LES PLANTES SAUVAGES

Laitue scariole - Laitue sauvage
Lieu et date de prise de vue : Charente - Commune de Dignac
NOM LATIN : Lactuca serriola - Lactuca scariola
FAMILLE : Asteraceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 4 4 6 . — LACTUCA Tourn. - Laitue.

(Du latin lac lait : ces plantes ont un suc laiteux.)

Involucre oblong-cylindrique pourvu de folioles à sa base; réceptacle nu ; achaines fortement comprimés, lenticulaires, striés longitudinalement sur les deux faces, brusquement terminés par un bec capillaire ; aigrette blanche.
Le suc de Laitue jouit de propriétés sédatives; l'emploi des feuilles dans l'alimentation est universellement connu.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2182. - L. Scariola L . Scariole.

Plante bisannuelle à tige de 6 à 10 dm., dressée, glabre, hispide à la base, à rameaux étalés ; feuilles dressées, la plupart déviées obliquement à leur base, glauques, spinuleuses sur les bords et sur la nervure dorsale, embrassantes et auriculées, pennatifides ou pennatilobées, à lobes larges; capitules subsessiles ou pédoncules en panicule corymbiforme, étalée; fleurs jaunes; achaines
obovales gris, à bords aigus, munis de cils courts au sommet, égalant à peu près le bec ou un peu plus
long.
Varie à feuilles oblongues-obovales ou spatulées, indivises, abord denticulés tout autour (L. DUBIA Jord.).

Bords des chemins, lieux incultes, dans presque toute la France, sauf le Nord; Corse.
Europe, Sibérie, Asie Mineure, Arabie, Perse, Algérie, Abyssinie.

= Juillet à août.
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 5 - J. L. M. POIRET - 1827

  • LAITUE.

    C’est parmi les laitues , plantes très-suspectes, que l’homme a trouvé, de temps immémorial, une espèce qu’il a su convertir par la culture en une plante alimentaire très-agréable et d’un usage général. Quelle est l’espèce primitive qui la lui a fournie? nous l’ignorons. On soupçonne, non sans quelque raison, qu’elle a eu pour type la LAITUE A feuilles DE CHENE (lactuca quercina) Linn.), à grandes feuilles laciniées, sans épines, découverte dans l’île Caroline, située dans la mer Baltique. Quoi qu’il en soit, c’est pour l’homme un beau triomphe que d’étre parvenu à rendre douce et salutaire une espèce dont les congénères sauvages passent pour vénéneuses et narcotiques. Notre laitue cultivée, et ses nombreuses variétés sont trop connues, ainsi que leur emploi, pour nous arrêter long-temps. Le caractère essentiel de ce genre est d’avoir un calice oblong, presque cylindrique, composé d’écailles imbriquées,membraneuses sur les bords. Le réceptacle est nu, ponctué; les semences couronnées d’une aigrette pédicellée, simple et fugace.
    La LAITUE CULTIVÉE ( lactuca saliva, Linn. ) fournit près de deux cents variétés, qu’on rapporte à trois races principales:
    la laitue pommée, dont les feuilles sont arrondies, ondulées et concaves, réunies en tête comme un chou.
    la laitue frisée, à feuilles découpées, dentées et crépues.
    la laitue romaine, dont les feuilles sont allongées, rétrécies à leur base, d’une saveur plus douce que les précédentes.
    De tout temps les laitues ont tenu le premier rang parmi les herbes potagères : les Romains, en particulier, en faisaient un de leurs mets favoris ; d’abord ils les mangeaient à la fin des repas ; puis cet usage changea sous Domitien ; on les servit avec les premiers plats. Martial, dans une de ses épigrammes, paraît s’étonner de ce changement.

    Claudere quoe coenas lactuca solebat avorum.
    Die mihi cur nostras inchoat illa dapes ?

    Les laitues sont peu nourrissantes ; elles n’en sont pas moins un aliment très-sain, fort agréable, soit mangées crues en salade, soit cuites ou bouillies dans les potages. Elles humectent, rafraîchissent, tempèrent la soif, procurent le sommeil , préviennent la constipation et facilitent l’écoulement des urines. On ne peut trop en faire usage, surtout dans les grandes chaleurs de l’été, le soir de préférence, quand on éprouve le besoin de provoquer le sommeil. Ces propriétés ont été reconnues de tout temps. Martial a dit :

    Prima tibi dabitur ventri lactuca movendo
    Utilis.

    et ailleurs,

    Utere lactucis, et mollibus utere malvis :
    Nam faciem , durum, Phoebe, cacantis habes.

    Les semences fournissent une émulsion rafraîchissante et calmante ; on en obtient, par expression, une très-bonne huile à manger, dont on se sert, en Égypte, pour la préparation des aliments.

    Suétone rapporte qu’on éleva une statue au médecin Antonius Musa, pour avoir guéri l’empereur Auguste de l’hypocondrie, en lui faisant manger de la laitue. Les poètes de l’antiquité nous représentent Adonis enterré par Vénus dans un champ de laitue, comme pour nous apprendre, dit-on, sous ce symbole ingénieux, que, dès les siècles les plus reculés, cette plante avait la réputation d’apaiser les feux de la concupiscence.
    Explication peu probable, à l’égard du rôle qu’on fait jouer ici à la déesse de la beauté. La laitue nourrit le phaloena - caja - russula - lactucoe , Linn.; noctua plecta - gamma - oleracea, Fabr.; - dysodes^ Willd.

    Parmi les espèces sauvages, on distingue la LAITUE SAUVAGE {lactuca sylvestris, EncycL; — scariola, Linn.), à feuilles pinnatifides ou sinuées, épineuses sur leur côte postérieure et à leurs bords. Les fleurs sont petites, d’un jaune-pâle. Cette plante fleurit dans l’été et croît dans les terrains secs, sur le bord des chemins. Celle que nous nommons scariole est une variété de la chicorée endive.
    La LAITUE VIREUSE (luctuca virosa, Linn.) est l’espèce la plus dangereuse par son suc très-amer, narcotique, d’une odeur désagréable. Ce suc, épaissi et desséché, approche de l’opium par ses qualités. Ses feuilles sont roides, épineuses, plus ou moins lobées ou entières, sagittées. Les fleurs sont jaunâtres, disposées en grappes fort menues. Elle croît aux lieux arides, incultes et sauvages.
    La LAITUE A FEUILLES DE SAULE (lactuca saligna, Linn.) en diffère par ses feuilles entières,, presque sans épines.
    La LAITUE VIVACE ( lactuca perennis, Linn. ) est entièrement glabre, dépourvue d’épines, distinguée par ses fleurs bleues, par ses feuilles profondément pinnatifides. Elle croît parmi les décombres, dans les champs pierreux, les vignes, aux lieux exposés au soleil.
    Aucune de ces espèces n’est recherchée par les bestiaux.