Germandrée petit-chêne
NOM LATIN : Teucrium chamaedrys
FAMILLE : Lamiaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 599. — TEUCRIUM L. — Germandrée.
(Dédié à Teucer, prince de Troie, qui découvrit, dit-on, les propriétés de la Germandrée.)
Galice tubuleux ou en cloche, à 5 dents presque égales, plus rarement bilabié ; corolle ordinairement caduque, unilabiée, à tube court et dépourvu d'anneau de poils en
dedans, à lèvre supérieure paraissant nulle, mais formée en réalité de 2 petits lobes
rejetés sur les côtés, ce qui fait paraître la lèvre inférieure a 5 lobes, le médian plus
grand, arrondi, concave ; 4 étamines didynames, rapprochées-ascendantes, très sail-
lantes entre les 2 lobes supérieurs ; anthères à loges confluentes ; carpelles ovoïdes,
rugueux ou presque lisses.
Fleurs purpurines, jaunes, blanches ou bleues, axillaires, ou en grappes ou en têtes
terminales ; feuilles simples ou divisées ; plantes herbacées ou ligneuses, plus ou moins
aromatiques.
Environ 100 espèces habitant les régions tempérées et chaudes de tout le globe.
Toutes sont amères, toniques, excitantes.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2983. — T. Chamœdrys L . Petit chêne. —
Plante vivace de 10 - 30 cm., presque ligneuse à la base, gazonnante, velue; tiges grêles, couchées ou ascendantes, radicantes à la base ; feuilles atténuées en court péliole, ovales ou oblongues en coin, fortement crénelées, nervées, un peu coriaces, poilues ou glabrescentes, luisantes en dessus, les florales supérieures plus courtes que les fleurs; fleurs purpurines, subsessiles, 3 - 6 par verticille, en grappes peu allongées, feuillées, unilatérales, assez serrées; calice rougeâtre, poilu, en cloche, un peu bossu à ht base, à dents lancéolées, presque égales, plus courtes que le tube.
Lieux arides, surtout calcaires, dans presque toute la France et en Corsé.
- Europe centrale et méridionale ; Asie occidentale; Afrique septentrionale.
= Mai-septembre.
- Usité comme fébrifuge:
Histoire des plantes de l'Europe - Tome 4 - J. L. M. POIRET - 1827
TEUCRIUM ou GERMANDREE.
(Teucrium, Linn.)
LES TEUCRIUM ou GERMANDREES forment un genre très-rapproché du précédent, surtout par la lèvre supérieure de la corolle à peine visible, profondément divisée en deux dents, d'entre lesquelles sortent les étamines; le tube est plus court que le calice, qui lui-méme est assez généralement tubulé, à cinq dents: les semences sont lisses et non réticulées. Les nombreuses espèces qui composent ce genre brillent peu par la beauté de leurs fleurs; il en est cependant d'assez agréables, surtout parmi les espèces ligneuses elles forment, la plupart, de jolis arbustes, dont plusieurs sont cultivés dans les jardins. Ces plantes piquent d'ailleurs la curiosité par la grande variété de leurs formes, tellement qu'on serait porté à croire que plusieurs genres différents ont été réunis en un seul, s'ils n'offraient tous les mêmes caractères dans leurs fleurs : les teucrium présentent encore un autre intérêt dans les propriétés particulières de plusieurs de leurs espèces. Les unes fournissent des huiles aromatiques, employées dans les parfumeries, d'autres entrent comme remèdes dans la matière médicale.
C'est particulièrement dans les feuilles qu'existe la source de leurs parfums.
Le nom de teucrium, au rapport de Pline (lib. 25, cap. 5), vient de Teucer, frère d'Ajax. Son nom fut appliqué à une plante dont on lui
attribuait la découverte, qui aujourd'hui nous est inconnue. et que l'on employait dans les maladies de la rate. Peu de nos teucrium ont été
mentionnés par les anciens, encore nous laissent-ils dans le doute.
Les teucrium habitent les contrées tempérées de l'Europe; ils s'étendent particulièrement dans celles du Midi, fuient le Nord, recherchent, sur les rochers, une exposition au soleil; quelques-uns pénètrent dans les bois, d'autres se répandent dans les champs, très-peu dans les prés humides.
Les troupeaux ne touchent point à ces plantes.
