LES PLANTES SAUVAGES

Mercuriale annuelle - Foirolle - Ramberge
NOM LATIN : Mercurialis annua
FAMILLE : Euphorbiaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 642. — MERCURIALIS L . — Mercuriale.
(Dédié à Mercure qui en fit connaître, dit-on, les propriétés.)

Pleurs dioïques ou accidentellement monoïques. Périanthe herbacé, à 3 divisions soudées à la base; 8 - 18 étamines libres; 2 styles indivis, divergents, papilleux sur toute leur longueur; ovaire muni entre les loges de 2 filets stériles; capsule didyme, dressée, à 2 coques monospermes ; graines réticulées-rugueuses, caronculées.
Fleurs verdâtres, axillaires, les mâles en épis grêles interrompus longuement pédonculés, les femelles solitaires ou fasciculées; feuilles opposées, munies de petites stipules; plantes à suc aqueux.
Environ 5 espèces habitant l'Europe, la région méditerranéenne, l'Asie orientale.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
3248. — Mercurialis anima L . Foirolle, Ramberge.

— Plante annuelle de 10 - 50 cm., glabrescente, à racine pivotante ; tige herbacée, rameuse et feuillée dès la base ; feuilles d'un vert clair, molles, ciliées, pétiolées, ovales ou ovales-lancéolées, lâchement crénelées-dentées, ordinairement arrondies à la base ; fleurs mâles en glomérules formant un épi assez long, les femelles solitaires
et subsessiles; capsule large de 3 - 4 mm., hispides à poils épaissis à la base; graines petites, ovoïdes, gris clair.
Varie, dans le Midi, à fleurs monoïques, les mâles pédonculées au milieu des femelles subsessiles (M. AMBIGUA L.) ; à plante plus petite, feuilles glabres et à peine dentées, capsule peu hérissée (M. HUETII Hanry).

Lieux cultivés et incultes, dans toute la France et en Corse.
— Europe; Asie occidentale; Afrique septentrionale.

= Avril-novembre.

— Plante émolliente et laxative.
  • Traité des Pantes fourragères, ou Flore des prairies ... - H. LECOQ - 1844
  • Genre Mercuriale, Mercurialis, L.
    Fleurs dioïque, ou monoïque,; périgone à trois divisions; fleurs mâles, à neuf à douze étamines; fleurs femelles à ovaire bilobé, à deux sillons, accompagné de un à deux filaments stériles et surmonté de deux styles bifurqués; fruit capsulaire à deux coques monospermes.

    MERCURIALE ANNUELLE, Mercurialis annua, L.
    - (Cagarelle, Caquenlit, Foirande, Foiriole, Leuzette, Luzotte, Marquois, Mercoret, Ortie bàtarde, Rambuge, Vignette, Vignoble).
    - Tiges tendres, glabres articulées, hautes de trois à quatre décimètres; rameaux opposés; feuilles ovales, lancéolées, aiguës, d'un vert clair, glabres et dentées.
    Fleurs dioïques en petits paquets disposés en épi grêle, axillaire, longs et dressés. -Annuelle.

    Obs. Très-commune dans tous les lieux cultivés, où on la connaît sous les noms de Foiriole , Foirande, Vignole, etc., les chèvres sont les seuls animaux qui mangent cette plante; mais cuite, les vaches et les cochons s'en accommodent. Desséchée, elle perd sa mauvaise odeur, et peut ainsi être mangée par la plupart des animaux.
  • FLORE MEDICALE - Tome 5 - MM. CHAUMETON, POIRET, CHAMBERET - 1834
  • EXPLICATION DE LA PLANCHE. - A. Individu mâle. - B. Individu femelle. - 1. Fleur mâle grossie. - 2. Étamines. - 3. Fleur femelle. - 4. Pistil composé d'un ovaire bilobé hérissé, surmonté de deux styles frangés en dedans, et accompagnés de deux longs filamens dépourvus d'anthères. - 5. Fruit. - 6. Le même, coupé horizontalement.
    Italien : Mercorella.
    Espagnol : Mercurial, Ortiga muerta.
    Francais : Mercuriale annuelle, Foirolle, Cagarelle, Rimberge.
    Allemand : Jaehriges bingelkraut.
    Hollandais : Jaarlyes Bingelkuid.
    Danois : Bingelurt.
    Suedois : Bingeloert.
    Polonais : Szczyr.

