Chèvrefeuille des bois
Lieu et date de prise de vue : Charente - Commune de Dignac - Juin
NOM LATIN : Lonicera periclymenum
FAMILLE : Caprifoliaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 329. - LONICERA L . - Chèvre feuille.
(Dédié à Lonicer, botaniste allemand, mort en 1586.)
Calice à 5 dents courtes; corolle irrégulière, à long tube dilaté au sommet et fendu en 2 lèvres, l'inférieure entière, la supérieure à 4 lobes, parfois corolle presque régulière en cloche; 5 étamines; 1 style long, filiforme, à stigmate en tète ou un peu trilobé; baie à 2-3 loges et à plusieurs graines.
Fleurs blanches, jaunâtres ou rougeâtres, axillaires ou en tètes terminales; feuilles entières, courtement pédonculées, sessiles ou perfoliées, sans stipules ; arbrisseaux peu élevés, souvent grimpants.
Environ 100 espèces habitant les régions tempérées et tropicales de l'hémisphère boréal. Plusieurs sont cultivées dans les parterres ou servent à garnir des palissades. Les fleurs sont béchiques et calmantes; les baies, non comestibles, diurétiques et émétiques.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
1655. - L . Periclymenum L. Chèvrefeuille des bois.
Sous-arbrisseau de 1 à 3 mètres et plus, voluble, à jeunes rameaux pubescents au sommet ; feuilles
caduques, souvent molles et minces, ovales-lancéolées, aiguës, sans bordure transparente, glabres ou pubescentes, les supérieures sessiles, non connées; fleurs d'un blanc jaunâtre ou rougeâtre, odorantes, sessiles, verticillées en tètes terminales longuement pédonculées; calice à dents lancéolées-aiguës; corolle pubescente-glanduleuse, à tube plus long que le limbe; style glabre; baies ovoïdes, rouges.
Haies et bois, surtout des terrains siliceux, dans presque toute la France; rare dans la région méditerranéenne.
Europe, surtout centrale, jusqu'à la Suède; Afrique septentrionale.
= Juin à septembre.
FLORE MEDICALE - Tome 2 - MM. CHAUMETON, POIRET, CHAMBERET - 1815
Italien CAPRIFOGLIO; CAPRIFOLIO; MADRESELVA.
Espagnol. MADRESELVA.
Français CHÈVRE-FEUILLE; CHÈVRE-FEUILLE DES ROIS.
Anglais HONEY-SUCKLE; WOODBINE.
Allemand.. GEISSBLATT; SFECKLILIE; WALDWINDE; JE LAENGER JE LIEBER ; HAHNENFUESLEIN.
Hollandais CAPERFOELY; KAMPERFOELY; GEITENBLAD ; WEE-WINDE.
DANS presque tous les bois, dans la plupart des haies de la France,
de l'Allemagne, de la Hollande, de l'Angleterre, on trouve ce bel
arbrisseau, qui forme trois variétés tellement distinctes, que certains
botanistes les ont signalées comme de véritables espèces : le chèvre-
feuille des bois velu, le glabre, et celui à feuilles de chêne. Rien que
la première de ces variétés soit notre chèvre-feuille le plus ordinaire,
je vais décrire la seconde, pour que le texte soit en harmonie parfaite avec la figure, qui, d'ailleurs, a été dessinée sur un individu
cueilli dans les bois de Sèvres. Rien ne prouve mieux, à mon avis,
que la présence ou l'absence des poils est purement accidentelle.
La racine du chèvre-feuille glabre est ligneuse, partagée en plusieurs grosses fibres rampantes et stolonifères.
Les tiges, sarmenteuses, grimpent et s'entortillent autour des arbres.
( On présume que le chèvre-feuille doit à cette faculté de grimper, de s'entortiller, le nom de periclymenum., j'entoure, j'enveloppe, et peut-
être aussi son titre vulgaire caprifolium, dont chèvre-feuille est la traduction
française littérale', parce que, dit Théis, il grimpe comme une chèvre; vel quod
folia sint in extremis flexibus capreolata, suivant Lobel, Boecler, par exemple, voient dans le mot caprifolium l'empressement avec
lequel les chèvres broutent les feuilles de cet arbrisseau. Quant à la dénomination
générique, elle rappelle un célèbre naturaliste allemand du seizième siècle,
Adam Lonicer. )
Les feuilles, ovales, allongées, pointues, rétrécies à leur base, sont opposées et
sessiles.
Les fleurs, grandes, rougeâtres en dehors, jaunâtres en
dedans, sont disposées en jolis bouquets terminaux, qui sont épanouis durant toute la saison de l'été. Chaque fleur présente un
calice supérieur petit et à cinq dents, une corolle monopétale, lubuleuse, dont le limbe est partagé en cinq découpures inégales,
l'inférieure étant plus grande et plus ouverte que les autres; cinq étamines, dont les filamens portent des anthères oblongues ; un ovaire
inférieur, arrondi, duquel s'élève un style couronné par un stigmate obtus.
Les fruits, agglomérés en manière de tête, sont des baies
globuleuses, rouges, dont chacune contient, au milieu de sa pulpe,
quatre ou cinq graines assez dures, aplaties d'un côté, convexes de
l'autre.
