LES PLANTES SAUVAGES

Digitalis lutea - Digitale jaune
NOM LATIN : Digitalis lutea
FAMILLE : Scrophulariaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 553. - DIGITALIS L. - Digitale.

(Du latin digitus, doigt, ou digitale, dé: à cause de la forme de la corolle, dans laquelle on
peut introduire le doigt.)

Calice profondément divisé en 5 lobes inégaux; corolle tubuleuse en cloche, rétrécie à la base, à limbe oblique et à 2 lèvres peu distinctes, la supérieure échancrée ou entière, l'inférieure à 3 lobes inégaux ; 4 étamines didynames, anthères à 2 loges divergentes s'ouvrant en long ; style filiforme, à stigmate bifide ; capsule ovale-acuminée, à 2 loges polyspermes, s'ouvrant en 2 valves.
Fleurs purpurines ou jaunâtres, grandes, en grappes terminales unilatérales ; feuilles grandes, alternes, dentées ou crénelées ; plantes herbacées, à liges robustes, dressées, simples.

Environ 18 espèces habitant l'Europe, l'Afrique septentrionale, l'Asie occidentale et centrale. La plupart font, par leurs belles fleurs, l'ornement de nos jardins; les feuilles, riches en digitaline, un des poisons les plus actifs, sont fréquemment employées pour calmer les contractions du coeur.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2709 . - D. lutea L.

Plante vivace de 80 c m . à 1 mètre, verte, glabre ou presque glabre, à fige pleine, très fouillée ; feuilles luisantes on dessus, glabres sur les deux faces, ciliées, à nervures secondaires peu saillantes, non réticulées, denticulées, toutes longuement lancéolées, les inférieures courtement pétiolées, les caulinaires sessiles et arrondies à la base; fleurs d'un blanc jaunâtre, non tachées ni veinées, moyennes, étalées, en longues grappes serrées; calice glabre ou cilié, à lobes lancéolés-linéaires, dressés ; corolle de 18 à 20 mm. de long sur 5 à 7 de large, un peu ventrue, glabre en
dehors; capsule ovoïde-conique, glabrescente.
Varie à plante velue (var. PUBESCENS Breb.).

Bois et coteaux pierreux, dans presque toute la France et en Corse.
Europe centrale, d'Espagne et de Belgique à la Hongrie et la Galicie; Maroc.

