LES PLANTES SAUVAGES

Liseron des champs
Lieu et date de prise de vue : Charente - Commune de DIGNAC - Juin
NOM LATIN : Convolvulus arvensis
FAMILLE : Convolvulaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 514. — CONVOLVULUS L. — Liseron.

(Du latin convolvere, s'enrouler : allusion à la corolle contournée et aux tiges souvent volubles.)

Calice divisé jusqu'à la base en 5 lobes presque égaux; corolle en cloche, très ouverte, à 5 angles et à 5 plis, entière ou sinuée-lobée; étamines incluses; style filiforme, à 2 stigmates linéaires-cylindriques souvent roulés en dehors ; capsule subglobuleuse indéhiscente, à 2 loges renfermant chacune 2 graines anguleuses.

Fleurs roses, bleues, blanches ou jaunâtres, souvent grandes, axillaires ou en tètes terminales; feuilles entières, sinuées ou palmatiséquées; plantes annuelles ou vivaces, à tiges souvent volubles.

Environ 170 espèces répandues dans presque tout le globe. Quelques-unes sont cultivées comme ornement.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2530. - C. arvensis L . Vrillée.

Plante vivace de 20 cm. à 1 mètre, verte, glabre ou pubescente, à souche grêle, longuement traçante ; liges couchées ou volubles-grimpantes, faibles, anguleuses ; feuilles petites, sagittées ou hastées, obtuses ou subaiguës, entières, pétiolées, à oreillettes divergentes et plus ou moins aiguës; fleurs blanches ou roses, d'environ 2 cm., solitaires ou géminées sur des pédoncules axillaires grêles, plus longs que la feuille; bractées linéaires, éloignées de la fleur; calice glabre, à lobes ovales-arrondis; corolle 4-5 fois plus longue que le calice, glabre; capsule réfléchie, glabre.

Champs, jardins, chemins, dans toute la Trance et en Corse.
Presque tout le globe.

= Mai à octobre.

Plante très nuisible aux cultures, purgative et vulnéraire.
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 5 - J. L. M. POIRET - 1829
  • LISERON.

    Ce genre est presque le seul de cette belle famille que nous possédions en Europe , encore est-il borné à un très-petit nombre d’espèces, quoique très-étendues dans les contrées étrangères. Toutes sont remarquables par la beauté de leurs fleurs, quelques-unes par leurs propriétés médicinales. Le caractère de ce genre consiste dans un calice persistant, à cinq divisions; une corolle en cloche, plissée sur ses cinq angles; cinq étamines; un ovaire supérieur; un style; deux stigmates; une capsule à deux, trois ou quatre loges; une ou deux semences dans chaque loge.
    Si quelques-uns de nos liserons, tels que ceux des haies et des champs, étaient originaires de l’Amérique ou des Indes, nous nous serions empressés d’en décorer nos bosquets qu’ils embelliraient par leur tige grimpante et surtout par leurs grandes fleurs; mais on leur fait des reproches graves; on les accuse d’étouffer les arbrisseaux parmi lesquels ils croissent, d’entremêler leurs grosses racines avec celles des autres plantes, et de les priver d’une partie de leur nourriture. En admettant la vérité de ces inculpations, ils mériteraient cependant d’être traités avec un peu plus d’indulgence. Ne pourrait-on pas, en composant avec eux, leur accorder une place où ils ne pourraient nuire, et qu’ils nous paieraient par la beauté de leurs fleurs?
    Mais nous sommes si peu disposés à les accueillir, que nous avons lancé contre eux un arrêt de proscription ; ils sont impitoyablement arrachés, foulés aux pieds partout où ils cherchent à s’établir. On leur donne le nom flétrissant de mauvaise herbe, de boyaux du diable; cependant plusieurs des nombreuses espèces de ce genre n’ont pas été traitées avec la meme rigueur. Le liseron tricolore, vulgairement la belle de jour, natif de l’Espagne et du Portugal, est admis dans nos parterres, ainsi que quelques autres à fleurs purpurines ou écarlates.
    On pourrait y joindre les espèces indigènes de la France, si d’injustes préjugés ne nous faisaient pas très-souvent préférer les fleurs étrangères à celles qui naissent naturellement sous nos pieds. Le poète Castel leur a rendu plus de justice, lorsqu’il a dit :

    Et le convolvuliis éclatant en blancheur,
    Sur les buissons voisins entrelaçant sa fleur,
    De ses nombreux festons couvrant leui s intervalles,
    Semble le nœud charmant des grâces végétales.