    La mercuriale, que les anciens ont prétendu avoir été découverte par Mercure, dont elle porte le nom, est une plante de peu d'apparence, très-commune, tendre, herbacée, dépourvue de ces brillans attributs qui donnent tant d'éclat aux autres végétaux, n'ayant que de petites fleurs d'un blanc verdâtre, sans corolle. Son caractère consiste dans des fleurs dioïques, composées, dans les mâles, d'un calice à trois folioles, de neuf à douze étamines distinctes; dans les fleurs femelles, un ovaire hérissé, à deux lobes, accompagné de quelques filamens stériles; deux styles légèrement denticulés à leur côté interne; une capsule à deux coques bivalves, à deux semences.
    - Ses racines sont blanchâtres, fibreuses; sa tige glabre, droite, noueuse, haute d'un pied et plus , cylindrique, à rameaux opposés.
    - Les feuilles sont pétiolées, opposées, molles , très-glabres, d'un vert clair, ovales - lancéolées, aiguës, dentées, légèrement ciliées à leur contour. Les individus mâles ont leurs fleurs ramassées par petits paquets sessiles sur des épis grêles, allongés, axillaires , pédonculés. Les fleurs des individus femelles sont sessiles, axillaires, presque géminées : elles produisent de petites capsules à deux coques renflées, un peu aplaties latéralement , couvertes de quelques poils raides blanchâtres.
    On rencontre cette plante partout en Europe, dans les jardins, les lieux cultivés, parmi les décombres, et dans les terrains pierreux.
    La mercuriale offre une odeur fétide et une saveur amère, salée, fort désagréable. On ne s'est point occupé de son analyse chimique; toutefois on sait qu'elle contient une grande quantité de suc aqueux, mucilagineux, dont la saveur nauséabonde suffirait seule pour rendre cette plante suspecte. Les propriétés délétères que recèlent plusieurs végétaux de la même famille et du même genre, le perennis mercurialisis, L., entre autres, sont encore une nouvelle circonstance très-propre à inspirer une juste méfiance sur sa manière d'agir.
    Aussi Bergius, Murray, et autres auteurs, l'ont signalée comme une plante dangereuse lorsqu'on l'administre intérieurement; Brassavole avait même déjà observé que son usage intérieur n'était pas sans inconvéniens. Il paraît néanmoins que sa coction dans l'eau suffit pour dissiper tous ses principes délétères, puisque, à l'exemple des anciens, qui en faisaient un fréquent usage comme aliment, on la mange encore de nos jours, dans diverses contrées d'Allemagne, cuite au beurre, à la manière des épinards.
    Suivant Spielmann, la dessiccation lui enlève également toutes ses vertus actives.
    Appliquée à l'extérieur, les anciens regardaient la mercuriale comme émolliente; les modernes, d'après le témoignage de leurs prédécesseurs, lui ont accordé la même propriété, puisque divers pharmacologistes l'ont placée au rang des cinq plantes décorées de ce titre. A la vérité, Bergius, moins crédule, remarque judicieusement que rien ne prouve une semblable qualité dans cette plante; mais les Allemands n'en font pas moins fréquemment des cataplasmes, qui ont joui autrefois d'une grande réputation contre les hernies étranglées.
    Les qualités purgatives de la mercuriale, déjà connues d'Hippocrate, ne sont pas beaucoup mieux constatées que ses propriétés émollientes : cependant les anciens en faisaient usage sous ce rapport, et l'employaient particulièrement contre l'hydropisie; Brassavole rapporte même que de son temps les paysans des environs de Ferrare l'employaient, réduite en pulpe ou sous forme de bouillie, pour se purger.
    Son usage intérieur est, depuis long-temps, parmi nous entièrement tombé en désuétude. Toutefois on compose encore assez fréquemment, avec sa décoction, des lavemens qui sont réputés purgatifs; le miel mercurial , qui est souvent employé en clystère pour provoquer les évacuations alvines, lui doit même, à ce qu'il paraît, une partie de ses propriétés laxatives. Cependant les faits sur lesquels reposent les vertus attribuées à la mercuriale, sont en trop petit nombre, trop vagues el trop inexacts, pour nous éclairer complètement sur sa véritable manière d'agir.
    Ses qualités délétères, en effet, sont loin d'être constatées; sa vertu émolliente est fort douteuse; ses propriétés purgatives auraient besoin d'être confirmées par de nouvelles observations. Il faut donc reléguer au rang des fables tout ce que l'on a dit de l'efficacité de cette plante contre l'hydropisie, la chlorose, les obstructions des viscères, l'ischurie, la syphilis et autres affections, jusqu'à ce que des expériences cliniques bien faites aient fait cesser l'espèce d'obscurité qui règne sur son histoire médicale.
    La merveilleuse faculté que les anciens attribuaient à l'individu mâle de cette plante dioïque, de faire engendrer des garçons, et à l'individu femelle, de favoriser la procréation des filles, ne sera qu'une hypothèse frivole ou une véritable absurdité, si l'on réfléchit que, dépourvus de connaissances positives sur la génération des végétaux, ils prenaient la plante mâle pour la plante femelle, et réciproquement, ainsi que le peuple le fait encore de nos jours à l'égard de plusieurs autres végétaux.
    La mercuriale est administrée, comme purgative, en décoction à la dose d'une poignée pour un demi-litre d'eau. Son suc se donne de trente-deux à quatre-vingt-seize grammes ( une à trois onces ). Le miel mercurial , que les pharmaciens préparent avec cette plante, est ordinairement prescrit en lavement de trente-deux à cent vingt huit grammes (une à quatre onces). On en fait également un sirop qui a joui d'une grande vogue sous le titre pompeux de sirop de longue vie, et qui est entièrement tombé dans l'oubli, malgré les éloges emphatiques et les mensongères promesses de son inventeur Zwinger.