= Juin à août.
  • Extrait de : Essai sur la digitale - Dr A.C. LEGROUX - 1867
  • A quelle époque a-t-on commencé à faire usage de la digitale? Plusieurs auteurs prétendent que cette plante n'est autre chose que le baccharis des anciens, dont Hippocrate se servait dans les affections utérines et dont Dioscoride a fait un grand éloge. Mes recherches dans ces deux auteurs m'ont persuadé que cette assertion est erronée; et, en parcourant le traité des poisons de Maimonide, écrit vers 1199 ou 1200, je n'ai pu retrouver rien qui ait rapport à la digitale.
    Ce n'est que vers 1721 qu'on la trouve citée dans la pharmacopée de Londres. Elle est rayée dans l'édition de 1746 et admise de nouveau dans celle de 1788.
    La pharmacopée d'Édimbourg l'adopte en 1744, l'exclut de 1756 à 1774, et la mentionne de nouveau en 1783.
    Fuschius, en 1535, en avait donné le premier une description précise et s'en était servi dans les maladies de poitrine.
    Withering, en 1773, fait des essais cliniques nombreux et la prescrit en 1775 à l'hôpital de Birmingham.
    Il communique les résultats de ses expériences à la Société de médecine d'Édimbourg en 1779. Nous aurons occasion de revenir dans le cours de ce travail sur les résultats importants auxquels il était arrivé.
    A partir de cette époque, les études sur la digitale se multiplient, et dès le commencement de ce siècle, on possédait déjà des notions assez précises sur ses caractères botaniques et ses propriétés.
    Puis Leroyer, de Genève, dans ses analyses sur la digitale, avait reconnu un principe actif qu'il appela digitaline, principe que MM. Homolle et Quévenne obtinrent les premiers à l'état de pureté, vers 1840, et cette découverte vint apporter plus de précision dans l'étude des propriétés de la plante et de ses applications.
    Mon intention n'est pas de m'étendre sur les caractères botaniques de la digitale. Cette plante est assez connue pour que je n'aie pas besoin d'entrer dans beaucoup de détails sur ses caractères.
    La digitale (digitalis) est une plante Herbacée de la famille des scrofulariacées, et fait partie de la deuxième tribu : les scrofulariées.
    Le genre digitalis renferme plusieurs variétés dont les deux principales sont la digitalis purpurea et la digitalis lutea. Les autres variétés paraissent être des hybrides de ces deux principales (Mérat et Delens).
    La digitalis lutea, digitale jaune, est reconnue par beaucoup d'auteurs comme étant moins active que la digitalis purpurea, aussi ne nous occuperons­nous que de cette dernière.
  • Extrait de : Digitale - ses propriétés, ses effets - Dr Bonnière - 1864
  • La digitaline se présente sous la forme d'une masse pulvérulente, d'une couleur jaune-pâle, offrant à peine des traces de cristallisation.
    Elle offre une saveur extrêmement amère : un seul gramme de cette matière communique à 200 litres d'eau une amertume très appréciable!
    Comme elle est plus lourde que l'eau, elle se précipite au fond des vases dans lesquels on la projette, sans se fondre d'une manière sensible: un litre d'eau n'en dissout que lentement 50 centigrammes.
    L'alcool concentré en dissout de grandes quantités; l'éther pur n'en dissout que 1/100° de son poids. - PROPRIÉTÉS MÉDICINALES ET VÉNÉNEUSES.
    L'effet le plus remarquable des préparations de digitale est de ralentir la circulation : ainsi le pouls qui donnait soixante-dix pulsations peut, sous leur influence, être amené à n'en donner plus que 30 ou 40, après un espace de temps plus ou moins long et variable selon les sujets; c'est l'impression produite par ce ralentissement que M. Barbier a rendue d'une manière si pittoresque : « Lorsque, le doigt posé sur l'artère, on attend les battements du pouls, on s'étonne de les sentir si loin les uns des autres : on se demande si les mouvements de la vie ne vont pas s'interrompre.
    On remarque constamment une augmentation considérable de la sécrétion urinaire, dont la quantité est proportionnelle à l'abaissement du pouls, de sorte qu'on peut juger de la puissance sédative d'une préparation de digitale par sa puissance diurétique.
    Un phénomène très remarquable est que le ralentissement du pouls est toujours plus considérable après la cessation de l'usage des préparations de digitale que pendant leur emploi: c'est aujourd'hui un fait mis hors de doute ; cette persistance d'action ou même cet accroissement dureront parfois jusqu'à dix et quinze jours, de sorte qu'on peut impunément, et quelquefois avec avantage, suspendre l'ingestion du médicament pendant ce laps de temps.
    En général, on peut dire que la digitaline atteint son maximum d'effet immédiat cinq ou six heures après avoir été introduite dans l'estomac.
    Un second effet de la digitaline, lorsque la dose est trop élevée, est de produire des nausées et des vomissements, ou au moins des tiraillements d'estomac avec des envies de manger, quelquefois des sentiments de défaillance de cet organe.
    Si la dose est toxique, au delà de .10 à 20 milli­grammes, par exemple, les nausées et les vomissements ne font jamais défau t, et la mort peut arriver, quoiqu'une partie du poison ait été rejetée avec les matières vomies.,Nous sommes loin de partager, sur ce point, l'opinion de MM. Homolle et Quevenne, lorsqu'ils disent que « les vomissements débarrassent l'économie de l'excès du médicament non encore absorbé, et, remplissant pour ainsi dire l'office de soupape de sureté; mettent obstacle au développement des accidents véritablement toxiques.» Il est malheureusement loin d'en être ainsi.
    En même temps que les nausées, il se manifeste une vive anxiété précordiale, comparable à celle du mal de mer; la langue est sèche, et cependant les malades refusent les boissons qu'on leur présente parce qu'elles font redoubler les vomissements : maux de tête violents; face pâle, lèvres violacées, figure inquiète, pupilles dilatées, rêves fatigants, vertiges, bourdonnements d'oreilles, faiblesse extrème et tremblement des membres, impossibilité de se tenir debout, bourdonnements d'oreilles; enfin, prostration extrême. Pendant ce temps, le ventre est rétracté ; généralement il y a des coliques violentes avec selles diarrhétiques abondantes, mais ce phénomène manque quelquefois; suppression des urines; refroidissement des extrémités et sueurs froides. Quelquefois tous ces symptômes se trouvent réunis, d'autres fois quelques-uns peuvent n'être que peu ou point perceptibles, mais ils manquent rarement d'une manière complète. - Ensuite viennent les syncopes et la mort.