LES PLANTES SAUVAGES

Bruyère cendrée
Lieu et date de prise de vue : DIGNAC - Charente
NOM LATIN : Erica cinerea
FAMILLE : Ericaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 475. - ERICA L. - Bruyère.

(Du grec ereikein, briser : allusion aux rameaux fragiles.)

Calice à 4 lobes verts ou colorés; corolle marcescente, en grelot ou en cloche, à 4 lobes ou dents, bien plus longue que le calice ; 8 étamines, à anthères souvent munies à la base de 2 cornes; 1 style filiforme, à stigmate en tète ou en bouclier; capsule à 4 loges polyspermes, à 4 valves portant la cloison au milieu ou s'ouvrant en face la cloison.
Fleurs purpurines, blanches ou verdâtres, en têtes, grappes ou panicules terminales; feuilles persistantes, petites, aciculaires, enroulées par les bords, très nombreuses, verticillées par 3-5, sessiles ou subsessiles, caduques après la dessiccation; arbrisseaux ou sous-arbrisseaux à tiges et rameaux fragiles.

Environ 400 espèces habitant l'Europe, la région méditerranéenne, l'Afrique australe.

Plusieurs sont cultivées comme ornement, et la plupart servent comme combustible ou comme litière.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2391. - E. cinerea L.

Sous-arbrisseau de 20 à 60 cm., à tiges tortueuses, à rameaux dressés, cendrés-pubérulents ; feuilles verticillées par 3, munies à leur aisselle de fascicules de feuilles, longues de 4-6 mm., linéaires-étroites, marquées d'un sillon en dessous, glabres ; fleurs rouges-violacées,' comme verticillées,
formant des grappes composées, allongées, obtuses ; pédoncules égalant à peine les fleurs ; calice
à lobes lancéolés, glabres, égalant le tiers de la corolle; celle-ci en grelot ovale (5-6 mm.), à dents courtes et réfléchies; anthères incluses, munies de 2 cornes; style peu saillant; capsule glabre.

Landes et bois siliceux de presque toute la France ; rare dans l'Est.
Toute l'Europe occidentale et çà et là dans l'Europe centrale.

= Juin à octobre.
  • TRAITE DES PLANTES FOURRAGERES - H. LECOQ - 1844

  • Genre Bruyère, Erica, L.

    Calice a quatre folioles , persistant ; corolle marcescente, à quatre divisions ; huit étamines ; un style ; un stigmate ; anthères bifides ; capsules à quatre loges et à quatre valves. BRUTÈRE COMMUNE,
    Erica vulgaris, L. (Bucane, Pétrole, grosse Bruyère.
    Sous-arbrisseau à tige tortueuse, rameuse, à rameaux dressés; feuilles glabres à trois faces, petites, et imbriquées sur quatre rangs, dressées et serrées ; fleurs petites, purpurines ou blanches , en épi terminal.
    Vivace.

    0bs. La Bruyère commune couvre de vastes plaines en Europe, depuis le centre de la France jusqu'en Laponie. Elle monte à plus de 1200 mètres d'élévation, et produit par sa décomposition une terre brune, trop chargée d'humus, que l'on désigne sous le nom de terre de bruyère. Un terrain dégarni de Bruyères, en offre de nouvelles trois à quatre ans après, soit qu'en l'arrachant on y ait laissé quelques rejetons, soit que les graines qui se répandent annuellement en aient suffisamment garni le sol. Cette plante est très-importante comme fourrage, non par sa qualité, mais par sa quantité. Tous les bestiaux mangent ses jeunes pousses, et comme elle est espèce dominante sur le quart au moins des pelouses dont la France est encore parsemée, il en résulte qu'elle produit beaucoup de nourriture, quelquefois la seule dans les années de sécheresse, où presque toutes les autres plantes sont détruites. Elle végète long-temps et tard. Elle fleurit en automne, et sert pendant deux mois de pâturage aux abeilles, qui en retirent un miel coloré et de qualité inférieure. Dans les pauvres cantons de l'Ecosse, et quelquefois pendant les longs hivers des montagnes d'Auvergne, on donne aux bestiaux de la Bruyère sèche, qu'ils mangent parce qu'ils n'ont pas autre chose.
    En Ecosse, on la brûle avec une certaine précaution, pour augmenter le nombre de ses rejets, que les bestiaux mangent assez volontiers, et l'on répète cette opération à plusieurs reprises, pour avoir successivement de jeunes pousses à faire pâturer.

