LES PLANTES SAUVAGES

Hellébore fétide - Pied-de-griffon
NOM LATIN : Helleborus foetidus
FAMILLE : Ranunculaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
GENRE 11. — HELLEBORUS L. — Hellébore.

(Du grec helein, faire mourir, bora, nourriture : les Hellébores sont des plantes vénéneuses.)

Calice régulier, à S sépales pétaloïdes, persistants; pétales 5 - 10, très petits, tubuleux, à 2 lèvres, plus courts que les étamines; follicules 1-5, un peu soudés à la base, sur 1 rang, coriaces, à la fin renflés, ridés en travers, à bec en alène.

Fleurs blanchâtres, verdâtres ou rougeâtres; feuilles palmatiséquées-pédalées ou triséquées, à 3 - 11 segments; plantes vivaces, à rhizome court et épais. 6 espèces habitant l'Europe et l'Asie occidentale et centrale.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
89. — H. fœtidus L. H. fétide, Pied de griffon. —
Plante glabre, fétide ; tige de 20-80 cm., robuste, persistante, nue à la base, très feuillée sous les rameaux munis de bractées ovales et d'un vert pâle; feuilles toutes caulinaires, coriaces, pédalées, à 7 - 11 segments lancéolés, dentés; fleurs verdâtres ou rougeâtres, nombreuses, penchées; sépales dressés, connivents, concaves, égalant les étamines; pétales de moitié moins longs que les étamines; follicules plus longs que larges, à bec égalant la moitié de leur longueur.

Coteaux et bois, dans presque toute la France. —
Europe occidentale et centrale, jusqu'à la Styrie.

= Janvier-mai.

— Vénéneux, drastique, souvent employé en médecine vétérinaire.
  • Traité des Pantes fourragères, ou Flore des prairies ... - H. LECOQ - 1844
  • Genre Hellébore, Helleborus, L.

    Calice à cinq grandes folioles colorées; cinq pétales nectariformes, tubulés, beaucoup plus courts que le calice, étamines nombreuses; capsules comprimées à une seule loge.

    HELLÉBORE FÉTIDE, Helleborus foetidus, L. (Fève de loup, Herbe aux fées, Herbe aux boeufs, Herbe du crû, Marfouré, Parménie, Pas de lion, Patte d'ours, Pied de griffon, Pied de lin, Pommelée), — Tige droite de trois à six décimètres; feuilles glabres, coriaces, digitées, d'un vert foncé, à divisions pointues et dentées; fleurs verdâtres, un peu rouges sur leur bord.
    — Vivace.

    0bs. Cette espèce est très-commune le long des chemins, sur les pelouses, dans les lieux secs, les pâturages des montagnes. Les bestiaux n'y touchent pas, et si quelquefois les bêtes à laine en broutent accidentellement les sommités, elles sont violemment purgées, et la mort est quelquefois la suite de cette ingestion.
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 6 - J. L. M. POIRET - 1829
  • HELLÉBORE.

    Les hellébores sont des plantes très-remarquables par leur port, par la forme de leur feuillage, et surtout par le caractère de leurs fleurs. Chacune d'elles est composée de cinq grandes folioles colorées; de cinq pétales en tube, beaucoup plus courts que le calice ; les étamines nombreuses; quelques ovaires auxquels succèdent des capsules comprimées, à une seule loge, s'ouvrant d'un seul côté et renfermant plusieurs semences. Les feuilles sont grandes, digitées ou palmées.
    On a peine à croire, dans un siècle d'observations, à l'influence qu'ont sur l'esprit des hommes, les opinions accréditées par ceux d'entre eux qui, à force de charlatanisme, ont obtenu leur confiance. Les fables les plus absurdes sont souvent devenues le fondement des propriétés de beaucoup de plantes en grande réputation : une espèce d'hellébore est reconnu, dès les siècles les plus reculés, chez les Grecs et les Égyptiens, pour un purgatif très - violent. Plus un remède produit d'effet, plus on le croit efficace; et lorsque la constitution robuste de quelques individus peut résister à l'action de ces remèdes, il n'en faut pas davantage pour lui donner de la célébrité. Telle a été l'origine de celle de l'hellébore, et pour fortifier la confiance, on a débité à son sujet un conte ridicule. On a supposé qu'un berger,nommé Mélampe, avait remarqué que ses chèvres étaient fortement purgées lorsqu'elles avaient brouté l'hellébore ; et comme si les purgatifs étaient rares dans la nature, il publie cette heureuse découverte, en fait l'application aux maladies de l'homme, et le voilà, comme beaucoup d'autres, devenu un médecin tellement célèbre, que Proetus, roi d'Argos, l'appelle auprès de lui pour guérir la folie de ses filles qui se croyaient changées en vaches. Il réussit, dit-on, et la main d'une de ces princesses fut sa récompense: l'on éleva par la suite des temples en son honneur, et le nom de melampodium fut donné à l'hellébore, mieux caractérisé par ce dernier nom composé du grec elein (qui tue), bora (nourriture), aliment qui fait mourir. Tel est le récit que nous trouvons à ce sujet, dans Hérodote, Pline, Dioscoride , etc.

