LES PLANTES SAUVAGES

Mouron des champs - Lysimaque des champs
NOM LATIN : Lysimachia arvensis
FAMILLE : Primulaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 491. — ANAGALLIS. — Mouron.

(Du grec andgelein, rire : fleurs élégantes, excitant l'enjouement.)
Calice à 5 lobes profonds, lancéolés-linéaires ; corolle en roue ou en cloche, égalant ou dépassant le calice, caduque, à tube presque nul, à 3 lobes entiers ou à peine émarginés ; 5 étamines, insérées à la base de la corolle et plus courtes qu'elle, à filets barbus; capsule globuleuse, s'ouvrant en travers par un couvercle, à graines nombreuses.
Fleurs rouges, rosées, blanches ou bleues, axillaires, solitaires, pédonculées ; feuilles opposées ou alternes, ovales ou arrondies, entières ; plantes glabres.

Près de 20 espèces habitant les régions tempérées et subtropicales de tout le globe.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2454. - Anagallis arvensis L . Morgeline.

Plante annuelle de 10 - 30 cm., glabre, très rameuse, à tiges diffuses ou étalées-ascendantes ; feuilles opposées, sessiles, ovales ou lancéolées, étalées, ponctuées de noir en dessous, à 3 - 5 nervures ; fleurs solitaires sur des pédoncules opposés, filiformes, égalant ou dépassant peu les feuilles, à la fin recourbés en crochet ; calice à lobes lancéolés-acuminés, à bords membraneux; corolle assez petite, en roue, dépassant un peu le calice, à lobes finement crénelés ou ciliés-glanduleux : capsule globuleuse, à peu près de la longueur du calice.

Varie à fleurs rouges ou carnées, plante d'un vert clair (A. PHOENICEA Lamk), et à fleurs bleues, plante d'un vert sombre (A. COERULEA Lamk).

Lieux cultivés et sablonneux, dans toute la France et en Corse.
= Mai-novembre.

— Plante vulnéraire et astringente ; graines vénéneuses pour les petits oiseaux.
  • Nouvelle Botanique médicale - M A.A. MARESCHAL - 1876
  • Etym. du grec ANAGELAO, je ris; parce qu'on attribuait à cette plante la propriété de guérir les maladies du foie, qui occasionnent la tristesse
    Syn. Vulg. : Mouron des champs Mouron rouge, Mouron mâle, Moulon.
    Plante annuelle, Tiges de 30 centimètres environ, trés rameuses dés la base, quadangulaires, étalées ou ascendantes, diffuses, glabres. Feuilles sessiles, opposées, ovales ou ovales-oblondes, un peu épaisses, à 3 ou 5 nervures, marquées de points glanduleux à la face inférieure. Fleur rouge ou bleue , axillaires, longuement pédonculée·. Calice à 5 division à bord membraneux. Corolle rotacée à lobe suborbiculaires, oblongs, entiers , 5 étamines courtes, style filiforme, capsule globuleuse s'ouvrant en boîte à savonnette. Le fleur de celle plante se montrent pendant toute la belle saison; dans les vignes, dans les champs en friche et lieux cultivés, et du nord au midi , le Mouron est partout répandu à profusion. Un auteur, en parlant de 1a couleur rouge ou bleue du Mouron a poëtisé ses impressions en disant qu'il offrait aux yeux, ou l'éclat de la pourpre Tyrienne, ou la douce sérenité d'un bleu d'azur.
    Une plante qui fait dire ainsi les choses ne doit pas être la première venue.
    Le Mouron des champs a été très-célèbre dans l'antiquité. Il passait pour exciter la gaieté en fondant - suivant les expressions du temps - les obstructions du foie, cause de la tristesse. L'étymologie de son nom explique , du reste , les propriétés que les anciens lui avaient reconnues.
    Pline dit que l'anagallis excite l'enjouement. Dioscoride l'emploie contre les maladies du foie. Enfin, Galien attribue au Mouron Rouge une vertu très-abstertive et dit, en un langage du IIe siècle : que « le Mouron possède une certaine chaleur attractive par laquelle il attire les tronçons et autres choses qui sont demeurées dans le corps. »
    Chomel le recommande contre l'épilepsie, et sous la forme de teinture alooolique (des fleurs), ou sous la forme d'extrait (toute la plante), mêlé avec ce]ui des fleurs de millepertuis. Il recommande également le Mouron bouilli avec l'urine humaine et appliqué en cataplasmes sur les parties atteintes de la goutte, il assure que cela appaise l'inflammation et calme la douleur.
    Le Mouron rouge passe aussi pour avoir la propriété de guérir les ulcères corrosifs; c'elle d'être vulnéraire ne lui est pas contestée.
    ll n'en saurait peut-être pas ainsi des autres vertus qu'on lui attribue et qui paraissent tant soit peu exagérées. Ce point est difficile à discuter ici. Aussi, nous, nous contenterons d'assurer que celte plante joui. de propriétés très actives, et que, dans tous les cas, elle doit être employ avec une certaine circonspection.
    Pour justifier cette dernière recommandation, nous nous appuyons sur Rocques, qui déclare que le suc des feuilles de Mouron, administré à des chevaux, les a fait mourir, en stupéfiant le système nerveux et en attaquant la membrane muqueuse de l'estomac.
    Les principaux phénomènes produits par cette plante sont un flux abondant d'urine, avec des mouvements comvulsifs des muscles de la gorge et du train postérieux.
    L'extrait aqueux du Mouron est également délétère pour les chiens. Orfila a prouvé par ses expériences que cet extrait peut, à la dose de 12 grammes , leur donner promptement la mort.
    Enfin, le Mouron ROUGE est aussi un poison pour les oiseaux , et il ne faudrait pas le confondre avec la plante appelée improprement Mouron BLANC, vulgairement nommé Mouron des petits oiseaux, Ce dernier (Alsine media) est la morgeline. Or, la morgeline se trouve dans les mêmes lieux que le Mouron rouges, mais nous 1'avons dit, elle a des fleurs blanches composées de cinq pétales bifides. On la donne aux serins, chardonnerets, etc. et quand la voix chantante des pourvoyeurs matineux fera entendre sous vos fenêtrs : Mouron pour les petits oiseaux ! , restez assuré ,que c'est de la morgeline qu'ils colportent?