Carotte Sauvage
NOM LATIN : Daucus carota
FAMILLE : Apiaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 258. - DAUCUS L. - Carotte.
(Du grec daucos, nom donné par les Grecs à diverses Ombelliléres.)
Calice à !i dénis très courtes, dressées ; pétales émargiués, à pointe courbée eu dedans, les extérieurs souvent rayonnants, bifides ; styles courts ; fruit ovale ou elliptique, un peu comprimé par le dos, hérissé d'aiguillons ; méricarpes à 9 côtes, 5 primaires, filiformes, hérissées de soies divergentes, 4 secondaires plus grandes, ailées, armées d'aiguillons disposés sur 1 seul rang ; vallécules à 1 bandelette ; carpophore libre, bifide ; graine à face commissurale plane.
Fleurs blanches ou rosées, en ombelles régulières à 8-40 rayons, offrant souvent au centre une fleur purpurine stérile; involucre à folioles nombreuses, pennatiséquées ; involucelle à folioles simples ou trifides ; feuilles inférieures bi-tripcnnaliséquées, à
segments pétioles ; plantes plus ou moins hérissées, à racine pivotante.
Environ 20 espèces indigènes ou introduites dans presque tout le globe.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
1473. - D. Carota L.
Plante bisannuelle de 30 à 80 cm., à rameaux étalés; feuilles molles, les inférieures oblongues, bi pennatiséquées, à segments ovales ou oblongs, incisés-dentés ; fleurs blanches ou rosées, celles de la circonférence rayonnantes, la centrale presque toujours purpurine ; ombelles grandes, à 20 à 40 rayons grêles, arqués-convergents à la maturité; involucelle à folioles linéaires-acuminées, membraneuses au bord, entières ou trifides ; fruit ellipsoïde, à aiguillons en alène, distincts ci la base, égalant environ sa largeur. Champs et coteaux, dans toute la France et en Corse.
Europe; Asie occidentale et centrale, Sibérie; Afrique septentrionale.
= Mai à octobre.
- La racine, devenue charnue par la culture, constitue l'un de nos meilleurs légumes : elle est apéritive, diurétique et adoucissante.
FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
FLORE MEDICALE - Tome 2 - MM. CHAUMETON, POIRET, CHAMBERET - 1834
- DAUCUS VULGARIS; Tournefort, clas. 7, ombellifères.
DAUCUS CAROTA, seminibus hispidis, petiolis subtils nervosis; Linné,
clas. 5, pentandrie digynie; — Jussieu, clas. 12, ord. 2, ombellifères.
Italien ..... CAROTA ; DAUCO.
Espagnol ..... ZANAHORIA.
Français ..... CAROTTE.
Anglais ...... CARROT; BIRD'S NEST.
Allemand ..... MOEKRE; MOHRRUEBE; VOGEINEST ; KAROTTE.
Hollandais ... PEEN VOGELNEST; KAROTE.
Suédois ...... MOROT.
Polonais ..... MARCHEW
IL est certain que la culture améliore, perfectionne la carotte sauvage, sans altérer notablement ses caractères botaniques. Toute, fois, cette dernière étant la souche primitive, et en quelque sorte le type originel de la plante, c'est elle que je vais décrire. On la trouve communément dans les prés, sur le bord des champs et le long des chemins.
La racine, blanche jaunâtre, dure, grêle, fusiforme, s'enfonce profondément dans le sol, jetant çà et là quelques ramuscules.
— La tige, herbacée, rameuse, légèrement cannelée, chargée de poils courts, s'élève à la hauteur de deux ou trois pieds.
— Les feuilles, amplexicaules, grandes, molles, deux ou trois fois ailées, ont leurs folioles partagées en découpures très-étroites et pointues.