    La prétendue guérison des filles de Proetus fit attribuer à l'hellébore la propriété de rétablir la raison égarée. C'était vouloir guérir une folie par une autre, et cependant cette extravagance s'accrédita tellement qu'il ne restait aucun doute sur l'efficacité de ce remède. Anticyre était le lieu de la Grèce qui fournissait le meilleur hellébore; d'où est venu le proverbe d'envoyer à Anticyre les personnes auxquelles on attribuait une maladie de cerveau. Une plante aussi renommée ne pouvait être employée sans beaucoup de superstitions et de cérémonies religieuses rapportées par les auteurs que j'ai cités plus haut. C'est ainsi qu'une confiance aveugle a donné, pendant une longue suite de siècles, une grande célébrité à un poison violent : à la fin, effrayé des effets funestes produits par son usage, on finit par amortir son action avec des correctifs ; il eût été bien plus sage d'y renoncer, comme on l'a fait depuis. Il a fallu, pour en venir là, plus de deux mille ans d'expérience, tant les préjugés en médecine sont difficiles à détruire, et lorsque nous les suivons de siècle en siècle, il ne serait pas étonnant que dans quelques centaines d'années, peut-être plus tôt, la pratique d'aujourd'hui ne soit désapprouvée par la postérité. Que de noms célèbres sont restés, tandis que les titres de leur illustration ont été heureusement oubliés pour leur gloire !
    L'espèce la plus commune est l'HELLÉBORE FÉTIDE, ou PIED DE GRIFFON (helleborusfoetidus, Linn.), qui croît partout en France, dans les contrées tempérées, aux lieux incultes, stériles et pierreux. Ses fleurs sont verdâtres, un peu rouges à leurs bords, presque en corymbe ; les étamines de la longueur du calice; les feuilles d'un vert-sombre et pâle, composées de digitations étroites, lancéolées. Cette plante répand une odeur fétide.
  • Les plantes Médicinales - Dr Fr. LOSCH - 1906
  • Hellébore fétide. Pied-de-Griffon. Rose de serpent. Helleborus foetidus L.

    Plante glabre, vivace, à tige persistant pendant l'hiver, robuste, dressée, présentant inférieurement les cicatrices des feuilles détruites, feuillées supé- rieurement, multiflores. Feuilles coriaces d'un vert foncé, à partition palmée, à segments lancéolés, dentés en scie..
    Fleurs penchées, à sépales verdâtres ordinairement bordés de pourpre.

    L'hellébore fétide fleurit de mars en mai, de préférence dans les terrains calcaires et sur les pentes rocailleuses et sèches. Son odeur est forte, désagréable; sa saveur est acre.

    Emploi et dangers. L'hellébore fétide est une plante très vénéneuse qu'il est dangereux de laisser pénétrer dans l'organisme. Les campagnards s'en servent çà et là, en décoction dans de l'eau, pour détruire les poux et autres insectes, mais les anciens herboristes se rendaient déjà parfaitement compte de sa nocivité puisqu'ils la préconisaient pour la destruction des loups et des renards.