    Plusieurs autres espèces de Bruyère la remplacent, dans l'ouest de la France principalement, ou s'y associent presque partout. Ce sont les E., cinerea, L. ; tetralix , L. ; ciliaris, L. ; scoparia, L. ; vagans, L.; et mulliflora, Thuil.
    Elles sont loin cependant d'être aussi communes que l'E. vulgaris, mais elles sont aussi broutées par les bestiaux ; il en est même une espèce, l'E. scoparia, que les chevaux, les mulets et les boeufs recherchent beaucoup, surtout quand elle jeune.

  • FLORE

  • BRUYÈRE. A force d’observations et de recherches, on est à peine parvenu à découvrir une douzaine d’espèces de BRUYÈRE ( erica, Linn. ) indigènes de l’Europe : arbustes élégants, la plupart habitant les lieux incultes et arides des forets, destinés à couvrir, par leur verdure persistante, la nudité des collines; à fertiliser, par leurs débris, un sol ingrat, peu favorable pour la végétation des autres plantes; et à préparer cette terre aujourd’hui si fréquemment employée, sous le nom de terre de bruyère pour la culture des végétaux étrangers. Qui aurait pu croire, lorsque notre admiration était bornée à ces jolies espèces européennes, qu’un seul coin du globe en nourrissait à lui seul plusieurs centaines ignorées pendant très-long-temps. Herman, Bergius, Thonberg, Wendland, Andrev, Salisbury, etc., nous ont transportés au cap de Bonne-Espérance, dans ce riche jardin de la nature, qui paraît être en particulier celui des bruyères. Si ces nouvelles espèces, par leur variété, par la grandeur et les riches couleurs de leur corolle, font perdre aux nôtres une partie de leur éclat, nous avons du moins l’espoir de les voir s’acclimater dans nos jardins: nous en possédons déjà un très-grand nombre. Le nom de la bruyère (erica) est connu depuis long-temps : c’est l'Ereika de Théophraste, de Dioscoride, que Pline a rendu par celui d'erica. Ce mot grec, qui signifie briser a été employé pour une plante à laquelle les anciens attribuaient la propriété de briser ou de dissoudre les calculs de la vessie. En français, le mot bruyère est dérivé, d’après M. de Théis, du celtique (arbrisseau ) : on l’appelait aussi frych dans la même langue, et c’est de là que nous disons terre en friche y pour terre inculte. Les anciens, et ceux qui leur ont succédé, ont employé le nom àierica pour plusieurs plantes qui n’appartiennent pas à notre bruyère; ainsi l'erica prima de L’Écluse est l'empetrum nigrum de Linnée; l'erica baccifera de Matthiole, l'empetrum album Linn; d’autres ont donné le nom d’érica à quelques espèces de vaccinium, au cistus coridifolius etc. On a retranché des bruyères précisément l’espèce la plus commune, la plus généralement connue, celle qui a donné son nom à ce genre, la BRUYÈRE COMMUNE (Erica vulgaris Linn.). Sur les coteaux arides et sablonneux, ainsi que dans les bois, croît la bruyère cendrée {erica cinerea, Linn.), que le nombre et l'éclat de ses fleurs rendent une des plus belles espèces de l’Europe. Quoique très-commune, elle l’est moins que la précédente, et ne sort guère des contrées tempérées. Ses tiges sont grêles, un peu pubescentes, couvertes d’une écorce cendrée; les feuilles vertes, subulées, fasciculées ou ternées. Les fleurs sont assez grandes, d’un pourpre foncé ou tirant sur le bleu, réunies en grappes terminales et touffues.