Si le chèvre-feuille de nos haies doit céder la première place, dans
les jardins, à une espèce plus brillante et plus suave, il y figure
encore d'une manière très-agréable au second rang. Toutefois, le
mérite de ce charmant arbrisseau ne se borne point à servir d'ornement; il possède bien d'autres qualités, s'il faut en croire certains
économistes et un grand nombre de médecins. La racine fournit suivant Reuss, une couleur bleu-ciel, et Suckow dit que les jeunes
branches peuvent aussi être employées dans l'art tinctorial. On fait,
avec les tiges et les rameaux, des dents pour les herses, des peignes
pour les tisserands, des tuyaux de pipes à fumer. L'écorce a été
proposée par Koenig et par Boecler comme un sudorifique utile dans
la goutte vague et la syphilis. Les feuilles, broutées par les vaches, les
brebis et les chèvres, sont négligées par les chevaux. Schroeder, Roecler, Chomel, les prescrivent à l'extérieur et à l'intérieur;
ils assurent que leur décoction est diurétique, et Gardane en compose un
gargarisme dont il vante l'efficacilé dans l'angine : pilées fraîches,
et appliquées sur la peau , elles accélèrent, dit-on, la cure des exanthèmes qui la souillent. On ajoute que le suc exprimé de ces feuilles
jouit des mêmes vertus.
Quant aux fleurs, elles ont été célébrées par Hofmann et Rondelet comme cordiales, céphaliques, anti-asthmatiques,
et souveraines pour faciliter l'accouchement. On en préparait jadis une eau distillée, une huile par infusion, et un sirop que
l'on supposait infaillible pour suspendre et dissiper le hoquet. Les
fruits du chèvre-feuille n'ont point été oubliés par les thérapeutistes.
Dioscorides a débité sur leurs propriétés merveilleuses des contes
tellement absurdes, que je n'ose les répéter. Digérées en vaisseau
clos, dans du fumier de cheval, ces baies se résolvent en une liqueur huileuse, dans laquelle George Agricola voit un baume
polychreste, auquel les plaies récentes les plus graves ne résistent jamais.
Que faut-il penser maintenant de ces éloges fastueux que l'expérience n'a point confirmés? c'est que les plus illustres médecins ont
rarement su se préserver de l'erreur dans l'appréciation des drogues.
Il est si facile, et parfois si doux de mettre les prestiges d'une imagination exaltée à la place d'un jugement froid et d'une saine
observation!
Histoire des plantes de l'Europe - Tome 5 - J. L. M. POIRET - 1827
CHÈVREFEUILLE.
D’anciens botanistes ont donné à nos chèvrefeuilles (lonicera, Linn.) le nom de periclymenum, d’après une plante mentionnée dans
Dioscoride, mais qui n’a, avec les chèvrefeuilles, que des rapports très-éloignés, quoique d’habiles
botanistes, tel que Sprengel, soient pour l’affirmative. Ce nom a pour base le mot clymenum, autre
plante de Dioscoride, à laquelle, selon Pline, a été appliqué le nom d’un roi appelé Clymène,
qui, le premier, découvrit ou mit cette plante en usage: d’autres lui attribuent, pour étymologie , le mot grec pericléio ( j’entoure ) :
puis comparant nos plantes aux chèvres qui aiment à
grimper, on a employé le nom de chèvrefeuille
{caprifolium) pour des arbrisseaux qui grimpent
comme elles, ou mieux, parce qu’elles en broutent les feuilles. Linnée, réunissant en un seul
genre des espèces citées sous des noms différents,
l’a consacré à la mémoire de Lonicer, botaniste
allemand, qui a publié une histoire des plantes
très-recherchée en son temps.
Le CHÈVREFEUILLE DES BOIS (lonicera periclymenum Linn.) n’est guère moins agréable que
le précédent, auquel il ressemble beaucoup : il
n’en diffère que par ses feuilles toutes libres, et
jamais réunies à leur base; elles sont souvent un
peu velues en dessous, ainsi que les rameaux. Les
fleurs sont d’un blanc jaunâtre, ou un peu rougeâtres en dehors, réunies plusieurs ensemble
en têtes terminales ; elles répandent une odeur
agréable, et paraissent au commencement de l’été.
Ce joli arbrisseau est très-commun partout dans les bois et les haies. Je laisse les propriétés au
moins douteuses de cette plante, dont les baies
sont très-suspectes; elle a d’autres qualités qui la
rendent intéressante. Outre les charmes qu’elle
répand dans les bosquets champêtres, on dit que
sa racine fournit une couleur bleu-de-ciel, que
ses jeunes rameaux peuvent aussi être employés
dans l’art tinctorial. On fabrique avec ses tiges et
ses branches des dents pour les herses, des peignes pour les tisserands, des tuyaux de pipes à
fumer. Les feuilles sont broutées par les vaches,
les brebis et les chèvres. On emploie aux mêmes
usages le chèvrefeuille des buissons. On y rencontre, ainsi que sur plusieurs autres espèces, le
papilio sibilla, Linn.; le sphinx fuciformis Linn.;
le tenthredo lonicerœ., Gmel. Syst.- Rustica Linn.;
le phalœna imniorata — dentella., Linn.
Traité des Plantes fourragères, ou Flore des prairies ... - H. LECOQ - 1844
Genre Chèvrefeuille, Lonicera, L.
Calice à cinq dents ; corolle en tube, divisée en cinq parties irrégulières ; baie à deux loges.
CHÈVREFEUILLE DES ROIS, Lonicera penclymenum, L. (Cranquiller).
- Tiges grimpantes, volubiles; feuilles libres et jamais réunies à
la base, souvent molles et velues en dessous ; fleurs d'un blanc jaunâtre
, un peu rougeàtres en dessous et réunies en tète terminale.
Vivace.
0bs. Cet arbrisseau est commun dans les bois et dans
les haies, surtout dans le nord de la France. Les vaches,
les chèvres et les moutons mangent volontiers ses feuilles. Il en est de même du L. caprifolium, L., cultivé
dans les jardins, et du L. etrusca, Sainti, qui, en Auvergne, et aussi dans le Midi, remplace souvent le
periclymenum.