  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 7 - J. L. M. POIRET - 1829
  • Qui pourrait soupçonner qu'une simple plante tendre, herbacée, de peu d'apparence, privée de ces brillants attributs qui donnent tant d'éclat aux autres végétaux, n'ayant que de petites fleurs d'un blanc-verdâtre, sans corolle, d'ailleurs d'une odeur fétide, d'une saveur amère, qui, dis-je, pourrait soupçonner qu'une telle plante aurait joui, mème du temps d'Hippocrate, d'une réputation qu'elle est bien éloignée de mériter
    Telle est la MERCURIALE ANNUELLE, décorée du nom de MERCURE, auquel on attribuait la découverte des prétendues propriétés de cette plante : c'est ainsi qu'elle a traversé près de deux mille siècles, et qu'elle nous est parvenue, masquant ses qualités délétères sous une réputation usurpée. On l'a toujours administrée, depuis Hippocrate et Galien, comme une plante émolliente et purgative, efficace contre l'hydropisie, les obstructions des viscères, les maladies vénériennes, et autres affections: aussi n'a-t-on pas manqué, dans les pharmacies, pour multiplier en mème temps les profits et les dupes, d'en former un miel mercuriel, et même un sirop de longue vie, qui a été longtemps en vogue.
    Comme cette plante a les deux sexes sur des pieds séparés, il ne manquait plus que d'admettre, avec les anciens, la merveilleuse faculté attribuée aux individus mâles, de faire engendrer des garçons, et aux individus femelles, de favoriser la procréation des filles; et ce qui ajoute à cette absurdité, c'est que les anciens prenaient, comme le fait encore le peuple aujourd'hui, la plante mâle pour la femelle et réciproquement.
    Il paraît que la forme testiculaire des fruits a donné lieu à cette opinion, d'où vient que plusieurs auteurs ont donné, surtout au mercurialis tomentosa, les noms de phyllon marificum, seu arthenopogon, et phyllon fœminificum, seu theligonum. Il a été facile, aux observateurs de la nature, de faire sentir tout le ridicule d'une pareille fable; mais on ne détruit pas aussi facilement l'abus d'une confiance aveugle aux remèdes, trop intimement liée à un charlatanisme lucratif qu'il est si important de conserver.
    Quoi qu'il en soit, l'emploi de la mercuriale, administrée à l'intérieur, a été signalé comme dangereux par des auteurs très distingués, tels que Murray, Bergius, etc. Il paraît cependant que sa coction dans l'eau suffit pour dissiper tous ses principes délétères, puisqu'à l'exemple des anciens qui en faisaient un fréquent usage comme aliment, on la mange encore de nos jours dans diverses contrées d'Allemagne, cuite au beurre et à la manière des épinards. Suivant Spielman, la dessiccation lui enlève également toutes ses vertus actives.
    Cette espèce a une racine fibreuse et blanchâtre; une tige tendre, glabre, articulée, haute d'environ un pied; les rameaux opposés, ainsi que les feuilles. Celles-ci sont ovales, lancéolées, aiguës, d'un vert-clair, glabres et dentées. Les fleurs mâles séparées des femelles sur des individus différents, sont ramassées par petits paquets, en épis grêles, axillaires, longs et dressés; le calice est à trois divisions; la corolle nulle; dix à quinze étamines; les fleurs femelles sessiles, ou à peine pédonculées, axillaires, presque géminées, renfermant un ovaire surmonté de deux styles bifurqués, accompagné de deux filaments courts, stériles: il lui succède une capsule à deux coques monospermes.
    Cette plante est très-commune dans tous les lieux cultivés; elle s'avance plus clans le Midi que dans le Nord.
    On lui donne les noms vulgaires de foirole, foirande, vignole, etc.
  • Les fleurs des moissons et des cultures - E. GADECEAU - 1914
  • mercuriale ramberge foirolle
  • Noms communs: Ramberge, Foirolle.
    Allemand: Bingelkraut.
    Anglais: French Mercury.

