LES PLANTES SAUVAGES

Ail triquètre - Ail à trois angles
Lieu et date de prise de vue : Pyrénées atlantique - Mai 2024
NOM LATIN : Allium triquetrum
FAMILLE : Liliaceae
Description du Genre - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
Genre 699. - ALLIUM L . - Ail.

(Du celtique all, chaud, acre, brûlant : propriétés de l'ail.)

Périanthe marcescent, à 6 divisions libres ou soudées à la base, conniventes en cloche ou étalées en étoile, uninervées ; étamines insérées à la base des pétales, à filets plus ou moins élargis et souvent soudés entre eux à la base, simples ou à 3 pointes, celle du milieu portant l'anthère ; anthères mobiles, fixées au filet par leur dos ; style filiforme, court, à stigmate simple ou en tète subtrigone, rarement trifide; capsule trigone, à loges contenant chacune 1 - 2 (rarement 3 - 6) graines noires arrondies ou anguleuses.
Fleurs purpurines, violettes, blanches ou jaunes, pédicellées, en tête ou ombelle simple, terminale, enveloppée avant la floraison par une spathe membraneuse à 1 ou 2 valves; feuilles toutes radicales, mais plus ou moins longuement engainantes et paraissant alternes; plantes à bulbe tunique, exhalant la plupart une forte odeur alliacée.
Environ 280 espèces habitant surtout les régions extratropicales de l'hémisphère boréal. Toutes sont irritantes, quelques-unes même vesicantes. Communes dans les cultures au printemps, elles communiquent au lait des animaux qui en mangent leur odeur désagréable. On cultive communément, pour l'art culinaire, l'Ail, le Poireau, l'Ognon, la Ciboule, l'Échalotte, la Civette et la Rocambole. Quelques autres font l'ornement des parterres.
Description de l'espèce - FLORE de l'abbé Hippolyte Coste
3460. - A. triquetrum L .

Plante vivace de 20 à 80 cm., glabre, à forte odeur d'ail, à bulbe petit ovoïde blanchâtre ; tige un peu épaisse, triquètre à 3 angles aigus, munie au-dessus de la base de 2-3 feuilles larges de 5-10 mm., planes, glabres, égalant à peu près la tige ; spathe à 2 valves lancéolées-acuminées, plus courtes que les pédicelles ; fleurs blanches, grandes, penchées, unilatérales, en ombelle lâche ;
pédicelles inégaux, épaissis au sommet, 1-2 fois plus longs que la fleur ; périanthe cylindracé, à divisions oblongues-lancéolées aiguës, à la fin conniventes ; étamines incluses ; stigmate trifide.

Lieux frais et ombragés de la région méditerranéenne: Pyrénées-Orientales, Var, Alpes-Maritimes; Corse.
Italie, Baléares, Espagne et Portugal ; Afrique septentrionale.

= Mars à mai.
  • Traité des Plantes fourragères, ou Flore des prairies ... - H. LECOQ - 1844

