LES PLANTES SAUVAGES

Luzerne d'Arabie - Luzerne tachetée
Lieu et date de prise de vue : Charente - Commune de DIGNAC - Mai 2020
NOM LATIN : Medicago arabica - Medicago maculata
FAMILLE : Fabaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 163. - MEDICAGO L. - Luzerne.

(Du grec mediqué, de Medie : -la Luzerne, d'après Théophraste, serait originaire de la Médie.)

Calice en cloche, à S dents presque égales; corolle caduque; étendard droit ou un peu courbé en dehors; ailes libres en avant ; carène obtuse ; étamines diadelphes, à filets non dilatés au sommet ; gousse dépassant beaucoup le calice, courte, courbée en rein, en faux ou le plus souvent contournée en hélice, jamais droite, souvent épineuse, à graines ordinairement nombreuses.
Fleurs jaunes, rarement violacées, en grappes courtes, parfois solitaires ou géminées; feuilles trifoliolées, pétiolées, à folioles dentées au sommet; stipules soudées au pétiole par leur base; plantes herbacées.

Environ 40 espèces habitant l'Europe, l'Asie, l'Afrique.
Toutes sont des plantes fourragères fort recherchées des herbivores.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
833. - Medicago maculata Willd. (M. ARABICA All.).

Plante annuelle de 20 à 60 cm., couchée, presque glabre; folioles obovales en coin, dentées au sommet,
ordinairement tachées de noir au milieu; stipules incisées-dentées ; fleurs jaunes, petites (4 à 5 mm.),. 2 à 3 sur des pédoncules aristés plus courts que la feuille; pédicelles plus courts que le tube du calice; ailes plus courtes que la carène ; gousse glabre, assez grande, subglobuleuse, à faces planes, à peine veinées, à 4 à 6 tours de spire très rapprochés, un peu lâches, hérissés d'épines
distiques, entrecroisées, fortement divergentes, arquées en dehors, non crochues; graines oblongues en rein.

Lieux cultivés et incultes dans presque toute la France et en Corse.
Europe occidentale et méridionale; Asie occidentale; Afrique septentrionale.

= Mai à juillet.
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 7 - J. L. M. POIRET - 1829


  • LUZERNE.

    Les LUZERNES (medicajo, Linn.) vont nous offrir une nouvelle source de richesses. En nous arrêtant d'abord à la LUZERNE CULTIVÉE (medicago sativa, Linn.), nous reconnaîtrons avec quelle profusion la nature a fourni à l'homme social le moyens de nourrir et de multiplier les animaux qui font la prospérité de l'agriculture. Comme toute espèce de terrain n'est pas propre pour la même plante, d'heureux essais ont appris ce qui convenait le mieux à chacun d'eux. La luzerne à cause de ses longues racines, exige un terrain gras, frais et profond.
    Comme les gelées du printemps font quelquefois périr les jeunes pousses, il faut éviter de la placer à une exposition trop froide, d'où il résulte qu'elle réussit beaucoup mieux dans les contrées méridionales on assure même qu'elle peut être coupée quatre ou cinq fois par an, et plus quand le sol et l'exposition lui sont favorables.
    Ce précieux fourrage est connu depuis très longtemps. Les anciens nommaient la luzerne medica, d'après l'opinion que cette plante avait été transportée du pays des Mèdes en Grèce, pendant l'expédition de Darius, comme Pline nous l'apprend (lib. 18, cap. 16.). Varron, Caton, Columelle en font le plus grand éloge. Olivier de Serres, qui l'appelle sainfoin, comme on le fait encore en beaucoup de lieux, la qualifie de Merveille du mènage, à raison de sa prodigieuse fécondité, et des nombreux moyens de prospérité qu'elle offre aux cultivateurs.
    Cette plante s'élève droite sur une tige ferme, glabre et rameuse. Les feuilles sont composées de trois folioles lancéolées, obtuses, dentées vers le sommet; les stipules adhérentes à la base des pétioles, lancéolées, un peu frangées à leur bord postérieur. Les fleurs sont violettes ou purpurines, quelquefois un peu jaunâtres ou mélangées de bleu et de blanc, disposées en grappes axillaires.
    Le calice est velu, presque cylindrique, à cinq dents bétacées; la corolle papilionacée; l'ovaire se convertit en une gousse comprimée, formant un, rarement deux tours de spire sur elle-même, dépourvue d'épines ou de poils, contenant plusieurs semences. C'est dans cette gousse que consiste le caractère principal de ce genre; elle est toujours routée en coquille de limaçon ou courbée en faucille, mais très-variable dans ses formes. Cette plante s'est naturalisée dans les prés de l'Europe.
    Elle a pour ennemie une plante parasite, la cuscute, qui occasione quelquefois de grands ravages; le moyen d'empêcher sa multiplication est de couper rez, terre les premiers pieds qui en sont attaqués.
    Plusieurs insectes vivent aux dépens de la luzerne. Celui qui lui fait le plus de tort est le hanneton, sous te nom de ver blanc.
    On s'oppose à sa multiplication en détruisant l'insecte parfait. On cite encore un charançon ( curculio acridulus) comme ayant plusieurs fois causé de grands dommages à la luzerne, ainsi que la cochenille à vingt points. On voit fréquemment sur cette plante des amas d'écume occasionés par la larve de la tettigone écumeuse (cicada, Linn.): elle l'altère en lui enlevant une partie de la sève.
    M. Decandolle a observé, dans le midi de la France, sur les racines de la luzerne, un champignon analogue à celui que les cultivateurs nomment mort de safran et qui cause également de grands dommages, en se reproduisant de proche en proche, et en faisant périr tous les pieds qu'il attaque. On ne peut arrêter les ravages de ce champignon, nommé rhizoctonia, qu'en creusant autour des places qui en sont infectées, et à deux pieds de distance, des fossés de pareille profondeur, en rejetant la terre sur les places où la luzerne a péri.
    On fabrique, avec les racines de la luzerne séchées, des brosses à dents, qu'on colore avec l'orcanette, et qu'on parfume avec la vanille ou l'ambre.
    Les qualités alimentaires de la luzerne pour les bestiaux, dit Bosc, ne sont contestées par personne mais il est des cultivateurs qui pensent qu'elle convient mieux aux boeufs et aux vaches qu'aux chevaux et aux brebis; verte et en petite quantité, elle les purge tous, et les affaiblit; verte en grande quantité, principalement quand elle est chargée de rosée, elle leur donne des indigestions, qui les conduisent souvent à la mort, surtout les bêtes à cornes et les bêtes à laine. Ce n'est donc qu'avec une entière prudence qu'il faut laisser les animaux paître en liberté dans la luzerne, surtout au printemps, où les nourritures fraîches leur sont le plus agréables et en même temps le plus dangereuses.
    Sous un autre rapport, celui de la conservation de la plante, il est encore de l'intérêt des propriétaires de ne pas les mettre dans les luzernes; rien ne les ruine plus promptement. que le piétinement des chevaux, des boeufs et des vaches, ainsi que le broutement des moutons et des cochons. La luzerne sèche se garde environ deux ans bonne, lorsqu'elle est bien abritée de la pluie, et pas trop souvent piétinee mais passé cette époque, elle perd ses feuilles ainsi que sa saveur, et n'est plus bonne qu'à faire de la litière. La durée moyenne d'un champ de luzerne est de dix à douze ans.