CHARTREUX (dianthus carthusianorum, Linn. ), pris dans les champs, n'a qu'une beauté médiocre. Les pointes subulées de ses écailles le rapprochentde l'oeillet barbu, mais elles sont plus courtes. Ses tiges sont simples, droites et grêles; ses feuilles étroites, subulées, munies d'une longue gaîne fendue latéralement. Les fleurs sont rouges, d'une grandeur médiocre, réunies en un petit faisceau très-serré : leur calice est souvent coloré en un pourpre - foncé. Cette plante croît aux lieux incultes, stériles, dans les clairières des bois. Elle se dirige plus vers le Nord que vers le Midi. On prétend que les chartreux ont, les premiers, essayé de la cultiver. Elle s'est tellement embellie par les soins de l'homme, qu'elle est presque méconnaissable par ses grosses touffes de fleurs, par le mélange et la richesse de leurs couleurs, dans lesquelles on distingue le rouge, le cramoisi, le violet-foncé, le blanc-pur ou piqueté, la couleur de chair, etc.