— Les fleurs sont disposées en onibelles doubles, qui, planes pendant la floraison, se contractent et deviennent concaves à mesure que le fruit approche de sa maturité ( C'est par allusion à la forme de cette concavité que les Anglais, les Allemands et les Hollandais ont nommé la carotte nid d'oiseau : bird's nest; vogelnest.). L'ombelle générale est munie d'une collerette dont les folioles sont laciniées; celles de la collerette de l'ombellule sont plus simple; Chaque fleur présente cinq pétales, blancs ou rougeâtres, cordiformes, les extérieurs plus grands; cinq étamines, dont les filamens portent les anthères simples; un ovaire inférieur, chargé de deux styles courts.
— Le fruit ovoïde se partage en deux graines aplaties d'un côté, convexes de l'autre, hérissées de
nombreux poils rudes. C'est au zèle de la société établie à Londres pour l'encouragement des arts, dit Dutour (Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle; 1803, tome IV, page 369.), qu'on doit la culture en grand de la carotte. Comme elle pivote beaucoup, elle n'épuise point la superficie du terrain, et par conséquent ne peut nuire aux blés ni aux grains de toute espèce qui sont semés après elle. Cette plante fournit aux bestiaux une nourriture abondante et substantielle. Les boeufs, les moutons, les chevaux et les porcs mangent la racine avec plaisir : elle les engraisse, les maintient en santé, et les rétablit promptement après la maladie; le lait des vaches en est augmenté et rendu meilleur, ainsi que le beurre. Miller assure qu'un arpent de terre ensemencé de carottes donne plus de fourrage que
trois arpens de navets aux moutons, aux cochons et aux boeufs, dont la chair devient en outre plus ferme et plus savoureuse. Ces animaux broutent aussi le jeune feuillage; mais après la floraison ils sont repoussés par l'aspérité des tiges et des graines de cette ombellifère, que, pour cette raison, Brugmans regarde comme nuisible aux prairies.
L'agronome Walford est dans l'usage de semer des carottes toutes les fois qu'il fait une plantation de pins ou d'arbres qui se dépouillent. En arrachant les carottes , on fait, selon lui, moins de tort aux
petites racines des arbres qu'en labourant autour d'eux, et le vide qu'elles laissent se remplissant de la terre la plus meuble, les racines encore tendres des jeunes arbres poussent avec plus de facilité.
Il existe plusieurs variétés de carottes, qui se distinguent surtout par la couleur. En France on préfère la jaune : la blanche craint moins l'humidité; la plus recherchée en Hollande est celle d'un rouge vif, appelée communément carotte de Hoorn; les Anglais accordent la prééminence à la carotte orange.
Je connais peu de légumes plus agréables et plus salubres que la carotte, qui tantôt se mange seule, et tantôt parfume et assaisonne les autres alimens. Marggraf en a retiré un sirop ou miel excellent, qui pourtant a refusé de se cristalliser en sucre. Séchée et réduite en poudre, la racine de carotte est utile aux voyageurs, et peut entrer, sous cette forme, dans les potages et dans les ragoûts. On en fait un pain de qualité médiocre, suivant Mattuschka : Forster, Hunter et Hornby en ont retiré de bonne eau-de-vie.
Aux environs de Dusseldorf, d'Elberfeld, dans le canton du Léman et ailleurs, on rôtit la racine de carotte pour la mêler au café en diverses proportions.
Il faut bien parler des propriétés médicinales de la carotte, puisqu'elles ont été fastueusement exaltées. Rosen et Van den Bosch la disent vermifuge; Lacroix compose avec le suc de cette racine un
sirop que je croirais volontiers utile dans certaines dysenteries. La carotte est un des lithontriptiques accumulés dans la rapsodie de Théophile Lobb. Mais elle a surtout été célébrée pour la guérison des ulcères putrides, scrofuleux, scorbutiques et cancéreux, par Sulzer, Michaelis, et tout récemment par M. Bouillon-Lagrange, qui l'administre à l'intérieur et à l'extérieur. Déjà l'illustre Arétée l'avait employée avec succès contre l'éléphantiasis. Le docteur Bridault, de la Rochelle, voyait dans la carotte une véritable panacée. Observateur plus judicieux, M. Montègre pense qu'elle mérite à
peine d'occuper une place dans les officines pharmaceutiques. Sa graine, aromatique, est une des quatre semences chaudes mineures : elle communique à la bière une saveur piquante et une qualité supérieure.