  • AIL. (Allium, Linii.) Quand l’odeur pénétrante des aulx (allium, Linn.) irrite, par un picotement douloureux, les organes de la respiration, quand elle fait couler des larmes, pourrait-on croire que ce genre appartient à la belle famille des liliacées, qu’il se trouve en société avec les lis et les muguets ? mais si les aulx n’en ont pas le doux parfum, la plupart nous en dédommagent par des propriétés alimentaires qui leur ont attiré les soins de la culture dans nos jardins potagers. Il est à remarquer, d’ailleurs, que cette odeur, toute vive, toute pénétrante quelle est, n’a rien qui nous répugne, comme celle des plantes vireuses ou nauséabondes : elle s’annonce au contraire comme propre à ranimer l’appétit, à donner plus d’activité à un estomac engourdi, plus de goût à la fadeur de certains aliments ; ainsi, bien loin de fuir ces plantes à cause de leur odeur, nous les avons au contraire recherchées avec empressement, et leur usage est si ancien qu’il se perd dans les siècles les plus reculés. Cependant, parmi les espèces de ce genre, il en est quelques-unes dont les fleurs flattent la vue par la grandeur remarquable de leur corolle, par l’odeur suave qu’elles exhalent, et par une certaine élégance dans leur port qui rappelle la belle famille à laquelle elles appartiennent.
    Quant à leur caractère d’organisation, leurs fleurs à six divisions profondes les rapprochent des scilles; mais leur disposition en ombelle, la spathe à deux valves qui les accompagne, les filaments des étamines simples, ou dont trois alternes sont à trois pointes, avec l’anthère placée sur la pointe du milieu, en forment un genre bien distinct et très-naturel. Ces plantes ont de plus un port qui leur est particulier. Toutes sont pourvues d’une bulbe tuniquée, tantôt alongée, plus souvent sphérique ou ovale. Leurs feuilles naissent presque toutes de la racine : elles sont planes, cylindriques ou fistuleuses. Leur tige ou hampe est très-simple, toujours terminée par une ombelle plus ou moins garnie.
    Ce genre, jusqu’à Linnée, avait été divisé en quatre autres par les anciens, savoir : les ognons (cepa), les aulx proprement dits (allium), les porreaux (porrurn), les moly; mais les caractères qui les séparent sont si faibles, qu’à peine peuvent-ils servir aujourd’hui pour des subdivisions. Les étamines dont les filaments sont simples, ou alternativement simples et trifides, ont fourni à M. Decandolle de meilleures divisions qu’il a substituées à celle des bulbes que l’on remarque dans certaines fleurs, dont très-souvent, dans ce cas, les fruits avortent, et la plante alors est reproduite par ces mêmes bulbes. D’après l’observation de Draparnaud, presque tous les aulx peuvent devenir bulbifères, surtout dans les années pluvieuses : alors les ombelles, au lieu de capsules, portent des bulbes : ces bulbes sont sessiles au centre des ombelles, ce qui annonce que la nature les forme avec les sucs nourriciers destinés pour le développement des fleurs, des pédoncules et des capsules. Lorsque l'allium magicum devient bulbifère, la tige ne se développe pas, et le faisceau des bulbes est sessile au milieu des feuilles radicales.
    Les aulx sont presque tous des plantes européennes : on en connaît très-peu d’exotiques. La plupart habitent les contrées tempérées; quelques-unes s’avancent jusque dans le Nord, mais le plus grand nombre se dirige vers les climats chauds, dans l’Archipel, sur les côtes de la Barbarie et de l’Asie-Mineure; on les rencontre dans les champs, les vignes et les bois. Le nom d'allium, employé par les Latins, n’a point d’étymologie connue. Selon M. de Theis, ce nom vient du celtique "all", qui signifie chaud, brûlant.
    Quant à l’emploi des espèces potagères, il date, comme je fai dit, de la plus haute antiquité. Les Israélites, sous la conduite de Moïse, regrettaient, dans leur désert, les ognons dont iis se nourrissaient pendant leur esclavage en Égypte. Par la suite ces plantes sont devenues sacrées pour les habitants de ce pays, ce qui a donné lieu à cette plaisanterie de Juvénal :

    Porrum et coepe nefas violare et frangere morsu.
    O sanctas gentes, quibus hoec nascuntur in hortis
    Numina !

    Chacun connaît les imprécations d’Horace contre l’ail.

    Parentis olim si quis impiâ manu
    Senile guttur fregerit,
    Edat cicutis allium nocentius.
    O dura messorum ilia!

    Feuilles planes, filaments alternes, étamines a trois pointes.

    On croirait que le porreau ou poireau ? Paie porreau ( allium porrum, Linn.), constamment sur nos tables, ne doive pas exiger de description; cependant, les cultivateurs exceptés, combien ne connaissent que ses bulbes et ses feuilles! et parmi le petit nombre de ceux qui en ont vu les fleurs, combien peu en ont observé les détails! Ces fleurs sont très-nombreuses, blanches ou rougeâtres, réunies en une grosse tête arrondie; elles renferment six étamines, dont trois alternes ont leurs filaments larges et trifides. Sa bulbe est allongée, cylindrique, composée de tuniques tendres, blanches, un peu charnues, qui, en s’allongeant, forment de longues feuilles planes, vertes, en gouttière.
    Le porreau, quoique cultivé de temps immémorial, n’est connu que dans nos jardins; on ignore son lieu natal, comme celui de la plupart de nos plantes potagères. Haller l'a trouvé en Suisse, dans les vignes, mais il soupçonne, avec beaucoup de probabilité, qu’il y aura été introduit par quelque hasard particulier. Les Grecs lui donnaient le nom de gethyllis, de prason, d'ampeloprason; les Latins, celui de porrum.
    Cette plante, comme on sait, est d’un usage journalier dans les cuisines comme assaisonnement : on ne se sert guère que de la portion blanche et tendre, en partie enfoncée dans la terre. Le porreau cru est très-âcre, irritant, diurétique; on en fait usage à l’extérieur comme résolutif et maturatif. Par le moyen de la cuisson, il perd ces qualités, et se convertit en un aliment assez agréable, lorsqu’il est préparé convenablement. Quoiqu’on paraisse craindre le poireau pris en trop grande quantité, j’ai cependant vu en Picardie, surtout à Saint-Quentin, cette plante employée en ragoût : on en forme même des tartes ou flans assez recherchés par le peuple.
    Une tige nue, à trois angles saillants, a fait donner le nom d’AiL triangulaire (allium triquetrum, Linn.) à une espèce que l’on trouve dans les contrées méridionales de l’Europe, en France, en Espagne, jusque dans la Barbarie, aux lieux incultes, où elle fleurit au commencement du printemps. Ses feuilles, toutes inférieures, sont pliées en carène, très-longues, partant d’une bulbe revêtue de tuniques blanches. Les fleurs sont grandes et blanches, disposées en une ombelle étalée; ses bulbes ressemblent assez à celles du porreau.