    La dénomination de convolvulus vient du latin convolvere (entortiller), et le nom français liseron y de sa ressemblance avec la fleur du lis. Quoique le Smilax Leia(smilax loevis) de Dioscoride paraisse avoir beaucoup de rapports avec notre grand liseron, on ne peut cependant affirmer que ce soit la meme plante; il s’en éloigne par ses fleurs réunies plusieurs ensemble au sommet des rameaux , par ses fruits noirs semblables à ceux du lupin, ce qui ferait soupçonner que cette plante est une légumineuse grimpante.
    Nos liserons, surtout les deux premières espèces, ont un suc qu’on regarde comme légèrement purgatif.. Le LISERON DES HAIES ( Convolvulus sepium, Linn. ) est en meme temps la plus commune et ïa plus belle de nos espèces. Ses grandes fleurs d’un beau blanc de lait, qui seraient presque, par leur élégance, les rivales du lis, si elles en avaient l’odeur, entremêlées parmi les buissons, s’y répandent à l’aide de leurs longues tiges grimpantes, et donnent un air de fête à cette nature agreste. Les feuilles sont grandes, sagittées, en cœur; les deux lobes inférieurs tronqués; les pétioles très-longs; les fleurs solitaires, axillaires, pédonculées. Le calice est accompagné, un peu au-dessous de sa base, de deux grandes bractées en cœur. Cette plante croît partout dans les haies, et s’avance plus vers le Nord que dans le Midi. Ce liseron passe pour un purgatif doux, qui produit les bons effets de la scammonée, sans en avoir les inconvénients: les chèvres, les moutons, les chevaux se nourrissent de ses feuilles, les cochons de ses racines. Comme plante d’ornement, il produirait un effet très-agréable dans les jardins paysagers, étant dirigé convenablement sur les buissons des derniers rangs des massifs. On peut même l’employer à garnir des palissades. Il fleurit pendant tout l’été.
    Ce liseron a été bien évidemment mentionné par Pline, qui le compare au lis, lorsqu’il dit :

    " Parmi les haies et les buissons croît une fleur de
    la blancheur du lis, mais qui n’en a ni l’odeur,
    ni les petites têtes jaunes de l’intérieur: on
    dirait qu’en la créant, la nature a voulu esquisser le lis. "

    Le LISERON DES CHAMPS {couvolvulus arvensis, Linn. ) est, dans toutes ses parties, beaucoup plus petit que le précédent, mais il n’est guère moins agréable. Ses fleurs sont très jolies, de couleur blanche, rose ou purpurine en dehors, souvent panachées, d’un blanc pur en dedans; les anthères pourpres ou rougeâtres : il s’en exhale une petite odeur douce et suave. Répandue partout dans les champs, cette plante rampe sur la terre lorsqu’elle ne trouve point d’appui, ou s’entortille fortement autour des plantes qu’elle rencontre. Ses feuilles sont unilatérales, sagittées; les deux lobes inférieurs aigus; les fleurs solitaires, axillaires, pédonculées, munies, à quelque distance du calice, de deux petites bractées subulées. Cette plante est très-répandue par toute l’Europe; elle fleurit pendant tout l’été. Son élégance ne l’empéche pas d’être proscrite des terres cultivées, où elle est très-nuisible par sa grande multiplication, par la difficulté de l’extirper, à cause de ses racines profondes, si menues et en meme temps si vivaces, que le moindre brin suffit pour reproduire un nouveau pied.
    Cette plante est recherchée par tous les bestiaux : elle nourrit encore de ses feuilles le sphinx convolvuli Linn., qui répand une odeur d’ambre; le sphinx elpenor, Linn., le phalœna didactjla, pterodactyla, Linn.