    Caractères: Herbe annuelle; racine pivotante, grêle. Tige rameuse, dressée, de 2 à 6 dcm. Feuilles opposées, pétiolées, ovales-lancéolées, crénelées, ciliées, glabres sur les faces.
    Fleurs dioïques, verdâtres, sans pétales, les femelles subsessiles, solitaires, à capsule hérissé; graines gris-clair, ponctuées, réticulées. Fleurs mâles en épis grêles, axillaires, pédonculés.
    Aire géographique: C'est une des mauvaises herbes les plus fréquentes dans toute la France, l'Europe centrale et méridionale, l'Asie, et l'Afrique septentrionale. Son origine est incertaine. De Candolle, se fondant sur les auteurs anglais anciens, la croit naturalisée en Angleterre, où elle serait venue de France au XVIe siècle seulement. Elle fut usitée d'abord comme légume et répandue ensuite avec le progrès des cultures. Son nom anglais: French Mercury, semble en faveur de cette opinion. A l'époque où de Candolle écrivait sa Géographie botanique, cette espèce n'était pas naturalisée en Amérique.
    Propriétés: Fraiche, on l'emploie de temps immémorial dans les campagnes comme purgatif léger. Les anciens la considéraient comme antigoutteuse. Elle fait partie du Sirop de longue vie de Swinger. Le miel de mercuriale est souvent incorporé aux lavements laxatifs.
    - Extrêmement répandue dans les friches et dans les cultures elle constitue une plante très gênante; les graines conservent longtemps leur faculté germinative. Lorsqu'elle est abondante, dans les vignes, elle passe pour donner au vin un goût désagréable, connu sous le nom de goût de Ramberge.