Son infusion théiforme est une boisson stimulante, dont les Anglais font un usage fréquent. L'huile essentielle qu'on en retire par la distillation était regardée jadis comme un excellent diurétique, un précieux emménagogue.Ces vertus éminéntes n'ont point été confirmées par l'expérience des pharmacologistes modernes.
Histoire des plantes de l'Europe - Tome 6 - J. L. M. POIRET - 1829
CAROTTE.
La nature offrait à l'activité du cultivateur, dans la CAROTTE SAUVAGE (daucus carota, Linn.), une plante précieuse par sa racine charnue, fusiforme, à la vérité un peu dure, et qui déjà, en cet état, si elle n'était pas comestible, pouvait du moins servir à donner aux potages une saveur agréable : mais grossie, perfectionnée, adoucie par la culture, elle est devenue un aliment savoureux, très-sain d'une facile digestion, surtout lorsqu'elle est bien cuite, autrement elle occasionne des flatuosités incommodes.
On en distingue plusieurs variétés;
la carottejaune, la blanche, la rouge, la grosse, la petite-jaune, etc. Ces variétés diffèrent aussi par leur saveur.
La CAROTTE SAUVAGE est pourvue d'une tige rude, striée. Les feuilles sont grandes, plusieurs fois ailées ; les folioles partagées en découpures inégales, presque linéaires, aiguës.
Les fleurs sont blanches; les ombelles amples; les rayons, à mesure que les semences mûrissent, se contractent en une sorte de coupe élégante : souvent une fleur du centre avorte, et se convertit en un tubercule charnu, d'un pourpre foncé. Le fruit est ovale, hérissé de poils roides, avec de petites côtes. L'involucre est composé de folioles pinnatifides; elles sont simples aux ombellules, et même aux ombelles dans les sols arides.
Cette plante fleurit dans l'été : elle est fort commune partout dans les prés, sur le bord des champs, jusque dans le Nord.
Le nom de daucus vient du grec daio (j'échauffe), qualité que les vieux auteurs attribuent à la carotte.
Cette plante est très-précieuse sous beaucoup de rapports. Les racines peuvent être desséchées et conservées, soit par morceaux, soit en poudre, pour les usages de la marine. Margraff en a retiré un suc en sirop, Hornbi d'Yorck en a obtenu une eau-de-vie d'un bon goût, très-limpide, et le marc a fourni aux cochons une très-bonne nourriture.
En Europe, on confit au sucre les racines de la carotte ; en Égypte, on les confit au vinaigre: un de mes amis en a formé une sorte de confitures assez agréable.
Les bestiaux sont très-avides des racines et des feuilles de la carotte. C'est pour eux un aliment sain, qui les engraisse, et fournit aux vaches un lait plus abondant, d'une bonne qualité. Les carottes sont d'une grande ressource, surtout au printemps et vers la fin de l'hiver, lorsque les autres aliments viennent à s'altérer. Miller assure qu'un arpent de terre, ensemencé de carottes, donne plus de fourrages que trois arpents de navets pour les moutons, les cochons et les boeufs, dont la chair devient en outre plus ferme et plus savoureuse. Ces animaux broutent aussi les jeunes feuilles; mais après la floraison, ils sont repoussés par l'aspérité des tiges et des semences.
Dans certains cantons, on fait griller les racines de la carotte pour les mêler au café, ou pour donner plus de saveur et de couleur au
bouillon. Les semences sont aromatiques : elles communiquent à la bière une saveur piquante et une qualité supérieure. Quelques médecins ont conseillé la décoction des racines contre la jau- nisse, sans doute à cause de leur couleur, comme celles de la patience : il n'eût pas été plus ridicule de dire qu'elles la communiquaient.