LES PLANTES SAUVAGES

Cardère - Cabaret des oiseaux
NOM LATIN : Dipsacus fullonum (sylvestris)
FAMILLE : Dipsacaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 340. - DIPSACUS L . - Cardère.
(Du grec dipsaô, j'ai soif: allusion aux feuilles caulinaires largement soudées en godet
et retenant l'eau de pluie.)

Involucre coriace, à folioles sur 1-2 rangs, spinescentes, plus longues que les paillettes du réceptacle ; celles-ci coriaces, terminées en pointe épineuse, égalant ou dépassant les fleurs ; calicule sessile, tétragone, à 8 côtes, à limbe court, enlier ou à 4 dents peu distinctes; calice en forme de coupe un peu tétragone, ciliée; corolle à 4 lobes; stigmate entier.
Fleurs d'un rose lilas ou blanches, en tètes subglobuleuses ou ovales-cylindracées ; feuilles coriaces, entières, dentées ou découpées; plantes bisannuelles, robustes, munies d'aiguillons.

Environ 13 espèces habitant l'Europe, l'Asie, l'Afrique septentrionale. Plantes ameres
à racines apérilives ; elles nuisent dans les herbages par leurs grandes dimensions.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
1753. - D. silvestris MiH. Cardère sauvage.

Plante bisannuelle dépassant souvent 1 mètre, à tige robuste, sillonnée, aiguillonnée ; feuilles glabres, garnies d'aiguillons sur la nervure dorsale et sur les bords, oblongues ou lancéolées, entières, dentées ou un peu sinuées, les supérieures simplement connées ; fleurs d'un rose lilas, en tètes ovales de 5 à 8 cm de long sur 4 de large; folioles de l'involucre arquées-ascendantes,
linéaires en alêne, épineuses, longues de 4 à 18 cm., dépassant la tête florale ; paillettes du réceptacle dressées ou étalées, aristées, plus longues que les fleurs.

Lieux incultes, dans toute la France et en Corse.
Europe centrale et méridionale; Asie occidentale; Afrique septentrionale.

