LES PLANTES SAUVAGES

Grande Bardane - Bardane officinale - Glouteron
NOM LATIN : Arctium lappa
FAMILLE : Asteraceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 420. - LAPPA Tourn. — Bardane.

(Du grec lambanein, prendre; les folioles de l'involucre sont accrochantes.)

Involucre globuleux fortement ombiliqué, à folioles extérieures étalées, linéaires-subulées retournées en crochet au sommet ; réceptacle hérissé d'écaillés ; achaines oblongs, comprimés, pourvus de côtes, surmontés d'une aigrette courte à soies scabres,
libres jusqu'à la base, promptement caduques isolément et disposées sur plusieurs rangs; ombilic basilaire.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
2114. - L. officinalis AH. (L. MAJOR DC).
- Plante bisannuelle. Port de l'espèce précédente : mais capitules longuement ou assez longuement pédoncules en large corymbe lâche; involucre ouvert au sommet, large de 3-4 cm., glabre, à folioles inférieures plus longues que les fleurs, les moyennes et les intérieures concolores très rarement purpurines sur toute leur longueur (Var. PURPURASCENS Le Grand) ; achaines longs de 6 à 7 mm. ; fleurs purpurines.

Bords des chemins, lieux incultes dans toute la France; Corse.
— Europe et Asie.

= Juillet-août.
  • FLORE MEDICALE - Tome 1 - MM. CHAUMETON, POIRET, CHAMBERET - 1833

  • BARDANE.

    Italien...... BARDANA ; ARSIO; LAPPA MAGGIORE; LAPPOLA MAGGIORE.
    Espagnol..... BARDANA ; LAPA , LAMPAZO.
    Français..... BARDANE ; GLOUTERON.
    Anglais...... BUR; BURDOCK; BURREDOCK; CLOT-BURR.
    Allemand..... KLETTE; KLETTEN; KLETTENKRAUT.
    Hollandais... KLIS; KLISSE ; KLISSEKRUID; KLIT ; DOKKEBLADEN.
    Polonais..... LOPIAN.

    CETTE plante, commune dans presque tous les climats, croît le long des chemins, sur les terrains incultes ,au voisinage des masures. La racine, bisannuelle, est grosse, longue, cylindrique, fusiforme, brune en dehors, blanche en dedans, garnie çà et là de filamens et de ramuscules, surtout vers le bas.
    - La tige herbacée, annuelle, striée, rameuse, parvient à la hauteur de deux ou trois pieds.
    - Les feuilles inférieures sont très-amples, cordiformes, pétiolées, dentées ou plutôt crénelées en leurs bords , vertes en dessus, légère- ment cotonneuses en dessous. Les supérieures deviennent successivement moins grandes, et simplement ovales ; les unes et les autres sont alternes.
    - Les fleurs, portées sur de courts pédoncules, sont purpurines, et plus nombreuses vers le sommet de la tige. Elles présentent : un calice globuleux, verdâtre, composé d'écaillés imbriquées, lancéolées, dont chacune se termine par une pointe acérée, recourbée en hameçon; des fleurons nombreux, tous hermaphrodites, monopétales, tubulés, quinquéfides, réguliers, environnés par le calice commun, et posés sur un réceptacle également commun et chargé de pailles sétacées.
    - Le fruit consiste en plusieurs graines solitaires, brunes, oblongues, anguleuses, couronnées d'une aigrette simple et courte.
    Les qualités physiques de la bardane ne semblent guère propres à justifier les vertus médicamenteuses qu'on s'est plu à lui accorder. Je ne conçois pas surtout ce qui a pu mériter à la racine la place éminente qu'elle occupe dans diverses pharmacologies. Van Swieten lui assigne la prééminence sur la squine; Cartheuser et Withering la croient supérieure à la salsepareille; le docteur Bodard là substitue au gaïac; Samuel Formy prétend qu'elle contribua puissamment à guérir de la vérole le roi très-chrétien Henri III ; elle est proclamée le spécifique de la goutte par Jean Hill, qui succomba pourtant à cette maladie ; d'autres la regardent comme emménagogue et aristolochique; les habitâns de certaines contrées là nomment herbe aux teigneux, et sont persuadés que ce titre est point usurpé; elle est inscrite dans la plupart des dispensaires au premier rang des boissons antipsoriques, à la dose d'une à deux onces sur une pinte d'eau.
    Me sera-t-il permis de réduire à leur juste valeur ces éloges fastueux? Toutes les fois que je goûte là racine de bardane, je suis étonné de ne pas là rencontrer plus souvent dans les cuisinés que dans les pharmacies. Elle peut s'apprêter de même que celle de scorsonère, tandis que les jeunes pousses, cueillies au printemps, se mangent comme les artichauts, les cardons et les asperges.
    L'amertume des feuilles de la bardane n'est pas assez prononcée pour éloigner tous les bestiaux; car les vaches et les chèvres la broutent quelquefois, ainsi que les brebis de la Craux-d'Arles, suivant Peyrilhe. Toutefois, cette plante n'est pas un bon fourrage. Virgile recommandait d'en purger les prairies, et les agronomes de nos jours donnent le même conseil.
    Depuis une longue suite de siècles on applique les feuilles de glouteron sur les tumeurs, sur les ulcères de mauvaise nature. Chomel et Schonheyder rapportent des observations qui tendent à confirmer les propriétés mondificatives, fondantes et anodines de ces feuilles. M. Percy vante surtout une espèce de nutritum préparé avec un demi-verre de suc de feuilles de bardane non clarifié, et autant d'huile, qu'on triture et qu'on agite à froid, avec plusieurs balles de plomb, dans un vase d'étain : il en résulte une pommade verte, contenant un peu d'oxide de plomb, qui ajoute encore aux propriétés du suc. La plupart de ces ulcères atoniques variqueux, si opiniâtres aux jambes, guérissent très-facilement en les recouvrant d'un plumaceau trempé dans cet onguent, et par dessus d'une feuille de bardane ; il est rare de les voir résister à ce puissant topique : il en ra- mollit les bords calleux, y attire une suppuration de bonne qualité; enfin, cette pommade a été souvent appliquée avec succès sur des tumeurs scrofuleuses ouvertes, et même sur des cancers, dont elle a ralenti la marche et calmé les douleurs.
    On ne fait plus aucun usage des graines de bardane, qui, sous une écorce très-amère, renferment une chair farineuse et huileuse; elles étaient regardées comme diurétiques par Pauli, et comme purgatives par Linné. Je ne dois pas oublier de dire que l'économie domestique a tiré parti de la bardane. Dambourney avait proposé de la cultiver, pour en extraire la potasse, que toutes les parties de la plante fournissent en grande quantité par l'incinération. La racine donne de l'amidon, et peut, comme la saponaire, servir à nettoyer le linge. Schoeffer a fabriqué avec l'écorce de la tige un papier blanc verdâtre.
  • Histoire des plantes de l'Europe - Tome 5 - J. L. M. POIRET - 1827