Le TEUCRIUM PETIT CIIENE ou la GERMANDRÉE, (teucrium chamœdrys, Linn.) est un petit arbuste assez élégant, qui croît sur les coteaux secs, parmi les pelouses, dans les bois montagneux. C'est une
espèce assez commune, qui craint bien moins le froid que les autres, plus rare dans les contrées méridionales que dans les tempérées. Elle fleurit en juillet et août. La forme et les lobes de ses feuilles lui ont fait donner le nom de petit chêne. Ses tiges sont grèles, un peu velues, rameuses dès leur base; les fleurs purpurines, quelquefois blanches, réunies deux ou trois dans les aisselles des feuilles supérieures. Elle varie de grandeur selon les localités. Sa saveur peu amère, son odeur faiblement aromatique, sont loin de justifier la
grande renommée dont cette plante a joui dès les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Elle paraît devoir se rapporter au chamœdryos de
Dioscoride ( lib. 3, cap. 96).
Traité des Pantes fourragères, ou Flore des prairies ... - H. LECOQ - 1844
Genre Gerniandrée, Teucrium, L.
Calice tubuleux à cinq divisions; lèvre supérieure de la corolle à peine visible, bifide, l'inférieure étalée, grande, trilobée; étamines sortant entre la fente de la petite lèvre; fruits lisses.
Obs. Quoique ce genre soit nombreux, il n'y a qu'un petit nombre de ses espèces qui croissent dans les prés ;
ce sont les quatre suivantes.
GERMANDRÉE PETIT CHENE,
Teucrium chamoedris, L. (Calamendrier, Chêneau, Chénette, Germandrée officinale, Herbe des fièvres, Sauge amère, Thériaque d'Angleterre ).
— Tiges rameuses, dressées ou couchées, velues; feuilles ovales, crénelées ou presque inclinées à la base ; fleurs rouges. — Vivace.
0bs. On la trouve sur les coteaux secs, parmi les pelouses, dans les bois montagneux. Elle fleurit en juillet.
Les bestiaux n'y touchent pas.
Les plantes Médicinales - Dr Fr. LOSCH - 1906
Germandrée. Teucrium chamaedrys L. Petit chêne. Chenette. Sauge amère. Chasse-fièvre.
La germandrée est une plante vivace, sous-frutes cente, dont la souche ligneuse et très rameuse émet de nombreuses tiges de 10 - 30 cm. de hauteur. Ces dernières sont d'abord couchées, puis redressées, velues, souvent pourpres au sommet, plus ou moins dépourvues de feuilles à la base
et disposées en touffe. Les feuilles sont ovales-oblongues, obtuses, atténuées en pétiole, fortement crénelées — on les a comparées à celles du chêne — ordinairement luisantes en dessus, d'un vert pâle en dessous.
Ses fleurs sont roses ou purpurines, rarement blanches, et réunies par deux ou trois à l'aisselle des feuilles supérieures.
La germandrée croît sur les collines pierreuses, dans les lieux arides, sur les murs, à la lisière des bois et,
assez souvent, dans les parterres où ses bordures sont du plus bel effet.
Elle fleurit de juin en août avec une odeur légèrement balsamique et une saveur amère très prononcée.
Emploi - La germandrée, comme tant d'autres, est une plante déchue que l'on ne considère plus guère de nos jours que comme un tonique et un apéritif légers à recommander en tisane dans les cas de dyspepsie.
Sa vogue, autrefois, et ses propriétés curatives étaient tout autres. Sa décoction en eau ou en vin était préconisée contre les rhumes de poitrine, les rétentions d'urine, les prédispositions à l'hydropisie, les menstruations rebelles, les fièvres intermittentes et la goutte. Chomel (1850) la prescrit à la dose de 4 - 5 gr. de poudre pris 3 jours durant contre les fièvres ; Mathiole, au XVIme siècle, la fait macérer pendant 12 heures dans du vin pour l'administrer ensuite contre la peste, la migraine et les vers. D'autres la donnent aux goutteux,
le matin à jeun, soixante jours de suite, sous forme d'une bonne lampée chaude d'une décoction dans du vin blanc. Et c'est la germandrée, au dire de Vésale, le créateur de l'anatomie moderne et la victime de la sainte Inquisition, que les médecins de Gênes recommandèrent à l'empereur Charles-Quint pour se garer des morsures de cette désagréable affection. Ce n'est pas tout, car les anciens thérapeutistes préconisent encore la germandrée comme vulnéraire et antihémorroïdale, soit qu'on l'utilise simplement en poudre, soit qu'on s'en serve avec du
vinaigre, du vin, du miel ou de l'huile d'olive.