= Juillet à septembre.
  • FLORE de Otto Wilhelm Thomé (1895)
    • NOUVELLE BOTANIQUE MEDICALE..., M. A A MARESCHAL (1883)
    • Etym.: De: Carduus (chardon) dérivant de Cardo, Anse, par allusion aux crochets du calice DIPSACUS dérivé du mot grec qui veut dire :j'ai soif.
      Synonime, vulg.: Chardon-à-Foulon, Chardon-à-Bonnotier, Chardon­à-Carder, Cardère-Foulon, Verge-du-Berger, Verge-du-Pasteur, Cuvette-de-Vénus, Cabaret-des-Oiseaux, Laitue-aux-Anes.
      Plante bisannuelle. Taille de 8 à  115 décim. Tige dressée, rameuse, cannelée, blanchâtre, hérissée d'aiguillons courts, inégaux. Feuilles coriaces, incisées, crénelées dentées ou presque entières, à  nervure médiane chargé en-dessous d'aiguillons plus ou moins nombreux : les radicales, oblongues, atténuées en pétiole; les caulinaires; oblongues lancéolées, largement connées, et formant par leur soudure un godet large et profond. Capitules trés volumineux. Involucre à  folioles étalées-ascendantes, trés inégales, lancéolées ou un peu élargies au sommet ; raids, épineuses. Réceptacle à  paillettes oblongues, pliées en gouttière, imbriquées, terminées brusquement par une pointe épineuse. Fleurs d'un rose lilas ou d'un blanc rosé.
      Fleurit de juillet à  août.
      La Cardère croît spontanément dans les lieux incultes, sur le bord des chemins et des champs, et peut être facilement confondue avec le Chardon (Dipsacus fullonum), dont les caractéres. différent trés peu des siens et qui jouit des mêmes propriétés. Ce dernier est cultivé dans le nord et le midi de la France.
      Quelques auteurs anciens, d'accord avec quelques modernes, prêtent, à  celle p1ante des propriétés sudorifiques, apéritives, diurétiques et antiputrides.
      Matthiole dit que la racine pilée et cuite dans du vin, jusqu'à  consistance de cérat, guérit les crevasses, fentes et fistules du fondement.
      Les vieux auteurs ont parlé assez longuement d'un petit ver qui se trouve dans la tête de la Cardère en sa maturité, et lui ont attribué la propriété de guérir la fiève quarte en le pendant au cou du malade ou en l'appliquant sur son poignet.
      Ils ont trouvé plus d'incrédules que de croyants, et la chose en est restée là tant elle était vieille. Cependant, de nos jours, un médecin à expérimenté les propriétés de ce ver, sinon à propos de la fièvre quarte du moins à l'encontre du mal de dents. Cazin, le médecin dont il vient d'être parlé, s'est donc assuré que ce ver peut, par son application sur les dents, produire une cessation immédiate de la douleur odontalgique. Les doigts mêmes qui auraient broyé ce ver, appliqués sur la dent malade y apportent un calme instantané.
      Si ce que nous venons de dire n'en était pas assez pour rentre la Cardère intéressante, nous pourrions nous étendre sur une note dont l'académie des sciences à été saisie il y a une dizaine d'années. Cette note, présentée par M. Beullard, signalait l'heureux emploi que ce dernier avait fait du Chardon-à-Foulon contre la gangrène qui compliqu1e trop souvent les plaies par armes à feu et autres. Les effets de ce médicaments seraient tels, que le Quinquina, le Camphre et tous les autres antiseptiques seraient distancés de bien loin.
      M. Beullard emploie les feuilles vertes hachées et pilées. Après avoir convenablement préparé la plaie, il la lotionne avec de l'eau chrorurée au dixième, puis, la remplit de feuilles vertes hachées, très fin. Ce pansement est fait matin et soir, et, en moins de quanrante-huit heures, sous l'influence de ce traitement, la plaie gangréneuse est amenée à l'état de plaie simple et pansée comme les plaies de cette nature, sauf à revenir à la cardère si la teinte noire reparaît.
      L'extrait aqueux de cette plante réussit aussi bien que les feuilles vertes .
      La Cardère, à toutes les époques de sa croissance, jouit de toutes ses propriétés. En fleur, elle est très recherchée par les, abeilles. Les têtes fanées de la cardère exhalent une forte odeur de Réséda.
      Enfin, on a cru longtemps, que l'eau que l'on trouve à la jonction des feuilles caulinaires de cette plante avait une vertu cosmétique, d'où son nom labrum Veneris (Cuvette-de-Vénus), on la recueillait alors contre l'inflammation des yeux et les taches de rousseur; c'est un remède très innocent, et il n'y a plus guère aujourd'hui que les petits oiseaux qui s'en servent encore, comme avant, en y faisant parfois leur toitelte du matin.
    • Extrait de : Société des amateurs naturalistes... - Tome VIII - 1896
    • Sa racine est considérée comme diurétique. Ses longues et larges feuilles, soudées par paires à la base, forment un petit réservoir qui est toujours rempli d'une eau limpide et qui passait jadis pour un excellent cosmétique.
      Les fabricants d'huile se servent des têtes de cardère pour boucher leurs cruches, de façon à permettre la circulation de l'air sans laisser pénétrer les insectes.
      On cultive en grand, dans les pays manufacturiers, une variété de cette espèce dont certains auteurs font une espèce distincte, sous le nom de Dipsacus fullonum (Cardère à foulons), appelée vulgairement Carde à foulon, Chardon bonnetier, Chardon à foulon; on se sert dans les fabriques de draps de ses capitules pour peigner les étoffes et en tirer les poils au moyen des pointes recourbées dont ils sont hérissés et qui sont très tenaces.