  • La BARDANE OU le GLOUTERON (arctium lappa, Linn.) nous avertit de sa présence, lorsqu'elle est en fleurs, en s'accrochant à nos vêtements par les épines des écailles du calice courbées en crochet à leur sommet: elle est d'ailleurs très-commune partout, le long des chemins, dans les terrains incultes. C'est une plante rustique, dont les feuilles sont très-amples, en cœur, pétiolées, blanches et un peu cotonneuses en dessous. Les fleurs sont purpurines, solitaires à l'extrémité des rameaux, offrant, comme genre, un calice globuleux, composé d'écailles terminées par une épine crochue. Le réceptacle est garni de paillettes; les semences couronnées d'une aigrette sessile, à poils simples et roides.
    Les différents noms qu'on a donnés à cette plante sont trop bizarres pour y appliquer un sens raisonnable. Le nom d'arctium, du grec "arctos" (ourse), est, dit-on, relatif aux épines de son calice comparées aux poils de l'ours.
    On attribue le nom de lappa au celtique "lapp" (main), qui accroche comme avec la main, ou au grec "labein" (saisir). On prétend que le mot bardane vient de l'italien "barda" (couverture de cheval), à cause de l'ampleur de ses feuilles: enfin elle a reçu le nom de personata (masque), parce que ces mêmes feuilles peuvent couvrir toute la figure, et qu'on s'en servait autrefois pour se masquer. Voilà des applications bien bizarres, ou des étymologies bien forcées.
    On a encore attribué à la bardane un grand nombre de vertus beaucoup trop exagérées pour une plante dont l'amertume est faible: elle mérite bien mieux de fixer l'attention par ses propriétés alimentaires. Sa racine égalerait presque en bonté celle de la scorsonère, si elle était cultivée. Ses jeunes pousses cueillies au printemps ont la saveur des artichauts; ses tiges pourraient être employées comme les cardes, par les soins de la culture. Elle fournit, par l'incinération,une grande quantité de potasse. Sa racine donne de l'amidon, et peut, comme la saponaire, servir à blanchir le linge. Scheffer a fabriqué avec l'écorce de sa tige un papier blanc-verdâtre.
    Les vaches, les chèvres, les brebis, broutent cette plante. Virgile conseillait d'en purger les prairies, ce que l'on fait encore aujourd'hui.